Cristian Măcelaru rend toute sa splendeur au corpus symphonique d’Enesco
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Georges Enesco (1881-1955) : Les trois symphonies ; les deux rhapsodies roumaines. 3 CD DG 486 5505. Chœur de Radio France, direction Lionel Sow ; Orchestre national de France. Direction: Cristian Măcelaru. Enregistré à l’auditorium de Radio France en septembre 2022, juin 2023 et juillet 2024. Notice de présentation bilingue : allemand et anglais. Durée : 2h42:24
Deutsche GrammophonMalgré quelques enregistrements, les trois symphonies de Georges Enesco demeurent encore trop méconnues ; pourtant ces pages magistrales se situent aux confins du post-romantisme germanique et d'une certaine musique symphonique française dont Magnard est le représentant le plus éminent. L'alchimie entre la couleur très française de l'orchestre et la compréhension intime de son chef Cristian Măcelaru nous vaut un album superbe.
Immense musicien, violoniste inspiré et compositeur puissamment original, Georges Enesco reste trop souvent réduit aux œuvres inspirées par la musique de son pays natal : le Poème roumain, les deux célèbres Rhapsodies roumaines, la Sonate dans le caractère populaire roumain. C'est délaisser injustement ses autres grandes œuvres, son octuor, son grand opéra Œdipe et ses trois symphonies ; il existe quelques gravures de ce cycle magistral notamment celles de Mandeal, Foster, Lintu et Rojdestvensky, mais elles ne diminuent en rien le bonheur d'entendre l'Orchestre national de France, la deuxième patrie du musicien sous la baguette de son chef Cristian Măcelaru. Car c'est à Paris qu'Enesco achèvera ses études commencées à Vienne et qu'il s'installera pour jouer, composer et enseigner.
On passera sur la lecture impeccable mais un peu sage des deux rhapsodies roumaines à laquelle on préfèrera celle du compositeur lui-même (Varese Sarabande réédité par Forgotten records) ou celle, brillantissime de Dorati, pour aller à l'essentiel de l'album : la Symphonie n° 1, créée en 1906 par Edouard Colonne est encore un peu sage dans son romantisme juvénile et sa structure en trois mouvements inspirée des grandes symphonies de l'école de Franck mais la vaste n°2 trouve ici sa référence absolue, de l'immense Vivace initial à l'apothéose « marziale » culminant dans les échos guerriers des deux derniers mouvements ; c'est que l'œuvre commencée en 1912 fut achevée en 1914. Ce n'est pas un hasard si Menuhin, qui la dirigea à la fin de sa vie, y voyait un chef d'œuvre. Quant à la grandiose et mahlérienne n° 3, avec son chœur final sans parole que créa Pierné, elle impressionne toujours autant, Măcelaru atteignant le sommet jusqu'ici sans rival de Foster, grand défenseur d‘Enesco à Monaco (Warner). L'extraordinaire variété des climats y réconcilie le post-romantisme viennois et l'âpre et exigeante vision de symphonistes français comme Magnard, d'Indy et Roussel.
A noter enfin qu'Enesco a laissé deux autres symphonies inachevées qui ont été complétées et enregistrées chez CPO.
En s'appuyant sur la finesse des timbres de l'Orchestre national auquel il transmet son intime compréhension de cette musique difficile à appréhender dans tous ses aspects, Cristian Măcelaru signe un album magistral qui contribuera à la réévaluation du maître roumain et à faire reconnaître ces partitions inspirées.
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Georges Enesco (1881-1955) : Les trois symphonies ; les deux rhapsodies roumaines. 3 CD DG 486 5505. Chœur de Radio France, direction Lionel Sow ; Orchestre national de France. Direction: Cristian Măcelaru. Enregistré à l’auditorium de Radio France en septembre 2022, juin 2023 et juillet 2024. Notice de présentation bilingue : allemand et anglais. Durée : 2h42:24
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