La Walkyrie au Staatsoper de Berlin par Tcherniakov et Thielemann
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Richard Wagner (1813-1883) : La Walkyrie (Die Walküre), en trois actes (1870), première journée du festival scénique du Ring des Nibelungen (1876). Livret du compositeur. Mise en scène : Dmitri Tcherniakov. Costumes : Elena Zaytseva. Lumières : Gleb Filshtinsky. Vidéo : Alexey Poluboyarinov. Avec : Michael Volle, Wotan ; Anja Kampe, Brünnhilde ; Robert Watson, Siegmund ; Vida Miknevičūité, Sieglinde ; Mika Kares, Hunding ; Claudia Mahnke, Fricka ; Les Walkyries : Clara Nadeshin, Christiane Kohl, Michal Doron, Alexandra Ionis, Anett Fritsch, Natalia Skrycka, Anna Lapkovskaya, Kristina Stanek. Chœur et Orchestre de la Staatskapelle de Berlin, direction : Christian Thielemann. 1 DVD Unitel. Enregistré « live » en octobre 2022 au Staatsoper Unter den Linden à Berlin. Notice trilingue : anglais-allemand-français. Durée : 235:00
Unitel EditionPour cette nouvelle Walkyrie berlinoise, Dmitri Tcherniakov persiste et signe, poursuivant dans la même veine que lors de son précédent Or du Rhin (Clef ResMusica), dans une lecture totalement décalée mais, au demeurant très lisible, peu dérangeante et assez cohérente, qui laisse une large place à la musique et voit l'éblouissante composition de Michael Volle en Wotan au sein d'une distribution de chanteurs wagnériens confirmés.
La scénographie reste identique, se situant dans un centre de recherche sur le cerveau humain nommé ESCHE (frêne en allemand !). Pour ce deuxième opus Dmitri Tcherniakov y adjoint, sur un tourniquet du plus bel effet, l'appartement mitoyen de Hunding et Sieglinde où se déroule tout l'acte I. Autre nouveauté, Siegmund est un criminel dangereux en cavale (version toute personnelle du héros selon le metteur en scène russe !) tandis que Hunding est le chef de la police (cela ne s'invente pas, mais parait assez bien ficelé). L'acte II se décline entre le bureau de Wotan et les bureaux du Centre, tandis que l'acte III se déroule dans une sorte de salle de conférence où se regroupent les Walkyries entre les combats. Quelques écarts anecdotiques et de peu d'importance avec le livret sont à noter : « Nothung » plantée dans un mur du salon de Hunding ; une couronne de chaises pour figurer le rocher où Brünnhilde s'endormira ; le feu représenté par des flammèches dessinées au feutre sur le dos des chaises… La direction d'acteurs est toujours aussi convaincante, recueillant une adhésion totale des chanteurs, et les costumes toujours aussi hideux.
Dans la fosse, Christian Thielemann se montre, comme précédemment, irréprochable à la tête d'une Staatskapelle berlinoise des grands jours, constamment au service de la dramaturgie, distillant à l'envi, dans un parfait équilibre avec le plateau, l'attente, l'urgence et l'émotion. On admire la richesse du discours tout en nuances, usant d'une maitrise savante de l'agogique, sur un phrasé d'une transparence et d'une clarté remarquables d'où se dégagent de beaux contrechants de vents.
Mais le maillon fort de cette nouvelle production berlinoise reste indiscutablement sa distribution vocale. Déjà convaincant dans l'Or du Rhin, Michael Volle atteint dans cette Walkyrie une dimension vocale et scénique d'une tout autre mesure, campant un Wotan d'exception. Véritablement habité par son personnage tout au long des deux derniers actes, notamment dans ses duos avec Fricka (Claudia Mahnke) magnifique d'autorité à l'acte II ou avec Brünnhilde (Anja Kampe) dont on admire, à l'acte III, le large ambitus et le sublime legato faisant des « Adieux » entre père et fille un moment d'intense émotion qui laisse les deux acteur-chanteurs au bord des larmes, leur imposant de longues minutes de récupération au moment des saluts. Également impressionnante par la voix (puissance de projection, aigus dardés ou filés, large ambitus et beauté du timbre) comme par son incarnation scénique spectaculaire, Vida Miknevičiūtė, habituée du rôle qu'elle a porté au plus haut à Bayreuth cette année s'affirme, une fois encore, comme une Sieglinde incontournable, ce qui n'est pas le cas du bien pâle Sigmund de Robert Watson qui manque tout à la fois de présence scénique et d'endurance vocale. Mika Kares, (Hunding) très convaincant vocalement et effrayant de noirceur et le chœur des walkyries (Clara Nadeshin, Christiane Kohl, Michal Doron, Alexandra Ionis, Anett Fritsch, Natalia Skrycka, Anna Lapkovskaya, Kristina Stanek) complètent cette belle production du Staatsoper Unter den Linden.
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Richard Wagner (1813-1883) : La Walkyrie (Die Walküre), en trois actes (1870), première journée du festival scénique du Ring des Nibelungen (1876). Livret du compositeur. Mise en scène : Dmitri Tcherniakov. Costumes : Elena Zaytseva. Lumières : Gleb Filshtinsky. Vidéo : Alexey Poluboyarinov. Avec : Michael Volle, Wotan ; Anja Kampe, Brünnhilde ; Robert Watson, Siegmund ; Vida Miknevičūité, Sieglinde ; Mika Kares, Hunding ; Claudia Mahnke, Fricka ; Les Walkyries : Clara Nadeshin, Christiane Kohl, Michal Doron, Alexandra Ionis, Anett Fritsch, Natalia Skrycka, Anna Lapkovskaya, Kristina Stanek. Chœur et Orchestre de la Staatskapelle de Berlin, direction : Christian Thielemann. 1 DVD Unitel. Enregistré « live » en octobre 2022 au Staatsoper Unter den Linden à Berlin. Notice trilingue : anglais-allemand-français. Durée : 235:00
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