Elegies and Echoes : un récital de raretés plus ou moins abouti

Des inédits en quantité pour des interprètes méritoires dans un programme éclectique mais thématique, voilà qui devrait ravir les amateurs de découverte, avec malgré tout de petites limites.

Nous découvrons par ailleurs la voix ouverte, claire et puissante de la soprano norvégienne Elizaveta Agrafenina qui chante ici en plusieurs langues, dont le français – difficile à suivre mais méritoire – dans les mélodies d'Ignace Lilien. Le pianiste Dimitri Malignan, né à Paris d'une famille d'origine roumaine l'accompagne avec énergie et subtilité. Il est à noter que Samouïl Feinberg est davantage connu comme pianiste que comme compositeur, et ses mélodies bien classiques de début de siècle restent une curiosité. L'écriture pianistique de Ignace Lilien, qui a survécu pendant la guerre grâce à de faux documents, est davantage originale et il mériterait que l'on découvre le reste de son œuvre qui semble abondante et que l'on ignore en quasi totalité encore aujourd'hui. Felix Blumenfeld est plus populaire, son nom apparaissant en tant que professeur des deux grandes Maria russes, Grinberg et Youdina, chef d'orchestre renommé et comme parent de Neuhaus et Szymanowski. Les mélodies jouées ici restent très attachées au romantisme.

Quant aux mélodies juives de Weinberg, elles se démarquent dans cette publication par leur fulgurance évocatrice, erratique et essentielle, par leur dépouillement et la sincérité de leur message. Dommage que les textes des poèmes soient absents dans le court livret de présentation.