Pietari Inkinen et Andrè Schuen en ouverture de saison à Sarrebruck
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Sarrebruck. Congresshalle. 8-IX-2024. Gustav Mahler (1860-1911) : Lieder eines fahrenden Gesellen (Chants d’un compagnon errant) ; Blumine. Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie D. 944. Andrè Schuen, baryton ; Deutsche Radio Philharmonie ; direction : Pietari Inkinen.
Des Lieder de Mahler écrasés par l'orchestre, mais un Schubert symphonique d'une austère grandeur.
Le dimanche matin est musical à Sarrebruck : seize fois par an, les mélomanes peuvent se rendre à la Congresshalle pour y entendre l'un des deux orchestres de la ville, celui du Théâtre national de Sarre ou comme ici la Deutsche Radio Philharmonie, fusion de deux orchestres radio sis à Sarrebruck et à Kaiserlautern et toujours actif dans ces deux villes. Pietari Inkinen, directeur musical de l'orchestre depuis 2017 et jusqu'à la fin de cette nouvelle saison, a choisi un programme classique pour ce début de saison.
C'est la première partie, consacrée à Mahler, qui convainc le moins, malgré la présence d'un soliste de haut rang, le baryton Andrè Schuen, déjà souvent remarqué par ResMusica. Sans surprise, son interprétation des Chants d'un compagnon errant est sans reproche, diction incisive, timbre sombre et humain, mais l'orchestre ne lui laisse guère d'espace pour donner toute la mesure de son talent. Entre le deuxième et le troisième Lied, le chef a choisi de placer Blumine, le mouvement symphonique exclu par Mahler de sa première symphonie, interruption qui ne convainc qu'à moitié même si les deux œuvres sont chronologiquement proches ; du moins a-t-on ici un peu de la respiration qui manque à l'accompagnement orchestral des Lieder.
Cette impression d'un son orchestral compact, peu ouvert aux différenciations de timbre, ne nous quitte pas dans la Grande symphonie de Schubert qui conclut le concert, mais cette fois l'œuvre n'en sort pas perdante : Inkinen s'en sert pour proposer une interprétation particulièrement peu lumineuse de l'apogée symphonique de Schubert, dont la grandeur austère ne manque pas d'impressionner. Cette sévérité n'est pas de marbre, bien au contraire : les couleurs sombres de l'orchestre s'accompagnent d'une netteté du geste qui donne à bien des thèmes un tranchant inaccoutumé, et l'impact dramatique de ce choix interprétatif est renforcé par des tempi qui, jamais précipités, sont dans l'ensemble vifs. Qui plus est, il pense cette fois à donner toute leur place aux solistes de l'orchestre, et pas seulement le hautbois qui ouvre le deuxième mouvement : Inkinen, auréolé de son succès dans le Ring à Bayreuth, se montre digne de la longue tradition de l'orchestre, marquée par la collaboration avec des chefs comme Hans Zender, Günter Herbig ou Stanisław Skrowaczewski.
Crédits photographiques : © Jean M. Laffitau
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Sarrebruck. Congresshalle. 8-IX-2024. Gustav Mahler (1860-1911) : Lieder eines fahrenden Gesellen (Chants d’un compagnon errant) ; Blumine. Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie D. 944. Andrè Schuen, baryton ; Deutsche Radio Philharmonie ; direction : Pietari Inkinen.