La viole de gambe radieuse de Flore Seube au Festival Mars en Baroque

La petite église de Meyrargues dans la proche banlieue d'Aix-en-Provence recevait la violiste Flore Seube dans le cadre du Festival marseillais Mars en Baroque. Un moment privilégié de partage musical autour d'un instrument intime et au travers d'un programme choisi parmi les grands maitres européens .

La direction artistique du festival, placé cet année en septembre et octobre, est assurée par Jean-Marc Aymes et Romain Bockler. Organisé par l'ensemble Concerto Soave, associé à la manifestation, c'est un festival autour des esthétiques baroques, curieux, gourmand d'expériences et de rencontres.

En préambule à ce concert, un public très attentif écoute la présentation soignée de Flore Seube à propos de son instrument et du programme du jour. La musicienne a étudié la viole de gambe auprès de Marianne Müller et de Paolo Pandolfo. Elle se produit comme continuiste et en trio dans diverses productions et ensembles. Titulaire du CA de Musique Ancienne, elle enseigne actuellement la viole de gambe au Conservatoire à Rayonnement Régional de Bayonne.

Le concert débute par trois pièces de Tobias Hume, célèbre gambiste anglais. Dans la préface de son premier livre, il écrit : « Et de ce jour, la noble viole de Gambe pourra avec aisance rendre une harmonie tout aussi variée et artificieuse que celle du luth ». Cette remarque est importante : Flore Seube explique l'aspect polyphonique de la viole inspiré des instruments à cordes pincées. Ensuite le public découvre un compositeur français de la deuxième moitié du XVII^e siècle, le Sieur de Machy. Très peu connu et même des gambistes, cet auteur a été particulièrement étudié par Flore Seube. La musicienne envisage d'ailleurs un enregistrement intégral du compositeur dans les prochains mois. Ses œuvres sont constituées de Suites comportant les danses habituelles (Allemande, courante, sarabande et gigue) complétées par un Prélude non mesuré et une danse supplémentaire, ici la Gavotte. La musique s'abreuve du grand style à la française hérité de Monsieur de Saint-Colombe. Dans son édition, l'auteur présente conjointement des pièces en notation habituelle mais aussi en tablature, à l'instar de celles pour le luth ou le théorbe.

Flore Seube explore encore le répertoire français avec Sainte-Colombe et Marin Marais. Un Prélude et une Chaconne du premier et les fameuses Voix humaines du second sont les témoins de pièces de caractère liées à la danse et à la déploration. Flore Seube termine ce panorama musical avec l'école allemande tardive, pour un instrument qui vit sa fin aux alentours de 1750. Carl Friedrich Abel fut un grand virtuose de la viole de gambe et composa des œuvres significatives du style de la fin du XVIII^e siècle, galantes et très empreintes de sentiments très contrastés. Quelques années auparavant le prolifique Georg Philipp Telemann écrivait lui aussi et encore pour la viole de gambe. Un compositeur à la belle écriture, pour tous les instruments abordés. La Sonate en ré majeur est une belle démonstration de liberté et d'aisance dans le discours.

Lors de ce concert Flore Seube nous révèle ce subtil dialogue des âmes au travers de son instrument aux milles couleurs. Cette copie d'un modèle ancien sonne ici à merveille tant dans les lignes mélodiques que dans l'écriture polyphonique, dans une sensation de totale plénitude. Les basses profondes et les dessus se répandent harmonieusement dans la nef tels des parfums capiteux qui charment le public.

Crédit photographique: © Frédéric Muñoz