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Klaus Mäkelä, la Neuvième de Mahler comme une obsession…Bis repetita

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 2-X-2024. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie ° 9 en ré majeur. Orchestre de Paris, direction : Klaus Mäkelä.

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Quatre ans après une première lecture peu convaincante, et l' remettent une fois encore la Symphonie n° 9 de sur le métier…obéissant à la devise de Guillaume d'Orange « Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »…

 

On ne reviendra pas sur les caractéristiques et les difficultés d'interprétation de cette ultime symphonie achevée de , créée en 1912 par Bruno Walter un an après la mort du compositeur, symphonie testamentaire et récapitulative qui nécessite pour se laisser appréhender audace, charisme et maturité. De l'audace, n'en manque pas assurément, du talent et du charisme, c'est également un fait acquis, mais sa maturité semble encore insuffisante pour aborder une telle œuvre où le non-dit est aussi important que les notes … Si sa première interprétation avait paru inaboutie en 2020, malgré une belle facture instrumentale, car manquant de ce petit supplément d'âme qui fait le propre des grandes interprétations, cette nouvelle mouture parfaitement léchée au plan instrumental, souffre des mêmes reproches que la précédente. S'inscrivant plutôt dans le lointain sillage plus romantique et extraverti d'un Rattle (Radio bavaroise, 2021) que dans une vision plus intériorisée comme celle de Myung-Whun Chung (Philharmonique de RF, 2022) ou de Claudio Abbado (Lucerne 2010), nous livre ce soir un beau témoignage orchestral, malheureusement dénué d'émotion, d'intériorité et de continuité, dans un discours qui se réduit à une juxtaposition de beaux moments musicaux, d'une bien superficielle beauté.

Pas plus aujourd'hui qu'hier, l'Andante commodo ne parvient-il à dégager une véritable ligne directrice, Mäkelä échouant à rassembler dans un tout cohérent ce qui est épars au sein de ce poudroiement de timbres, de mélodies tronquées, de lyrisme déliquescent et de violence impérieuse où la mort rode, restreignant ce mouvement complexe à un apollinien exercice d'orchestre, énergique certes, mais sans âme, ni tension.

Le Laendler suivant, annoncé par le basson goguenard, des cordes grinçantes aux attaques puissantes, manque, quant à lui, d'un peu de rusticité dans sa première section, pouvant paraitre par instant un rien maniéré par excès de nuances ; la Valse est bien individualisée, bringuebalante, vénéneuse, enivrante et tourbillonnante à souhait, tandis que la reprise finale du Laendler parait curieusement guillerette, aux allures presque foraines, sans une once de nostalgie.

Le Rondo-Burleske séduit par sa dynamique pleine d'allant dans une inexorable progression mettant en branle tous les pupitres (cordes, cuivres, cor).  Baigné d'euphorie, il se développe dans une polyphonie dense, interrompue en son mitan par un épisode plus apaisé (cordes) teinté de dramatisme (dialogue entre flute et harpe) avant de reprendre sa chevauchée infernale dans le bruit et la fureur d'un crescendo assourdissant.

C'est peu dire que l'Adagio final a donné lieu à nombre de discussions quant à son interprétation, oscillant entre chant d'adieu au monde chargé de connotations cosmiques répondant aux « Ewig » du Chant de la terre pour certains (Abbado, Chung…) ou chant d'amour stoïque et éploré adressé à Alma pour d'autres (Rattle…) Klaus Mäkelä choisit à l'évidence la deuxième option se confinant dans une lecture très appliquée, faisant valoir encore une fois les performances solistiques irréprochables de la phalange parisienne (conduite ce soir au violon solo par ). Une option interprétative empreinte d'une affliction joyeuse sous tendue par un espoir qui brave la mort et la douleur de la séparation, ne considérant alors, la Neuvième que comme un pont tendu vers la Dixième

Crédit photographique : © Marco Borggreve

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 2-X-2024. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie ° 9 en ré majeur. Orchestre de Paris, direction : Klaus Mäkelä.

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2 commentaires sur “Klaus Mäkelä, la Neuvième de Mahler comme une obsession…Bis repetita”

  • LEMAIRE dit :

    je trouve cette critique très sévère car la majorité des spectateurs a ressenti une réelle émotion à plusieurs occasions.

  • Michel Bettane dit :

    second concert prodigieux d’engagement et de vitalité malgré un début de premier mouvement un peu imprécis froid. il faut chauffer l’orchestre par une ouverture! mais apres quel orchestre! quelle mise en valeur de l’écriture et de l’orchestration dans une salle où on entend tout dans les justes proprtions de volume et de timbre. aucun autre en Europe semble aussi engagé individuellementou collectivement. Je plains celui qui a écrit ce compte rendu! et j’ai entendu en 1969 ou 1970 klemperer et le philharmonia a Paris. j’avais 16 ans. je ne m’en suis jamais remis et donc en mesure de dire que dans une vision opposée ce qu’on a entenu était vraiment prodigieux!

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