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Martin Harriague, la belle surprise du Temps d’aimer la danse

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Festival Le Temps d’aimer la danse

Thèâtre Michel Portal, Bayonne. 07/IX/24. Martin Harriague : Crocodile.
Chorégraphie & Dramaturgie : Martin Harriague en collaboration avec Emilie Leriche 
Musique : « Canto Ostinato » de Simeon Ten Holt interprétée en direct par l’Ensemble 0 
Interprètes : Emilie Leriche & Martin Harriague 
Décor : Martin Harriague 
Lumières : Peïo Lamarque & Martin Harriague 
Costumes : Vanessa Ohl 
Assistante dramaturgie : Arika Yamada

Gare du Midi, Biarritz. 06/IX924. Ballet de Berne : Don Quixote
Chorégraphie, mise en scène et costumes : Po-Cheng Tsai 
Assistant chorégraphique : Sheng-Ho Chang 
Musique : Ming-Chieh Li 
Lumières : Chih-Chen Liu
Ballet de Berne
Directrice Artistique : Isabelle Bischof 
Maître de ballet : Christine Ceconello 
Dramaturge : Bettina Fischer 
Régisseur : Denis Puzanov
Pièce pour 16 danseurs

Casino, Biarritz. 07/IX/24. Compania Manuel Liñan : Viva!
Directeur de la danse et chorégaphe : Manuel Liñán
Assistant scénique : Alberto Velasco
Danseurs : Manuel Liñán, Manuel Betanzos, Jonatán Miro, Miguel Heredia, Yoel Vargas y Daniel Ramos
Direction musicale : Francisco Vinuesa
Musique : Francisco Vinuesa, Victor Guadiana y Kike Terron
Conseils musicaux : David Carpio, Antonio Campos
Guitare : Francisco Vinuesa
Chant : David Carpio, Antonio Campos
Violon : Victor Guadiana
Percussion : Kike Terrón
Lumières : Gloria Montesinos, Alvaro Estrada 
Costumes : Yaiza Pinillos
Couture : Gabi Besa, José Galván (Batas de colas)
Chaussures : Arte Fyl
Son : Kike Cabañas
Régisseur : Octavio Romero
Coiffure : Mauro Gastón
Texte : extrait de “Juego y teoría del duende” de Federico García Lorca

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Au cœur du Pays Basque, le festival Le Temps d'aimer la danse débute sa 34ᵉ  édition sous le signe de l'éclectisme. On danse sur les plages et, sur les scènes de la région, un public nombreux se presse aux premières françaises et aux créations, comme Crocodile, le bijou de à Bayonne.

Travaillé et créé dans le cadre d'une résidence à la scène nationale du Sud aquitain à Bayonne, avec le soutien de la Scène 55 à Mougins et du CCN Malandain Ballet Biarritz, Crocodile est la très belle surprise de ce début de festival. , désormais directeur artistique du Ballet Grand Avignon, reste un enfant du Pays basque, dont il aime la lumière dorée. C'est cette lumière qui nimbe le petit plateau blanc délimitant l'espace de jeu entre les deux protagonistes de ce duo tendre et complice avec la danseuse .

Sur la partition de percussions hypnotique et douce de , Canto Ostinato, interprétée en direct par Julien et , les deux percussionnistes de l' qui encadrent la scène, crée un espace d'intimité et de tendresse, comme un jeu où chacun réagit aux propositions de l'autre. L'élégance féline de Martin Harriague se confronte à la réactivité maligne d'. Le rythme de la pièce suit celui de la partition, avec des pauses, des accélérations, des piano et des fortissimo. Sans jamais oser se toucher, les deux danseurs tentent subtilement des rapprochements. Lorsqu'enfin ils se touchent, cela semble être une découverte pour chacun d'entre eux, et c'est une grande source d'émotion pour le spectateur.

C'est un duo qui réinvente l'amour, la naissance du sentiment, avec beaucoup de simplicité, de pureté et de sincérité. Pas de virtuosité, mais des mouvements issus de gestes du quotidien, de position pliées, puis relâchées, avec une grande fluidité, souplesse et qualité dans l'interprétation. Le parfait emboîtement des deux corps relève de la mécanique subtile. En une heure délicieuse, on partage le récit d'un moment de vie à deux, de l'approche des amoureux, à l'intimité du couple, en passant par l'esquive ou la fusion. Un petit bijou ciselé et précieux, miracle d'écriture savante, mais limpide, et fruit d'une dramaturgie subtile et bienvenue, en harmonie avec la partition très émouvante. Une vraie bouffée d'air frais !

Don Quixote, première création de pour le

Deux des autres spectacles programmés pendant ce week-end d'ouverture proposaient deux visions iconoclastes de l'Espagne toute proche. A la Gare du Midi, lieu emblématique de Biarritz, on pouvait voir Don Quixote, la première création du chorégraphe taïwanais pour le , créé en juin dernier.

Don Quichotte, visage cagoulé de velours rouge, rêve de créatures en cuir, tendance SM. Dès l'ouverture, les portés sont fluides et audacieux, l'écriture chorégraphique est inspirée des arts de combat. Pour le décor, le chorégraphe, qui signe aussi la mise en scène et les costumes, a misé sur les éléments d'un jeu de construction à grand échelle que les danseurs déplacent au gré des scènes. On éprouve quelques difficultés à suivre la trame narrative au milieu de femmes guerrières et d'hommes chevaliers. La plupart des personnages sont maléfiques, comme dans un conte de Grimm, une sorcière semble la grande manipulatrice de toute l'histoire. Vaguement reconnaissable, le couple formé par Kitri et Basilio est de son côté le jeu de marionnettes de cette créature cachée par une cape à la Dark Vador, et dont on voit seulement les mains. Dulcinée est dépeinte comme une amazone qui sait susciter le désir.

Malgré la version très contemporaine et décalée proposée par le chorégraphe, il est impossible d'échapper aux espagnolades avec des costumes de torero rouge strassés et le combat de deux hidalgos, un peu coqs sur les bords. On comprendra peu à peu qu'il s'agit d'une vision gémellaire du Don Quichotte, partagée entre le chevalier de la Manche et Sancho Panza. Avec ses résidus de fouettés, la scène du mariage ressemble davantage à une scène de bal dans la série Bridgeton qu'à un ballet de Noureev.

déploie une écriture efficace et volubile, bien servie par les danseurs du , mais dépourvue de conviction ou d'originalité, qui emprunte à des chorégraphes en vue (Angelin Preljocaj, Cristal Pyte), sans parvenir à les égaler. Restent quelques interessants et séduisants duos ou solos, le reste étant très attendu et un peu show off au milieu d'une musique insupportable d'où surgissent quelques éclats du thème de Don Quichotte. Une des rares choses à laquelle on peut s'accrocher…

Viva!, le cabaret flamenco et trans de

L'ambiguïté est beaucoup moins de mise dans Viva! de la Compania , accueilli au Casino de Biarritz. On se croirait dans Emilia Perez, le nouveau film de Jacques Audiard ! Sous la douche de lumière, la bailaõra en grossière robe rouge et chignon postiche se révèle en fait être… un bailãor. Un solo plus tard, c'est sur un portrait de groupe façon Muxes mexicains que s'ouvre la suite de ce tablaõ trans. Un cantador et cinq bailãoras, en robe à volant et chignon de jais, pour un cabaret flamenco qui reprend les grands classiques des figures flamenca.

Passé l'effet de surprise, l'énergie, et parfois l'émotion, restent intactes, une forme de dérision en plus. La virtuosité des danseurs emprunte autant à celle des bailãoras que des bailãores. Le chorégraphe se joue des codes et des genres du flamenco et il pousse parfois la dérision jusqu'à faire de chaque interprète une bête de foire, ou plutôt de basse-cour. Un numéro de sévillannes avec castagnettes met en scène une rivalité mimétique entre deux danseuses. Chaque numéro met en valeur les talents de danseur des uns et des autres, dont la puissance du zapateado et du style est incontestable. Chaque danseur est une sorte de diva du flamenco, exécutant morceau de bravoure après morceau de bravoure.

Loin des danseurs à tout faire de Chicos Mambo, ces danseurs sont d'authentiques flamencas, rompus à toutes les techniques, des castagnettes au maniement du châle, du zapateado aux sévillannes, avec un engagement et une authenticité non feintes. Cependant, les musiciens et les chanteurs restent des hommes habillés en hommes, était-ce utile pour les danseurs de se travestir ? A la fin du spectacle, qui brouille encore plus les frontières entre hommes et femmes, l'on regrette que l'ensemble ait parfois flirté avec le cabotinage.

Le festival Le Temps d'aimer la danse, qui se poursuit jusqu'au 16 septembre, offre de nombreux autres moments originaux, entre la triple création très intime de la coréenne Sun-A Lee au Théâtre du Colisée, la reprise du magnifique duo Fantaisie minor de Marco da Silva Ferreira ou la giga barre animée avec humour et sous le crachin basque par Xenia Wiest, directrice du Ballet X Schwerin dont on pourra voir le programme Bach à Biarritz et Pau, après Errenteria, dans le Pays basque espagnol.

Crédits photographiques : © Stéphane Bellocq

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Thèâtre Michel Portal, Bayonne. 07/IX/24. Martin Harriague : Crocodile.
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Musique : « Canto Ostinato » de Simeon Ten Holt interprétée en direct par l’Ensemble 0 
Interprètes : Emilie Leriche & Martin Harriague 
Décor : Martin Harriague 
Lumières : Peïo Lamarque & Martin Harriague 
Costumes : Vanessa Ohl 
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Gare du Midi, Biarritz. 06/IX924. Ballet de Berne : Don Quixote
Chorégraphie, mise en scène et costumes : Po-Cheng Tsai 
Assistant chorégraphique : Sheng-Ho Chang 
Musique : Ming-Chieh Li 
Lumières : Chih-Chen Liu
Ballet de Berne
Directrice Artistique : Isabelle Bischof 
Maître de ballet : Christine Ceconello 
Dramaturge : Bettina Fischer 
Régisseur : Denis Puzanov
Pièce pour 16 danseurs

Casino, Biarritz. 07/IX/24. Compania Manuel Liñan : Viva!
Directeur de la danse et chorégaphe : Manuel Liñán
Assistant scénique : Alberto Velasco
Danseurs : Manuel Liñán, Manuel Betanzos, Jonatán Miro, Miguel Heredia, Yoel Vargas y Daniel Ramos
Direction musicale : Francisco Vinuesa
Musique : Francisco Vinuesa, Victor Guadiana y Kike Terron
Conseils musicaux : David Carpio, Antonio Campos
Guitare : Francisco Vinuesa
Chant : David Carpio, Antonio Campos
Violon : Victor Guadiana
Percussion : Kike Terrón
Lumières : Gloria Montesinos, Alvaro Estrada 
Costumes : Yaiza Pinillos
Couture : Gabi Besa, José Galván (Batas de colas)
Chaussures : Arte Fyl
Son : Kike Cabañas
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Texte : extrait de “Juego y teoría del duende” de Federico García Lorca

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