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Guillaume Bellom à la (re)découverte de l’œuvre pianistique du jeune Richard Strauss

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Richard Strauss (1864-1949) : Fünf Klavierstücke, opus 3 TrV.105; sonate pour piano en si mineur opus 5 TrV.103; Stimmungsbilder, opus 9 TrV.128. Guillaume Bellom, piano Steinway. 1 CD Mirare. Textes de présentation en français et anglais. Enregistré en l’Auditorium Campra du Conservatoire d’Aix-en-Provence du 17 au 20 avril 2023. durée : 71 mutes.

 
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Pour son deuxième disque en solo, a choisi l'originalité et nous offre la totalité de l'œuvre pour piano « officielle » du tout jeune

 est depuis quelques années un des partenaires chambristes attitrés de Renaud Capuçon. C'est précisément le violoniste qui a attiré avec enthousiasme son attention sur ce bref corpus pianistique laissé par . Le jeune pianiste trentenaire avait déjà eu l'occasion de jouer avec grand intérêt les sonates pour violon ou violoncelle et piano – autres œuvres de jeunesse du maître – et s'est plongé dans ce répertoire peu fréquenté – après avoir découvert, dit-il, les cinq pièces opus 3 et la sonate opus 5 dans l'ultime enregistrement de .

L'exhaustif catalogue straussien selon Franz Trenner comporte plus de cent numéros antérieurs à l'attribution de l'officiel opus 1… Outre les trois opus officiels repris sur ce disque existent donc de nombreux manuscrits inédits (plusieurs mouvements isolés, au moins huit sonatines et deux grandes sonates) autant d'œuvres pianistiques antérieures aux 16 ans du jeune prodige, mais d'intérêt plus documentaire. Seuls les trois opus repris ici ont in fine été publiés.

A vrai dire, écoutées « à blanc », les cinq très fraîches et plaisantes pièces de l'opus 3, évoqueraient sans ambages, pour l'auditeur, Robert Schumann. L'andante augural au profil d'humoresque rêveuse digne d'un Eusébius réincarné fait songer aux Waldszenen, la dernière pièce  du cycle prend presque des allures de Novelette, sous ses dehors contrapuntiques alla J.S Bach de sa section centrale, et la cavalcade de la deuxième (allegro), très «Florestan»  n'est pas sans évoquer celle des Gesang der Frühe du glorieux ainé. La sonate opus 5, en si mineur, – la seule reconnue digne de publication (et en fait, de composition juste antérieure à l'opus 3) connut une genèse plus laborieuse – elle fut  plusieurs fois révisée sous les conseils bienveillants mais sévères de l'ami aîné Ludwig Thuille. Marquée du sceau beethovénien en son premier temps avec un motif « du destin » obsessionnel tout droit issu de la Symphonie n° 5 du maître de Bonn, l'œuvre évolue plus durant les trois autres mouvements vers les réminiscences d'un Mendelssohn, notamment des romances sans paroles au gré d'un aérien scherzo et d'un volubile final.

Incontestablement le très personnel et plus sophistiqué opus 9, Stimmungbilder, de 1882- 1884, marque un net progrès dans l'affranchissement et la conquête de nouveaux espaces sonores : les évocations très paysagistes d'une forêt tranquille (auf stillem Waldespfad )  ou d'une source solitaire (an eisamer quelle) – dans une certaine descendance lisztienne – annoncent déjà par leur ambiance feutrée l'immense compositeur de Lieder à venir. En total contraste avec l'allègre et rustique intermezzo. l‘impalpable et très personnelle Traümerei n'a plus de schumannien que le titre, là ou les quintes à vide de l'heidebild (image de landes) finale se souvient lointainement du Leiermann schubertien.

distille avec un raffinement exquis les miniatures de l'opus 3 et l'opus 9, avec un sens du toucher et de la couleur tout à fait remarquable, campant en quelques mesures un décor, ou créant en quelques notes une ambiance légendaire, féérique, épique ou menaçante. Il réussit à toujours susciter l'intérêt au fil de la sonate. La prise de son, assez proche, mais sans aucune sécheresse ou brutalité, laisse aussi percevoir la large perspective sonore de l'Auditorium Campra d'Aix–en–Provence. A n'en pas douter, le pianiste égale sinon dépasse le modèle gouldien évoqué dans sa préface (le pianiste canadien n'eut de surcroît pas le temps d'enregistrer l'opus 9) ou encore, par sa poésie de l'instant et son sens du pittoresque, rappelle le très beau  disque de qu'Harmonia Mundi serait bien inspiré de rééditer (série Musique d'abord).

En bref, par le raffinement de l'interprétation et le soin apporté tant au réglage de l'instrument qu'à sa captation, ce disque est un régal.

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Richard Strauss (1864-1949) : Fünf Klavierstücke, opus 3 TrV.105; sonate pour piano en si mineur opus 5 TrV.103; Stimmungsbilder, opus 9 TrV.128. Guillaume Bellom, piano Steinway. 1 CD Mirare. Textes de présentation en français et anglais. Enregistré en l’Auditorium Campra du Conservatoire d’Aix-en-Provence du 17 au 20 avril 2023. durée : 71 mutes.

 
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