Dominique Meyer quittera la direction de la Scala de Milan fin février, écarté par un décret abrupt du gouvernement italien fixant désormais l'âge de la retraite des directeurs étrangers des théâtres lyriques italiens à 70 ans. Il est né en 1955. S'il dit ressentir une grande tristesse, et à dire vrai une grande douleur de ne pas pouvoir terminer sa saison milanaise, Dominique Meyer affirme pour autant ne pas avoir de rancoeur tant il s'est « régalé » durant sa carrière, dit-il lors d'une présentation de la saison hier à Paris. Un parcours qu'il va d'ailleurs poursuivre avec l'Orchestre de Chambre de Lausanne.
Dominique Meyer sera remplacé par Fortunato Ortombina à partir du 1er mars 2025. Pour l'heure le directeur de la Scala affiche sa satisfaction devant un bénéfice de 9 millions d'euros l'an dernier, une hause de la billetterie de plus de 6 millions d'euros et un système d'abonnement relancé pour un taux de remplissage de plus de 90%.
Alors que la saison démarrera à Milan avec La Forza del destino dans une nouvelle production de Leo Muscato avec Anna Netrebko, Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier (pour la seconde fois sur la scène scaligère), Dominique Meyer ne pourra pas voir deux projets qui lui tenaient particulièrement à coeur. D'une part, il partira avant la fin du Ring (La Walkyrie en février 2025, Siegfried en juin et Le Crépuscule des Dieux en 2026), une production pour laquelle Christian Thielemann vient de se décommander en raison notamment d'une opération au talon d'Achille. Le chef allemand sera remplacé par Simone Young (première femme à diriger la tétralogie à Bayreuth cette année) et Alexander Soddy ; d'autre part Dominique Meyer ne sera plus là pour la création mondiale d'Il nome della rosa de Francesco Filidei en avril 2025, d'après le roman d'Umberto Eco, Le nom de la rose. Cet opéra de trois heures, en deux actes, avec de nombreux personnages et trois chœurs, se tourne vers le « grand opéra » et aura également une version originale française qui sera donnée par la suite à l'Opéra de Paris, coproducteur de cette commande. Pour la structure musicale de l'œuvre le compositeur s'est inspiré de la géométrie du labyrinthe, de la forme de la rose, ainsi que d'éléments et images médiévales. Après la réussite de L'inondation en 2019, ce nouvel opéra de Francesco Filidei est attendu avec impatience. (NF)