Les Ballets Jazz Montréal soufflent le chaud et le froid au Châtelet

Dance me est un projet de mise en danse de quelques chansons de l'immense artiste québécois Leonard Cohen par les Ballets Jazz Montréal. Approuvé de son vivant et créé il y a sept ans, le spectacle tarde à faire monter l'émotion.

Pensé comme un hommage au poète et chanteur Leonard Cohen, Dance me a été confié à trois chorégraphes d'envergure internationale : Andonis Foniadakis, Annabelle Lopez Ochoa et Ihsan Rustem. Plutôt que de faire trois parties distinctes, leurs créations se mêlent plutôt harmonieusement, bien que l'on reconnaisse l'écriture de chacun au travers de gestes qui reviennent ou d'idées récurrentes comme l'utilisation de grandes barres qui passent de mains en mains par exemple. Les quatorze danseurs ou danseuses des Ballets Jazz Montréal interviennent en groupe ou en duo le plus souvent, pour célébrer l'amour et, de manière plus générale, les relations entre les humains, si chère à Cohen. L'esprit de celui-ci flotte d'ailleurs sur l'ensemble du ballet avec une ou plusieurs longues silhouettes vêtues d'un imperméable et portant un chapeau traversant régulièrement la scène ou projeté sur l'écran de fond de scène.

La lumière est remarquable, les effets lumineux aussi, mais on regrette le rythme extrêmement soutenu d'une grande première partie, peu en phase avec la sensualité et l'émotion que dégagent les textes et la voix grave de Leonard Cohen. Il faut finalement attendre que la merveilleuse danseuse Astrid Dangeard se transforme en chanteuse pour interpréter seule sur scène So Long, Marianne, avec le seul accompagnement d'une guitare sèche, pour que l'émotion nous gagne. Cet exercice est réitéré un peu plus tard, en duo cette fois-ci avec le danseur DaMond LeMonte Garner, interprétant un bouleversant Hallelujah, tube mondialement connu de Leonard Cohen, avec la troupe des Ballets Jazz Montréal, immobile derrière eux.

Si le début est décevant et n'engage guère le spectateur, le spectacle décolle à mi-parcours avec plusieurs moments de grâce, notamment sur la chanson Suzanne, chorégraphiée par Ihsan Rusten. Dans ce magnifique duo, la danseuse tourbillonne autour du danseur, passe de ses bras à son dos, s'enroule autour de lui, sans jamais toucher terre. Les seize chansons choisies s'enchaînent sans pause, comme un concert dansé, qui finit par emporter le public.

Crédit photographique : Thierry Dubois. Cosmos Image