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Paris. Le Centquatre-Paris. 19-IX-2024. Soirée du Cursus Ircam
19h : Créations d’Anaïs-Nour Benlachhab (née en 1996), Pedram Diba (né en 1993), Xue Han (née en 1989), Agustín Issidoro (né en 1994), Giovanni Montiani (né en 1988). Avec : Clara Barbier-Serrano, soprano, ; Julie Michael, alto ; Julia Sanjurjo, chant ; Yi Zhou, violoncelle ; Adrian Albaladejo, trombone ; Anaïs-Nour Benlachhab, animation vidéo ; Augustin Issidoro, Xue Han, vidéo ; Léna Pinon Lang, danse filmée.
20h30 : créations d’Imsu Choi (née en 1991), Eliott Delafosse (né en 1994), Manon Lepauvre (née en 1992), Bernat Pont Anglada (né en 1998), Vincent Portes (né en 1995). Avec : Nathalie Forget, ondes Martenot ; Mireia Pellisa Martin, saxophone ; Bastien Pouillès, accordéon ; Eliott Delafosse, Bernat Pont Anglada, performeurs ; Léa Férec-Pourias, danse ; Rima Baransi, chorégraphie et performance. Jérémie Bourgogne, Aria de la Celle, diffusion sonore Ircam.
Diversifier les formats du concert et penser la musique aux côtés des autres expressions artistiques dans une dimension résolument scénique : c'est l'esprit dans lequel ont travaillé les neuf stagiaires du Cursus de l'Ircam qui présentent leur projet finalisé lors de la soirée en deux temps qu'accueillent les plateaux du Centquatre-Paris.
Encadré par Pierre Jodlowski, compositeur associé du Cursus depuis 2022, et l'équipe des Réalisateurs en Informatique Musicale (RIM), ils ont passé une année complète dans les sous-sols de l'Ircam pour se familiariser avec les logiciels appliqués à la composition musicale et maturer leur propre projet qui doit inclure l'électronique.
La Française Anaïs-Nour Benlachhab s'est penchée sur le cas de la Diva et des pièges de la vanité (Rêve lucide d'une Diva en burn-out) sur fond d'engagement féministe et avec les mots du poète Joyce Mansour. La chanteuse (étonnante Clara Barbier Serrano) en dialogue avec son avatar (un dessin animé sur l'écran) expose ses problèmes existentiels, l'électronique et ses filtres donnant à entendre les voix intérieures de la soprano. Plus modeste mais bien ciselé, La tua luce de l'Italien Giovanni Montiani met en scène le trombone d'Adrián Albaladejo Díaz traité en direct par l'électronique. Aux pieds de l'interprète, une douche de lumière striée de filaments noirs suffit à créer le mouvement. Sans embouchure pour commencer, avec ou sans sourdine, le saxophoniste entretient le flux sonore dont l'électronique sculpte le grain et les reliefs jusqu'au seuil hyper grave de la tessiture où le son devient rythme.
La partition s'éclipse au profit de la performance dans Hui de la Chinoise Xue Han. Yi Zhou embrasse, frotte, caresse, retourne, violente son instrument, autant d'actions amplifiées par l'électronique que l'on a déjà beaucoup entendues. La vidéo vient en surimpression pour confondre les mouvements de la violoncelliste et ceux d'une contorsionniste… Le temps s'étire et l'ennui nous gagne. En revanche, Pazhvak Astaneh pour alto et électronique de l'irano-américain Pedram Diba semble presque trop courte. Fumigènes et ambiances colorées accompagnent le jeu de Julie Michael dans une pièce où l'électronique s'écrit et contrepointe le jeu de l'instrumentiste. L'interaction est puissante et la richesse des composantes opère.
Dans le sillage d'un Alexander Schubert, /search?q=love (le titre est déjà tout un programme !) de l'Argentin Agustín Issidoro instaure le dialogue entre l'humain et l'Intelligence Artificielle : le soprano sensuel de Julia Sanjurjo qui cherche du réconfort est confronté à une voix de synthèse qui assène ses injonctions et autres formules préfabriquées. Le rythme est soutenu et la scène dûment conduite, mettant les ressorts de l'électronique au service de la dramaturgie.
Autre plateau et autre dispositif
La seconde partie de la soirée tire profit de l'espace et modifie chaque fois l'angle d'écoute. Le spectacle est frontal et deux fois plus long que le format prescrit (10 minutes) dans Fermi'Paradox où les deux concepteurs (le Français Eliott Delafosse et le Catalan Bernat Pont Anglada) sont aussi performeurs. L'action sonore narre la rencontre avec une forme de vie étrangère incarnée par la danseuse Léa Fériec-Pouria dont les torsions du corps spectaculaires intriguent. Le niveau des décibels est élevé, feedback et distorsion frôlant les limites de l'audible. La performance inédite autant qu'éprouvante ne va pas sans longueurs, où la présence d'une saxophoniste (Pellisa Martin) ne laisse d'interroger.
L'accordéoniste Bastien Pouillès est installé en surplomb pour jouer Carousel, une pièce attachante et finement montée du Français Vincent Portes. Sons fixés (des échantillons que l'accordéoniste déclenche au pied) et traitement électronique live sont autant de composantes de cette « boîte à musique » dont nous parle le compositeur mêlant virtuosité instrumentale et poésie sonore. La danse est également convoquée dans Innate de la Française Manon Lepauvre qui explore le va-et-vient entre dedans et dehors. L'apparition d'une danseuse (Rima Baransi) au cœur de l'installation sonore et lumineuse surprend, focalisant toute notre attention dans une seconde partie plus pulsée.
Les ondes Martenot sont assez rarement utilisées avec l'électronique. C'est l'expérience que tente avec bonheur Imsu Choi, compositrice et ondiste qui a invité son professeur Nathalie Forget pour la création de OM24. Le son de l'instrument ne passe pas par ses résonateurs habituels ; il est capté en temps réel, traité et rediffusé à travers le dispositif d'écoute de la salle. Les trames sonores acquièrent une densité inédite, dialoguant au mitan de l'œuvre avec une plaque tonnerre mise en vibration. L'instrument retrouve ses qualités expressives dans une dernière partie très planante où, comme chez Messiaen, le son devient couleur.
Crédit photographique : © Ircam
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Paris. Le Centquatre-Paris. 19-IX-2024. Soirée du Cursus Ircam
19h : Créations d’Anaïs-Nour Benlachhab (née en 1996), Pedram Diba (né en 1993), Xue Han (née en 1989), Agustín Issidoro (né en 1994), Giovanni Montiani (né en 1988). Avec : Clara Barbier-Serrano, soprano, ; Julie Michael, alto ; Julia Sanjurjo, chant ; Yi Zhou, violoncelle ; Adrian Albaladejo, trombone ; Anaïs-Nour Benlachhab, animation vidéo ; Augustin Issidoro, Xue Han, vidéo ; Léna Pinon Lang, danse filmée.
20h30 : créations d’Imsu Choi (née en 1991), Eliott Delafosse (né en 1994), Manon Lepauvre (née en 1992), Bernat Pont Anglada (né en 1998), Vincent Portes (né en 1995). Avec : Nathalie Forget, ondes Martenot ; Mireia Pellisa Martin, saxophone ; Bastien Pouillès, accordéon ; Eliott Delafosse, Bernat Pont Anglada, performeurs ; Léa Férec-Pourias, danse ; Rima Baransi, chorégraphie et performance. Jérémie Bourgogne, Aria de la Celle, diffusion sonore Ircam.
J’ai été séduite par le travail de Anais Benlachhab. L’harmonie de la musique et des dessins animés ainsi que la belle interprétation de la chanteuse rend l’ensemble d’une beauté unique par son côté nouveau et original. Bravo Anais et tous les collaborateurs. Félicitations !!!!
Merci pour votre avis sur ce spectacle