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À la découverte de Peter Benoit, le « Wagner » des Flandres

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Peter Benoit (1834-1901) : De oorlog. Lucifer. Hoogmis. Te Deum. Requiem. Antwerp Symphony Orchestra ; Choeur de chambre de Namur ; Groot Omroepkoor ; Kinderkoor van Opera Ballet Vlaanderen ; Laurens Collegium ; Meisjeskoor Waelrant ; Octopus Kamerkoor ; Octopus Symphonisch Koor ; Waelrant Kinderkoor. Renate Arends, Katrien Baerts, soprano ; Maria Fiselier, Cécile van de Sant, alto ; Marcel Reijans, Yves Saelens, Frank van Aken, Alvaro Zambrano, tenor ; André Morsch, Lars Terray, Bastiaan Everink, baryton ; Charles Dekeyser, Ivan Thirion, basse-baryton ; Werner Van Mechelen, basse. Direction : Martyn Brabbins, Edo de Waart, Jac van Steen, Bart Van Reyn, Jan Willem de Vriend.1 coffret de 5 CD Fuga Libera. Enregistré en public à Anvers en 2016, 2017 et 2022. Notice de présentation en anglais, néerlandais et français. Durée : 04:57:01

 
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Premier compositeur à avoir écrit des oratorios et opéras en flamand, chantre d'un certain nationalisme musical, (1834-1851) fait l'objet d'un coffret intéressant. L'occasion de découvrir une œuvre post-romantique solide et sincère où les chœurs sont particulièrement mis à l'honneur.

On ne peut pas dire que les œuvres de François-Joseph Fétis, Arthur Degreef ou encombrent les rayons des disquaires (du moins ce qu'il en reste). Pourtant, ces compositeurs belges étaient en leurs temps aussi connus dans leur pays que Berlioz, Gounod ou Saint-Saëns chez nous.

Leurs œuvres méritent pourtant souvent bien plus que l'oubli dans lequel elles sont tombées. Particulièrement celles de (1834-1901) qui fait l'objet par le label belge Fuga Libera d'un très intéressant coffret, rassemblant les plus imposantes pièces symphoniques et chorales du compositeur. Gravures réalisées en public par l'Orchestre symphonique d'Anvers, ville où Peter Benoit dirigea le Conservatoire royal Flamand.

Étonnant personnage que ce Peter Benoit, à la formation tout ce qu'il y a de plus orthodoxe (premier prix d'harmonie et de composition du Conservatoire royal de Bruxelles, Prix de Rome 1857), devenu le chantre et le propagandiste, à l'instar de Wagner, d'une musique nationale flamande, sans pour autant tomber dans le piège d'un nationalisme haineux et sectaire, au contraire défenseur d'un système éducatif intégré permettant la diffusion de la musique auprès de tous les publics.

Ami de Franz Liszt, Peter Benoit fut un temps, de 1859 à 1863, le chef de compagnie d'opérettes du Théâtre des Bouffes Parisiens où il succéda à la baguette à Jacques Offenbach.

Et même s'il composa de la « musique légère » et bon nombre d'harmonisations autour de chansons folkloriques flamandes, Peter Benoit n'en reste pas moins l'auteur d'un corpus extrêmement sérieux, pièces religieuses, oratorios où s'expriment à la fois les influences post-romantiques, la science du chant choral, et un symphonisme parfois audacieux.

C'est cet aspect le plus ambitieux de l'œuvre de Peter Benoit que propose ce coffret sous-titré « Heaven and Hell » (Paradis et Enfer) puisqu'il offre un vaste panorama des réflexions humaines et religieuses du compositeur qui, malgré la grandiloquence de certaines pages, ne tombe jamais dans le pompiérisme.

À l'image de son chef-d'œuvre, l'impressionnant De Orloog (La Guerre, 1873), vaste oratorio pacifiste de plus d'une heure et demie, chanté en flamand sur les vers du poète Jan Van Beers. Pas moins de sept solistes, deux chœurs, grandes orgues et un orchestre symphonique au grand complet sont mobilisés dans cette vaste fresque à l'esthétique symboliste affirmée. Bien sûr, on peut y entendre des influences beethovéniennes, notamment dans le pastoralisme du début, verdiennes dans la spectaculaire « bataille » aux effets stéréos sophistiqués, ou berlioziennes. Mais tout cela est très bien écrit, notamment pour les chœurs particulièrement sollicités. Et la troisième partie, décrivant une plaine désolée et ensanglantée, est réellement impressionnante. Peter Benoit révèle même plus d'humanisme dans sa musique que dans le texte assez conventionnel de Van Beers.

L'orchestre symphonique d'Anvers tout comme les chœurs, sous la direction de , sont excellents, beaucoup plus que les sept solistes parfois à la peine dans cette partition foisonnante.

Des qualités et des défauts que l'on retrouve dans la deuxième œuvre du coffret, Lucifer (1866), premier oratorio entièrement composé en flamand. En évoquant la traditionnelle lutte du bien contre le mal, de la lumière contre les ténèbres, dans sa langue maternelle, Peter Benoit faisait là autant acte politique qu'artistique. L'œuvre est à nouveau puissante et contrastée, notamment dans l'évocation des trois forces, la Terre, le Feu et l'Eau, mais l'orchestration est plus sobre que dans De Orloog. Chœurs et orchestre sont à nouveau excellents, les solistes malheureusement pas au même niveau.

Dans les quatre œuvres religieuses qui complètent le coffret, et qui composent la « tétralogie sacrée » de Peter Benoit, il n'y a pas de solistes, les chœurs sont omniprésents. L'Orchestre symphonique d'Anvers et le Chœur de chambre de Namur sont donc à la fête dans Kerstmis (petite cantate de Noël, 1858), Hoogmis (Messe solennelle, 1860), le Te Deum (1862) et le Requiem (1863). Quatre œuvres où Peter Benoit a choisi le latin pour écrire son « épopée musicale chrétienne ». , Martyn Brabbins et le vétéran sont les baguettes expertes pour ces œuvres, certes plus austères que les impressionnants oratorios du début, mais fort touchantes. Et remercions une fois de plus l'orchestre symphonique d'Anvers d'être le fier ambassadeur de cette musique ressuscitée.

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Peter Benoit (1834-1901) : De oorlog. Lucifer. Hoogmis. Te Deum. Requiem. Antwerp Symphony Orchestra ; Choeur de chambre de Namur ; Groot Omroepkoor ; Kinderkoor van Opera Ballet Vlaanderen ; Laurens Collegium ; Meisjeskoor Waelrant ; Octopus Kamerkoor ; Octopus Symphonisch Koor ; Waelrant Kinderkoor. Renate Arends, Katrien Baerts, soprano ; Maria Fiselier, Cécile van de Sant, alto ; Marcel Reijans, Yves Saelens, Frank van Aken, Alvaro Zambrano, tenor ; André Morsch, Lars Terray, Bastiaan Everink, baryton ; Charles Dekeyser, Ivan Thirion, basse-baryton ; Werner Van Mechelen, basse. Direction : Martyn Brabbins, Edo de Waart, Jac van Steen, Bart Van Reyn, Jan Willem de Vriend.1 coffret de 5 CD Fuga Libera. Enregistré en public à Anvers en 2016, 2017 et 2022. Notice de présentation en anglais, néerlandais et français. Durée : 04:57:01

 
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