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Saša Asentić fait la différence au Théâtre de la Ville

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Paris. Théâtre de la Ville. 12-IX-2024. Saša Asentić : DIS DIS CONTACT. Concept et direction artistique : Saša Asentić. Chorégraphie, collaboration artistique et interprétation : Natalija Vladisavljević, Jelena Stefanoska, Snežana Bulatović, Dalibor Šandor, Marko Bašica, Frosina Dimovska, Alexandre Achour, Olivera Kovačević Crnjanski, Saša Asentić. Lumières : Anja Sekulić

Le chorégraphe serbe présente DIS DIS CONTACT au Théâtre de la Ville. Il y a deux ans, sa compagnie inclusive composée de danseurs valides et en situation de handicap était déjà présente à l'Espace Cardin pour DIS_SYLPHIDE.

Deux ans après que la compagnie a présenté sa précédente production, en mai 2022, le partenariat se poursuit entre le Théâtre de la Ville et la compagnie de danse inclusive , fondée et dirigée par , chorégraphe serbe. La troupe, constituée de danseurs valides et de danseurs atteints du syndrome de Down ou présentant d'autres handicaps cognitifs, avec ou sans difficultés d'apprentissage, n'a pas changé. À l'époque, ils s'étaient produits dans la Danse de la sorcière de Mary Wigman, Kontakthof de Pina Bausch et Self Unfinished de Xavier Leroy. Mais là où le premier spectacle révélait une troupe originale portée par une grande rigueur et un désir d'exigence, emmenée par des hits de l'histoire de la danse, DIS DIS CONTACT peine à convaincre, englué dans une dramaturgie peu pensée.

Le plateau est nu. En fond de scène un écran sur lequel sont projetés les quelques morceaux de texte du spectacle. À l'avant-scène, à jardin, une table avec un micro et un ordinateur. Devant l'écran, toujours en fond de scène, une rangée de chaise. Le spectacle commence par une ré interprétation de certains passages de Kontakthof de Pina Bausch. Les gestes lents portent une humanité bouleversante, le travail est précis, dense. Un danseur demande justement pourquoi Pina Bausch, après avoir repris Kontakthof avec des personnes âgées et des jeunes, ne l'a pas fait avec des personnes en situation de handicap. On s'attend à un grand moment de danse. Mais la grâce s'arrête là : nous sommes prévenus et sommés d'oublier pour la suite du spectacle notre connaissance du spectacle de Pina Bausch. va interpréter tout autre chose et célébrer ses vingt ans d'existence dans un retour sur son travail, en marge de l'ordinaire, comme de Kontakthof.

Malheureusement  ne convainc pas. La plus grande partie du spectacle se perd dans des exercices de théâtre et de danse amateurs. Il mélange, à la manière d'un cabaret, des moments de chants et des séquences dansées sans grand intérêt. Ce mode de présentation met mal à l'aise : le chant est applaudi là où la danse ne réjouit pas et les prestations très inégales laissent perplexe. Mais ce raté ne doit pas cacher pour autant la spécificité du travail de dans le paysage du handicap : la danse inclusive. Car, contrairement à d'autres compagnies de danse ou de théâtre, travaillant avec des artistes en situation de handicap, Per.Art mise avec succès sur la création inclusive, sur le mélange sur scène entre valides et personnes en situation de handicap.

Jérôme Bel, avec son Disabled theater, avait décidé d'appuyer de manière revendiquée et assumée sur la différence et la singularité de ses interprètes Suisses allemands du Theater HORA. À l'opposé de ce travail, la Compagnie l'Oiseau Mouche à Roubaix propose depuis de nombreuses années à de grands metteurs en scène de monter des pièces avec une troupe de personnes en situation de handicap mental. L'Oiseau Mouche prend au sérieux ses sociétaires et offre un véritable exemple d'inclusion réussi. Les difficultés sont surmontées par une rigueur exemplaire et une foi en l'homme et la femme, admirable et bienvenue. De son côté, Saša Asentić propose, par le choix de l'inclusion et de la mixité, un dialogue bienveillant et égalitaire, exigeant et sensible. Chacun a le droit à la parole. Pas de monstration, pas d'agilité revendiquée, mais une présence au monde le plus souvent riche, épaisse, brillante et réjouissante. Et même si DIS DIS CONTACT déçoit, le pari de l'inclusion est réussi : les échanges entre les interprètes sur scènes sont professionnels tout autant que bienveillants et permettent la tenue d'un spectacle foisonnant.

Les spectacles inclusifs mettent en avant de réelles questions qui interrogent notre vivre ensemble. De la différence assumée montrée par Jérôme Bel à la mixité vécue de Per.Art, en passant par la maestria de Marlene Monteiro Freitas avec la troupe Dançando com a Diferença, le spectateur est sommé de se positionner et de s'interroger sur la société qu'il désire. Saša Asentić ouvre une voie originale et bienvenue dans un paysage chorégraphique fait habituellement de maîtrise et de performances physiques. Ses danseurs manifestent une réelle présence au plateau et à l'autre et invitent, malgré tout, à attendre le prochain opus avec impatience.

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Paris. Théâtre de la Ville. 12-IX-2024. Saša Asentić : DIS DIS CONTACT. Concept et direction artistique : Saša Asentić. Chorégraphie, collaboration artistique et interprétation : Natalija Vladisavljević, Jelena Stefanoska, Snežana Bulatović, Dalibor Šandor, Marko Bašica, Frosina Dimovska, Alexandre Achour, Olivera Kovačević Crnjanski, Saša Asentić. Lumières : Anja Sekulić

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