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Aziz Shokhakimov et le Philharmonique de Strasbourg : un Prokofiev tout en contrastes

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Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Symphonie n° 1 dite « Classique » en ré majeur op. 25 ; Roméo et Juliette, suites d’orchestre n° 1 et 2. Orchestre Philharmonique de Strasbourg, direction : Aziz Shokhakimov. 1 CD Warner Classics. Enregistré le 13 et 14 octobre 2022 au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg. Notice trilingue : anglais-français-allemand. Durée : 71:31

 
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Après un Tchaïkovski ardent, très remarqué en 2023, ce deuxième opus discographique entièrement dédié à Prokofiev, confirme l'impressionnante maitrise du jeune chef ouzbek, , dans le répertoire russe.

La belle collaboration se poursuit entre et l' dont il est le directeur musical en titre depuis 2020, comme en témoigne ce bel enregistrement qui apparie dans un saisissant contraste la Symphonie n° 1 dite « Classique » (1918) et les Suites d'orchestre n° 1 et 2 de Roméo et Juliette (1935) de . Deux œuvres bien différentes, réunies ici par la qualité de leur interprétation.

On est d'emblée séduit par la fraicheur, l'allant et l'humour (si cher à Haydn) de cette lecture de la Symphonie n° 1 (1918) qui voit se succéder quatre mouvements : un Allegro d'une vitalité exubérante, véritable foisonnement sonore parfaitement mis en place, fait de cordes virevoltantes avec un accompagnement staccato goguenard du basson ; un Larghetto empreint d'un lyrisme gracieux où se distinguent, une fois encore, cordes et basson ; une Gavotte dont on apprécie la précision rythmique irréprochable ; un Final vertigineux évoquant quelque chant populaire russe.

On sait combien est attaché au répertoire russe, comme en attestent nombre de ses interprétations ardentes, contrastées, aux affects marqués chargés de slavitude. Les Suites d'orchestre de Roméo et Juliette n°1 et n° 2, lui fournissent, ici, un idéal « terrain de jeu » alternant lyrisme et violence, emportement et volupté, dans une sorte d'opéra sans paroles où s'associent inventions thématiques, richesse rythmique et orchestration foisonnante. Deux suites où se conjuguent les évocations chorégraphiques de la Suite n° 1 et les portraits psychologiques  de la Suite n° 2.

Aziz Shokhakimov, dans une lecture en tous points irréprochable, y fait montre de ses talents de coloriste déclinant un panel éblouissant de nuances : tour à tour gracieuses, sensuelles, parfois volontairement pompeuses, énigmatiques, tumultueuses ou dramatiques, en même temps qu'il laisse chanter tous les pupitres (et notamment les remarquables vents) du Philharmonique de Strasbourg dans une succession d'esquisses psychologiques bien trempées depuis l'arrogance des Chevaliers, la fraicheur sautillante de Juliette enfant ou la douceur grave pleine de compassion du Père Lorenzo, avant que la bouleversante mort de Juliette ne pousse l'émotion à son comble pour vous tirer les larmes. Magnifique !

Lire aussi notre entretien avec le chef en 2023 :

Aziz Shokhakimov, l'intuition musicale d'un touche-à-tout

 

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Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Symphonie n° 1 dite « Classique » en ré majeur op. 25 ; Roméo et Juliette, suites d’orchestre n° 1 et 2. Orchestre Philharmonique de Strasbourg, direction : Aziz Shokhakimov. 1 CD Warner Classics. Enregistré le 13 et 14 octobre 2022 au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg. Notice trilingue : anglais-français-allemand. Durée : 71:31

 
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