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Le Messager de nuit d’Alsuyet en création au Festival de Laon

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Laon. Cathédral. 5-X-2024. Paul Dukas (1865-1935) : Polyeucte : Ouverture pour la tragédie de Pierre Corneille ; Claudio Alsuyet (né en 1957) : Le Messager de nuit, concerto pour violoncelle d’après Vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry (CM) ; Gabriel Fauré (1845-1924) : Pelléas et Mélisande, op. 80, pour orchestre ; Jules Massenet (1842-1912) : Le Cid, ballet, pour orchestre ; Georges Bizet (1838-1875) : Carmen, Suite n°1, pour orchestre. Judith Henry, récitante ; Sébastien Hurtaud, violoncelle ; Orchestre Lamoureux, direction : Adrien Perruchon

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Si le centenaire de est au cœur de la programmation du Festival de Laon, cette 36ᵉ édition s'inscrit également dans l'actualité du XIXᵉ Sommet de la Francophonie avec la création mondiale du Messager de nuit de l'Argentin qui fait l'événement de la manifestation.

Dans l'imposante cathédrale de Laon, chef d'œuvre du XIIIᵉ siècle dont les cinq tours ajourées dominent la ville, le festival, emmené par son directeur Jean-Michel Verneiges, a convié l' et son chef (depuis 2021) . Ils jouent en préambule Polyeucte, ouverture pour la tragédie de Pierre Corneille, une œuvre créée aux concerts Lamoureux en 1892 (et au répertoire de l'orchestre depuis cette date !) avec laquelle le jeune Dukas fait ses débuts en public. La partition est superbe, où passe le souffle wagnérien, dans une tension dramatique soutenue et une orchestration flamboyante restituée avec beaucoup de soin et de précision par le chef et ses musiciens.

Deux solistes sont sur le devant de la scène, la récitante et le violoncelliste , pour la création très attendue de , absent malheureusement. S'il est peu connu en France, le compositeur jouit d'une belle renommée dans son pays. En lien avec la musique populaire argentine et actif dans le domaine des musiques mixtes (avec électronique), il a été, durant l'année 2000, en résidence à l'Instituto Superior de Arte del Teatro Colón qu'il a dirigé de 2015 à 2017. D'envergure (40 minutes), Le Messager de nuit, d'après Vol de nuit d'Antoine de Saint-Exupéry, oscille entre concerto (la partie de violoncelle est d'une grande exigence !) et monodrame, inscrivant son récit pratiquement en continu sur la partie orchestrale. La voix, placée dans le médium grave, séduit, fluide comme le discours musical, avec une distance qui évite tout pathos ; mais le texte est très voire trop touffu, qui fait souvent écran à une écriture suggestive, d'une belle dramaturgie, dont les alliages instrumentaux et les images projetées (« timbre, espace, mouvement », pourrait-on dire pour paraphraser Dutilleux dont s'entend l'influence) ne réclament pas d'autres commentaires. Le violoncelle est très souvent « en dehors », auquel Alsuyet ménage d'ardents soli ; le lyrisme généreux et les couleurs que tire de son instrument impressionnent et émeuvent tout à la fois. C'est lui qui referme la partition, dont la dernière note est judicieusement relayée par une résonance venue d'ailleurs (le son droit d'une clarinette sans doute), fruit d'une pensée électronique qui habite le compositeur.

Les trois autres œuvres, qui complètent cette belle soirée dans l'acoustique flatteuse de la cathédrale, se situent du côté de Fauré et de l'opéra (sans voix cependant). Après les remous wagnériens, quoi de plus raffiné et bien sonnant que le Pelléas et Mélisande op. 80 de Fauré pour fêter le compositeur et l' « Ars gallica » pour la défense de la musique française : pièce de répertoire toujours pour nos musiciens, l'œuvre est créée en 1901 par l' dirigé par Camille Chevillard, soit un an avant la création de l'opéra de Debussy ! Pour l'heure, elle est interprétée avec beaucoup de finesse et de fluidité, mettant en valeur le pupitre des bois (le hautbois rayonnant dans la Chanson de Mélisande) et la caresse des cordes dans la célèbre Sicilienne qui n'a rien perdu de son charme. Merveilleusement conduit par qui nous faire basculer dans le tragique et ses couleurs glaçantes, La mort de Mélisande nous saisit.

Il était de tradition, dans l'opéra français, de débuter le troisième acte par un ballet. Ce à quoi s'exécute bien volontiers qui, dans le grand divertissement extrait de son opéra Le Cid, cède à la tentation des « espagnolades », avec tambour de basque en sus. Quatre danses régionales (Castillane, Aragonaise, Madrilène et Navarraise) s'enchaînent, très enlevées sous la baguette du chef (la Madrilène est quasi virtuose) et le geste réactif de ses musiciens.

L'affiche du concert est copieuse, qui indique, pour finir, la Suite n°1 de Carmen, six miniatures orchestrales très ciselées issues de l'opéra, qui ne manquent pas de célébrer l'admirable mélodiste et orchestrateur que fut Bizet. On savoure ces quelques pages avec délice, la flûte dans l'Intermezzo délicat, les nervures rythmiques de la Séguidille et la chaleur du basson flirtant avec la clarinette dans Les Dragons d'Alcata. Les torréadors sont immanquablement bissés, avec lesquels l'orchestre clôture une soirée aussi riche que rondement menée.

Crédit photographique: © ResMusica

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Laon. Cathédral. 5-X-2024. Paul Dukas (1865-1935) : Polyeucte : Ouverture pour la tragédie de Pierre Corneille ; Claudio Alsuyet (né en 1957) : Le Messager de nuit, concerto pour violoncelle d’après Vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry (CM) ; Gabriel Fauré (1845-1924) : Pelléas et Mélisande, op. 80, pour orchestre ; Jules Massenet (1842-1912) : Le Cid, ballet, pour orchestre ; Georges Bizet (1838-1875) : Carmen, Suite n°1, pour orchestre. Judith Henry, récitante ; Sébastien Hurtaud, violoncelle ; Orchestre Lamoureux, direction : Adrien Perruchon

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