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Lahav Shani et le Rotterdams Phiharmonisch Orkest : sur un air d’Europe Centrale

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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. 28-IX-2024. Joey Roukens (né en 1982) : Con Spirito, ouverture pour orchestre, création française ; Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour piano n° 3 ; Antonín Dvořák (1841-1904) : Symphonie n° 9 en mi mineur op. 95 dite « du Nouveau Monde ». Orchestre Philharmonique de Rotterdam, direction : Lahav Shani.

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De passage à Paris le temps d'un concert avenue Montaigne, le Philharmonique de Rotterdam conduit par son directeur musical, , présente un programme aux fortes fragrances mitteleuropa, associant, en création française, l'ouverture pour orchestre Con Spirito de , le Concerto pour piano n° 3 de Béla Bartók, avec Martha Argerich en soliste, et la Symphonie n° 9 dite « du Nouveau Monde » d'

 

Tout commence dans le « bruit et la fureur » avec Con Spirito de (né en 1982), une ouverture pour orchestre proposée en création mondiale par les mêmes acteurs il y a quelques jours à Rotterdam. Une partition très rythmique, énergique, aux accents parfois jazzy ou bernsteiniens qui fait la part belle aux vents et à une importante section de percussions. Véritable exercice d'orchestre, nécessitant une mise en place au cordeau, elle permet d'emblée d'apprécier l'impeccable tenue et la magnifique sonorité de la phalange batave qui ne cesse de progresser sous la direction de , ainsi que la nouvelle conque acoustique très convaincante du Théâtre des Champs-Elysées (esthétiquement très réussie) délivrant une meilleure répartition du son, sans aucune saturation dans les tutti les plus violents.

Dans un contraste saisissant le Concerto pour piano n° 3 de (1945) interprété par Martha Argerich assure la suite du programme. Une œuvre posthume, dédiée à son épouse, la pianiste Ditta Pasztori, par un compositeur en exil, malade, qui sait sa fin proche. Bien différent de ses prédécesseurs, sans dynamisme excessif, tout de clarté, de transparence et de sérénité, il laisse au piano une de ses plus belles pages excellemment servie, ce soir, par Martha Argerich dans une lecture chargée d'une poésie prégnante. L'Allegretto initial met en avant la variété du jeu, engagé et ludique, de la pianiste dans un dialogue assez libre avec l'orchestre ; l'Adagio religioso est le cœur du concerto, se déployant dans une ambiance nocturne peuplée de timbres isolés. La pianiste en donne une lecture d'une grande pudeur, toute de retenue, habitant les silences, égrenant les chapelets de notes éthérées, comme suspendues dans une sorte de statisme recueilli, presque désincarné, teinté de dramatisme et ponctué de chants d'oiseaux ; l'Allegro vivace final voit la virtuosité, jusque-là partiellement oubliée, reprendre ses droits dans une succession de danses syncopées « à la hongroise » achevant en beauté une interprétation d'une émouvante splendeur, teintée d'une finitude latente. Deux « bis » empruntés à Schumann (Fantasiestücke) et Ravel (Ma mère l'Oye à quatre mains) referment cette première partie.

La Symphonie n° 9 d', dite « du Nouveau monde » (1893) occupe la seconde partie. Composée et créée à New-York en 1893, c'est la grande œuvre américaine du compositeur qui parvient à réunir dans un impressionnant syncrétisme influences américaines (negro spirituals, musique du Far West) et slavitude d'Europe centrale (danses folkloriques bondissantes). et le Philharmonique de Rotterdam nous en livre une interprétation d'une apollinienne beauté, tendue, constamment portée par un souffle épique se déployant sur un phrasé d'une lumineuse clarté, riche en nuances et contrastes, très théâtralisée ; une lecture impeccablement mise en place, attentive à tous les détails de l'orchestration, mais qui jamais ne lâche la proie pour l'ombre, animée d'un constant souci de la construction et de la dynamique. On y admire la précision de la direction, la virtuosité avec laquelle Lahav Shani sculpte la pate sonore à pleines mains, autant que les performances solistiques superlatives de l'orchestre (petite harmonie, cor anglais, cordes et cuivres). Magnifique !

Crédit photographique : © Marco Borgreeve

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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. 28-IX-2024. Joey Roukens (né en 1982) : Con Spirito, ouverture pour orchestre, création française ; Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour piano n° 3 ; Antonín Dvořák (1841-1904) : Symphonie n° 9 en mi mineur op. 95 dite « du Nouveau Monde ». Orchestre Philharmonique de Rotterdam, direction : Lahav Shani.

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