A la Chaise-Dieu, les Vêpres à la Vierge de Claudio Monteverdi, version Leonardo García Alarcón

Dans le programme du Festival de La Chaise-Dieu 2024, figurait ce monument de la musique sacrée que sont les Vêpres à la Vierge de Claudio Monteverdi, données dans ce lieu inspirant qu'est l'abbatiale Saint Robert, par Leonardo García Alarcón et ses troupes.

Au fil des cinquante-huit festivals de La Chaise-Dieu, les Vespro della Beata Vergine ont été données par différents ensembles. Les plus anciens festivaliers se souviennent encore de leur première programmation faite par le directeur de l'époque, Guy Ramona. Le dimanche 29 août 1982, le chef suisse Michel Corboz (1934-2021) venait, avec son Ensemble Vocal et Instrumental de Lausanne, donner sa version de l'œuvre de Claudio Monteverdi. Il fut l'un des premiers à déplacer des chanteurs (sur le jubé) pour spatialiser, un peu, cette musique spectaculaire.

Comme d'habitude, c'est l'orgue de l'abbatiale qui ouvre le concert. Puis les choristes viennent dans les stalles, très près des spectateurs, pour faire sonner l'intonation Domine ad adjuvandum, avec cordes et cuivres, accompagnés à l'orgue par Leonardo García Alarcón.

Grâce à la gestuelle précise du chef, le Dixit Dominus est sur un rythme énergique mais sa fin s'adoucit avec le Amen. Quelle délicatesse au féminin que ce duo Pulchra es ! Gwendoline Blondeel le chante avec Francesca Boncompagni qui a remplacé au pied levé Mariana Flores. Les deux soprani rejoignent les autres solistes pour le Laetatus sum à six voix. Les vedettes sont les deux ténors que l'on retrouve dans le Duo Seraphim. Interprétation magnifique, tout y est : dialogue, timbre, nuances… Pour le Nisi Dominus, les chanteurs reviennent dans les stalles, face à face, les solistes restant sur scène. Cette mise en espace est accompagnée d'un éclairage réduit. L'interprétation est éclatante. L'Audi coelum est chanté par Valerio Contaldo avec son écho situé sur le jubé, comme l'avait fait Michel Corboz en 1982 ! Quelle voix, quel timbre accompagnés de superbes ornements… La Sonata sopra «Sancta Maria» termine la première partie du concert en mettant en valeur les instrumentistes de la Cappella Mediterranea dont l'excellent cornettiste Doron Sherwin.

Le Lauda Jerusalem «Loue ton Dieu, ô Sion» est justement festif, joyeux, et se termine avec un Amen en fanfare. Chaque soliste a son moment de talents dans l'Ave maris Stella. Pour clore ce concert, c'est un Magnificat qui expose, si besoin était, la qualité et des voix et des instrumentistes dirigés avec clarté d'intention, talent et… sourires par Leonardo García Alarcón. Les cornets sonnent très bien le Deposuit. Dans le Gloria, Valerio Contaldo, situé tout en haut de la scène, envoie de petits échos pour spatialiser encore un peu plus cette superbe musique du divin Claudio. Le Sicut erat in principio est grandiose, à l'échelle de l'abbatiale Saint-Robert. Leonardo García Alarcón emmène le Chœur de Chambre de Namur et l'ensemble Cappella Mediterranea vers le meilleur.

Crédits photographiques :  concert à la Chaise Dieu 2024 © Bertrand Pichène / Cappella Mediterranea

Lire aussi : Tous nos articles du Festival de la Chaise-Dieu

Au festival de La Chaise-Dieu, la vitalité d'une 58ᵉ édition