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Katia et Marielle Labèque au Grand Théâtre de Provence

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Aix-en-Provence. Grand Théâtre de Provence. 8-X-2024. Maurice Ravel (1875-1937) : Ma Mère l’Oye (1910). Franz Schubert (1797-1828) : Fantaisie en fa mineur op. 103 D.940. Philip Glass (né en 1937) : les enfants terribles (1994), arrangement pour deux pianos de Michael Riesman. Katia & Marielle Labèque, piano.

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Le public aixois était venu nombreux écouter dans un programme consacré au monde des contes et de l'enfance avec des œuvres de Ravel, Schubert et Glass.

Difficile de pénétrer dans l'atmosphère merveilleuse de Ma mère l'Oye avec une salle aussi bruyante qu'en ce début du concert ! Mais la poésie ravélienne ne tarde pas à nous envelopper et à modifier notre rapport au temps. nous proposent une lecture aussi subtile que délicate de cette œuvre fort appréciée du répertoire à quatre mains. La symbiose entre les deux interprètes est à l'image du yin et du yang, de l'air et de la terre, tant leur complémentarité musicale apparaît évidente. Chaque épisode, envisagé avec clarté, dévoile un pianisme sensuel et équilibré qui creuse l'expression.

L'Allegro molto moderato de la Fantaisie en fa mineur de Schubert s'inscrit dans une vision intime avec des nuances parfois confidentielles. Le thème initial nous touche par sa mélancolie pénétrante et son phrasé délié. Le duo respire ensemble et le dialogue s'opère à un niveau subtil où les intentions de l'une sont inspirées par ce que l'autre propose. La narration révèle ainsi des pages d'un clair-obscur lumineux. Il est regrettable que l'acoustique sèche de la salle ne permette pas d'apprécier à sa juste mesure la projection du son et de ses dynamiques notamment au-delà du mezzo forte. Si la profondeur du Largo offre une verticalité empreinte de gravité, les gammes ascendantes du Scherzo apportent une touche presque improvisée qui évoque la mélodie d'une boite à musique. La mise en tension du développement fugué est implacable, parfaitement amenée, avant un point culminant où la musique se prolonge dans le silence.

En deuxième partie, les deux sœurs sont réunies dans l'adaptation pour deux pianos des Enfants Terribles, l'opéra de chambre dansé composé par Philippe Glass. Le compositeur américain nous entraine dans le monde de l'enfance, une enfance fantasmée qui penche vers le surréalisme. Le théâtre imaginaire des deux enfants en train de devenir adultes occupe tout l'espace. On y retrouve les manipulations puis, le dénouement tragique de la pièce. A entendre la fluidité expressive mais aussi la conduite dramaturgique de chaque morceau, on mesure à quel point sont ici dans leur élément. Dans ce monde onirique où la notion de temps est en permanence redéfinie (Ouverture, the Somnambulist ou encore They Lived their Dream), les motifs harmoniques possèdent un caractère envoûtant. Ils sont lentement déroulés, étirés et même martelés en un mouvement perpétuel de flux et de reflux. Là où le merveilleux côtoie l'effroi et le mystère, inquiétant et tragique, la caméra avance au rythme de la musique souvent irréelle.
Une monotonie pourrait s'installer mais c'est compter sans l'alchimie des deux musiciennes qui exploitent un kaléidoscope de couleurs parfois hypnotiques. Dans Are you in Love, Agathe ? les basses ténébreuses grondent et contrastent avec les fulgurances incandescentes jouées dans la partie haute du clavier.

Trois bis prolongent cet état d'apesanteur dont le 4ème mouvement et La chambre d'Orphée, toujours de . Puis, un extrait déjanté d'une version revisitée du West Side Story de Leonard Bernstein.

Crédit photographique : © Umbetto Nicoletti

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Aix-en-Provence. Grand Théâtre de Provence. 8-X-2024. Maurice Ravel (1875-1937) : Ma Mère l’Oye (1910). Franz Schubert (1797-1828) : Fantaisie en fa mineur op. 103 D.940. Philip Glass (né en 1937) : les enfants terribles (1994), arrangement pour deux pianos de Michael Riesman. Katia & Marielle Labèque, piano.

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