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Le concerto pour piano de Busoni à nouveau à l’honneur à Paris pour le centenaire

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Paris. Maison de la Radio. Auditorium. 10-X-2024. Ferruccio Busoni (1866-1924) : Concerto pour piano, orchestre et chœur d’hommes en ut majeur, opus 39. Kiril Gerstein, piano. Chœur de Radio France, cheffe de chœur : Aurore Tillac. Orchestre national de France, direction : Sakari Oramo

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Un doublé parisien pour le très rare Concerto pour piano, orchestre et chœur d'hommes de Ferrucio Busoni, donné par et l', moins de dix mois après avoir été entendu aux Invalides. De quoi l'inscrire plus durablement au répertoire des orchestres ? 

Le centenaire de la disparition de Ferrucio Busoni en 1924 aura été l'occasion de remettre en lumière ce compositeur-pianiste-professeur déroutant, ResMusica a consacré une série Ferruccio Busoni, une biographie pour un centenaire, et Paris aura donné deux fois son très rare concerto, ce soir avec et l' dirigé par , l'un et l'autre pas intimidés par cette partition monumentale et profuse, et en janvier dernier par David Lively et l'orchestre de la Garde Républicaine aux Invalides.

Nous renvoyons nos lecteurs à l'analyse de l'œuvre à celle très claire que notre confrère Jean-Claude Hulot avait rédigé dans sa chronique de ce concert de début d'année, pour nous concentrer sur le concert de ce soir. A la création de l'œuvre à Berlin en 1905, la critique fut mitigée, reprochant à l'œuvre sa longueur (70 minutes) et qu'elle était plutôt une symphonie avec piano obligé. Si 120 ans plus tard on peut comprendre cette perception, la difficulté n'est pas tant que le piano se fonde dans l'orchestre et joue avec lui, car c'était bien l'intention déclarée du compositeur d'écrire un concerto avec « piano principal », mais dans le fait que la partie du piano est ébouriffante de difficulté et de virtuosité, pour un impact émotionnel modéré. Le Harold en Italie de Berlioz, avec le même parti-pris d'un instrument soliste qui n'est pas concertant, avait trouvé un équilibre bien plus satisfaisant, avec l'alto aussi présent et original que l'orchestre, tour à tour et ensemble.

Sur le reproche de longueur, on a peut-être affaire au plus long concerto du répertoire, toutefois le piano laisse une large place dans le dernier mouvement au chœur masculin. Les symphonies de Mahler ou de Chostakovitch atteignent cette durée dépassant l'heure, tandis qu'en termes de durée de jeu du soliste, le Concerto pour violon n°2 d'Allan Pettersson, authentique concerto pour le coup, est d'une durée comparable (et d'une exigence technique comparable), pour un effet dramatique plus saisissant. Osera-t-on dire que le problème n'est pas tant la longueur de l'ensemble que dans les longueurs des sections, qui n'ont pas le caractère sublime de celles de Schubert, et que le caractère disparate des thèmes a l'avantage de stimuler l'oreille et l'inconvénient de distraire l'attention ?

Ferrucio Busoni avait une double culture italienne et germanique, et son Concerto démesuré en est le vivant exemple, avec l'influence allemande des trois mouvements impairs et le caractère italien des deux mouvements pairs. doone une joie de foire toute fellinienne au deuxième mouvement Pezzo giacoso et dans le quatrième mouvement All' Italiana, on entend comme une anticipation de Chostakovitch. Busoni n'aurait pas renié le compliment que son concerto portait en germe des musiques populaires qui viendraient trente ou cinquante ans plus tard. est aussi héroïque qu'il faut l'être, alternant déluges de notes assénées à toute force (sans que cela heurte l'oreille d'ailleurs) et passages rêveurs, presque jazzy (dans le deuxième mouvement), ou toucher léger, aérien, dans la partie initiale du mouvement lent central. L'art, là aussi, d'associer les contraires ! Si le chœur masculin de Radio France n'a pas pu jouer en coulisses comme le souhaitait le compositeur, son entrée n'en est pas moins bienvenue, pour conclure l'œuvre sur une note métaphysique.

Centenaire Busoni oblige, une programmation courageuse et opportune d'une œuvre qui fait son miel des géants du passé, Berlioz et Liszt, de ses contemporains avec Mahler et Richard Strauss, et qui porte en germe Chostakovitch et Felllini. Si le terme n'était pas réapproprié par les interprétations historiquement informées, on dirait que c'est… baroque !

Crédit photographique : © Marco Borggreve

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Paris. Maison de la Radio. Auditorium. 10-X-2024. Ferruccio Busoni (1866-1924) : Concerto pour piano, orchestre et chœur d’hommes en ut majeur, opus 39. Kiril Gerstein, piano. Chœur de Radio France, cheffe de chœur : Aurore Tillac. Orchestre national de France, direction : Sakari Oramo

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