Ferruccio Busoni, les dernières années à Berlin
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Le 27 juillet 2024 est célébré le centenaire de la disparition de Ferruccio Busoni. Une bonne occasion pour tenter un portrait de synthèse de ce génie musical protéiforme, un de ces compositeurs fondamentaux, quoique toujours méconnu voire méprisé, du premier quart du vingtième siècle, partagé entre héritage du passé, fréquentations assidues de ses contemporains et chemins vers la Nouvelle Musique. Pour accéder au dossier complet : Ferruccio Busoni, une biographie pour un centenaire
Les dernières années : le retour à Berlin en 1920
La Grande Guerre est terminée et avec la République de Weimar, l'Allemagne retrouve une certaine stabilité démocratique. Leo Kestenberg (1882-1962) , ministre de la culture, connu aujourd'hui surtout pour sa réforme de l'enseignement musical en Allemagne, et ancien élève du maître, l'invite à reprendre un cours libre de composition à l'Akademie der Künste de Berlin (son successeur à sa mort sera son ami et rival Schoenberg…). C'est là qu'il y formera, dans le respect de leurs esthétiques naissantes mais d'emblée très divergentes des compositeurs aussi différents qu'Aloïs Haba (1893-1973), qui franchira le mur des micro-intervalles tel que prédit dans l'Esquisse d'une nouvelle esthétique musicale, Philipp Jarnach (1892-1982) qui livrera le primo-achèvement au Doktor Faustus écrit dans un style fort différent du reste de sa production, et même Kurt Weill (1900-1950), qui écrit alors sous sa supervision ses œuvres les plus austères, tout en étant fortement marqué par la conception busonienne du genre opératique.
L' appartement privé du 11 Victorie-Luise-Platz sera aussi fréquenté à titre plus privé par de jeunes disciples tels Ernst Krenek (1900-1991), Paul Hindemith (1895-1963) , ou d'autres personnalités musicales très divergentes tels les tout jeunes Jascha Horenstein (1898-1973) et Dimitri Mitropoulos (1896-1960), les futurs grands chefs d'orchestre que l'on sait.
Busoni recouvre une certaine fièvre créatrice en sa ville de cœur, et de nombreuses nouvelles partitions sises dans la périphérie immédiate du Doktor Faust voient ainsi le jour. Citons à l'orchestre les Tanzwalzer (1919-20) pour grand orchestre que l'on retrouve en filigrane dans le second prologue du Doktor Faust et surtout dans le tableau de la Cour de Parme. Ce cortège de valses plus languides que joyeuses partagent par leur esprit sardonique, avec un langage somme toute plus classique, cette sensation de déglingue plombant peu à peu l'ambiance et rappelle… la Valse, exactement contemporaine mais sans cet éclatement apocalyptique que Ravel impose en la coda de son poème chorégraphique.
La même année, le court Divertimento pour flûte et orchestre opus 52 tend la main au néoclassicisme sous des dehors très désenchantés au fil de son développement central.
L'assez irrésistible Toccata (1921) pour piano, réélabore dans sa vaste introduction aux effets de « grêle glaçante » (selon Alfred Brendel) les figures d'accompagnements de la scène du livre magique (déjà!) de Die Brautwahl, le fugato central se réfère lui au Doktor Faust et voit l'opposition entre le grand thème lyrique de la Duchesse de Parme amoureuse et le court motif de Méphisto au fil d'un discours serré et complexe, avant une ciaconna des plus énergiques.
On retrouve aussi ailleurs des fragments réutilisés dans l'opéra en cours de son interminable (au sens propre du terme) gestation dans d'autres œuvres pianistiques – tel le bref et lapidaire prologo BV279 les trois feuillets d'album BV 289, ou le perpetuum mobile BV 293, refonte soliste de la section rapide du konzertstück Romanza e scherzoso opus 54 pour piano et orchestre – à notre connaissance pas encore enregistré sur disque, mais disponible sur les sites de partage de médias bien connus.
Parallèlement, Busoni en virtuose post-lisztien rend un dernier hommage à la tradition de la paraphrase opératique, avec son ultime et sixième sonatine (1920), « Super Carmen », explorant le grave de l'instrument, avec parfois de très âpres dissonances; il y souligne par le choix des extraits (Habanera, romance de la Fleur et omniprésence du motif chromatique du Destin) le caractère uniment tragique de l'opéra-comique de Bizet.
Le pianiste-professeur réunit aussi la somme de ses compositions à caractère pédagogique, mais souvent très intéressantes également sur le strict plan musical : publiés (d'abord en cinq volumes de son vivant puis en dix livres- avec 284 pages de partitions- à titre posthume) les Klavierübungen (titre tellement prisé par J. S. Bach) sont à placer autant comme études de virtuosité que d'interprétation, en marge de « l'exercice » (übung) consacré à un problème technique spécifique. Par exemple les accords dans le Livre III, les trilles dans le livre V avec des plages d'après Bach ou Beethoven, le staccato, dans le Livre VI avec entre autres les variations-études d'après son très cher Mozart . Mais aussi il y a là une compilation d'œuvres originales personnelles parfois inédites ou totalement réaménagées – telle la refonte de fond en comble des variations sur un thème de Chopin de 1884 dans le livre VIII- ou l'ultime livre X comprenant la version définitive des « monstrueuses » études selon la conjonction Paganini/ Liszt/Busoni, en quelque sorte des paraphrases de paraphrases…
On y trouve aussi les sept pièces brèves pour le développement du jeu polyphonique BV 296 – neuvième livre- ayant servis aussi, par bribes, comme nous l'avons vu, de travail préparatoire « satellite » au Doktor Faustus. Cette somme n'a été que très partiellement explorée au disque et rares sont les pianistes qui se risquent dans les cahiers les moins fréquentés tant en concours qu'en concert, au vu de leur terrible difficulté technique.
Pour conclure, il existe aussi en marge de cette somme impressionnante l'assez célèbre et tardive Etude en arpèges BV 297 de 1923 , quasi bitonale dans son premier volet et extraordinairement aventureuse de langage au-delà de la maîtrise technique qu'elle suppose de la part de l'interprète. Avec par moment l'alternance rapide du passage d'un doigt tantôt en-dessous tantôt au-dessus du reste de la main. Au-delà de la pyrotechnie qu'elle suppose, elle demeure un sommet musical par son atmosphère aussi irréelle que confite, savant mélange de poésie diaphane et d'inquiétante étrangeté notamment en sa section melancolico centrale, une quasi étude de tremolo. Ces Ultima verba sont dédiés à Isidor Philipp pour être intégrée dans l'Ecole des arpèges, la méthode publiée sous l'égide de son ami français.
Busoni atteint d'une maladie rénale s'éteint à un peu plus de 58 ans, le 27 juillet 1924, au terme de derniers mois aussi pénibles que stériles. Il laisse une œuvre gigantesque et protéiforme, en partie encore inexplorée à ce jour par la discographie et beaucoup trop peu présente au concert, même en cette année du centenaire de sa disparition.
A Berlin, au n° 11 de la Victoria-Luise Platz, une plaque commémorative, don de l'association Dante Alighieri de Berlin, rappelle la résidence de Busoni en ce lieu (reconstruit après les bombardements de 1944-45). Son libellé mentionne Busoni non seulement comme musicien mais encore comme professeur et surtout comme penseur. Car au-delà du musicien aux talents multiples et du compositeur souvent génial, il y aura eu l'homme de chair et de sang, dans toute son incomplétude, généreux et désintéressé, animateur impénitent, qui, pour citer Edgar Varèse « incitait les autres à penser et à créer » et « fut le premier à concevoir une nouvelle technique de l'art », toujours d'une brûlante actualité sur le plan de ses spéculations esthétiques les plus prophétiques et de la philosophie de l'Art.
Quelques repères bibliographiques
Il n'existe pas à l'heure actuelle de « somme » consacrée, en langue française, à l'ensemble de la vie et de l'œuvre de Ferruccio Busoni. La toile propose certes pas mal de communications ou d'articles souvent intéressants (un tri est toutefois nécessaire) sur la vie et l'œuvre. Les différents « guides » de la Musique chez Fayard proposent une vision partielle et une analyse parfois très succincte, voire discutable (la musique symphonique) de la production busonienne.
Il manque, en dehors d'une étude originale, une traduction française des excellents ouvrages essentiels de Anthony Beaumont (Busoni the composer, éditions Faber, Londres 1985) ou du plus ancien livre de Hans Heinz Stückenschmidt: Busoni Zeitaffel eines Europäers, Atlantis 1967, disponible un temps en traduction anglaise.
Toutefois, trois ouvrages essentiels sont à recommander même s'il ne reflètent que partiellement la personnalité multiple et complexe de cet artiste protéiforme.
Tout d'abord, chez Minerve, dans la série musique ouverte, on trouvera une édition française de la version de 1916 de l'Esquisse d'une nouvelle esquisse musicale – avec en annexe les annotations de Schoenberg- et complétées, dans d'excellentes traductions, supervisées par Pierre Michel, par d'autres textes originaux tout aussi essentiels, concernant tant la genèse de ses propres opéras, les nouveauté de langage ( la communication sur les tiers de ton), des regards sur Bach (à propos de ses adaptations) ou Mozart (Don Giovanni), outre quelques considérations sur le travail du transcripteur ou de l'interprète (Jouer par coeur).
Les éditions contrechamps ont édités la correspondance de Busoni et Schoenberg, et le livre est complété par les échanges épistolaires entre Schoenberg et Kandinsky.
Enfin, il convient de mentionner le fondamental numéro de l'Avant-scène opéra consacré au Doktor Faust, avec, en plus de passionnantes interviews, une présentation et analyse précieuse tant du livret que de la partition par Harry Halbreich (lequel, croyant, éprouve quand même quelques difficultés face à la dimension agnostique et pessimiste de la conclusion de l'opéra, surtout dans son projet initial).
Une orientation discographique
Heureusement la discographie – et la vidéographie – accessible est, sans être pléthorique, beaucoup plus riche et permet un assez large panorama de la production busonienne.
La musique pour piano demeure sans doute centrale pour bien appréhender la personnalité multiple du compositeur, auteur tant de partitions originales que de nombreuses adaptation/transcriptions et paraphrases.
Capriccio propose ainsi un intéressant panel avec d'une part l'exploration des œuvres de jeunesse (1877-1883) – un coffret de 3 CD- et de l'autre, une importante sélection de transcriptions/adaptations (un coffret de quatre CD) sous les doigts aussi agiles qu'inspirés d'Holger Grosschop.
Les transcriptions d'après Bach ont souvent été abordées lors de récitals par de nombreux pianistes. Mais peu ont confronté cette approche raisonnée des préludes de choral-texte avec la démesurée et géniale fantasia contrappuntustica, comme par exemple l'a fait le pianiste Jan Michiels chez Fuga Libera. Pour cette œuvre hors normes, « la » version mythique de John Ogdon – qui avec ses moyens techniques exceptionnels en domestiquait l'hubris- semble difficilement disponible, alors que par exemple la version techniquement assumée d'Igor Levitt (Sony) nous apparaît bien tiède.
La relative tiédeur c'est aussi ce que l'on peut aussi reprocher à la large anthologie -toujours en cours d'édition chez Naxos (un douzième volume vient juste de paraître) avec le pianiste Wolf Harden. Loin d'être un inconnu – il a été le pianiste du trio Fontenay de sa fondation à sa dissolution en 2006 – et musicien plus qu'estimable, il manque sans doute à la fois de la variété de toucher et d'approche et d'une vision renouvelée au gré des partitions que nécessite ce catalogue protéiforme et démesuré.
Sans aucun doute, l'anthologie vers laquelle il faut sans doute se tourner en priorité est celle, consacrée aux œuvres de maturité, par Marc-André Hamelin. C'est un vaste panel qui reprend de nombreuses œuvres fondamentales (les sept élégies, les six sonatines, la toccata, l'Indianische tagebuch, pour ne citer qu'elles), sous des doigts experts guidés par un sens inné de la poétique et musicale. Malheureusement, la prise de son ne rend pas justice à la palette dynamique et coloriste du virtuose canadien, pour qui a pu l'appréhender en récital.
CPO serait bien inspiré aussi de rééditer en un coffret en cette année anniversaire les trois disques qu'avait consacré à ces œuvres tardives le formidable pianiste-compositeur suédois Roland Pöntinen.
Mais l'enregistrement par lequel il faut sans doute découvrir l'univers pianistique du compositeur, est celui de la Toccata, sous les doigts d'Alfred Brendel, captée en public. Le pianiste autrichien (qui a autorisé cette publication dès le mitan des années 80 en un LP dont les bénéfices allaient à Amnesty International puis la réédition dans le coffret the artist's choice chez Decca) burine cette partition faustienne, et en donne une portée inattendue : celle d'un « chaînon manquant » entre les recherches visionnaires du dernier Liszt, l'opus 11 de Schoenberg, et les premières œuvres de nouvelle objectivité allemande de Jarnach ou du jeune Hindemith (la fugue finale).
La musique de chambre, portion plus congrue du catalogue, demeure moins explorée. Il existe un beau disque chez capriccio – avec entre autre autres la très regrettée violoncelliste Françoise Groben, reprenant des œuvres de prime jeunesse, souvent dédiées à la clarinette paternelle, tenue par Reiner Wehle. Mais l'essentiel est ailleurs. D'une part, les deux quatuors à cordes officiels (loin d'être les œuvres académiques décrites par de superficielles histoires de la musique) sont à connaître dans la superbe version du quatuor Pellegrini (CPO).
Œuvre essentielle, la seconde sonate pour violon et piano opus 36 A de 1898 a été révélée au disque il y a bien longtemps par Gidon Kremer et Valery Afanassiev en complément d'une décevante intégrale des sonates de Brahms (DGG). Nous lui préférons la version autrement plus inspirée de Frank Peter Zimmermann en compagnie d'Enrico Pace (Sony) ou plus couramment distribuée celle d'Ingolf Turban en compagnie d'Ilja Scheps (CPO), cette dernière proposant de plus le couplage avec la moins accomplie première sonate de huit ans antérieure.
La musique symphonique et concertante est assez souvent abordée. A défaut d'une intégrale systématique et en fonction des affinités de chaque auditeur, on pourra conseiller le disque Chandos de Neeme Järvi (avec la rare fantaisie indienne confiée à Nelson Goerner en soliste). Les autres anthologies existantes ont leur mérite : la plus homogène est celle confiée (en deux CD réédités en coffret avec les premiers éléments d'une Busoni édition), chez Capriccio, à Gerd Albrecht et Arturo Tamayo, là où les autres compilations disponibles (Werner Andréas Albert chez CPO, ou Francesco La Vecchia, chez Naxos) sont plus épaisses de trait, et bénéficient d'orchestres de moindre qualité.
Mais l'enregistrement à connaître en priorité est celui, capté en public, de la Sarabande et cortège, opus 51, véritable poème symphonique et sorte de digest symphonique du Doktor Faust, par la Staatskappelle de Dresden et un Giuseppe Sinopoli des grands jours, en complément d'une Dante-symphonie de Liszt de référence. (DGG)
Le Concerto pour piano, chœur d'hommes et orchestre opus 39, malgré ses exigences- pianiste virtuose hors pair, effectif pléthorique, longueur de l'œuvre – est sans doute l'œuvre la plus connue et la plus enregistrée du maître. Odgon (Emi-warner), Hamelin (Hyperion), ou le moins connu Volker Banfield (Cpo) ne bénéficient pas du soutien de chefs exceptionnels au fil de ce périple. Notre préférence va donc à la superbe et toujours disponible version de Garrick Ohlsson avec le superlatif Cleveland orchestra sous la direction acérée et très dramatique du grand Christoph von Dohnanyi (Telarc).
Le Concerto pour violon opus 35a est beaucoup moins fréquenté : mais la version de Frank Peter Zimmermann (en compagnie de John Storgards à la tête de l'orchestre symphonique national de la RAI ) – Sony- est pleinement satisfaisante et est couplé avec la deuxième sonate opus 36A déjà mentionnée.
Les quatre opéras ont tous et fort bien été enregistrés… Die Brautwahl a fait chez Teldec (aujourd'hui Warner) l'objet, lors de la recréation de l'œuvre à Berlin, d'un bel enregistrement placé sous la direction de Daniel Barenboïm à la tête d'une équipe homogène et des forces du Staatsoper de la capitale allemande.
Le très pétillant Arlecchino est traditionnellement couplé à raison avec Turandot : deux versions se disputent le haut du pavé : celle couramment disponible placée sous la baguette de Gerd Albrecht, (Capriccio, avec une formidable équipe vocale), et l'autre, a priori indiponible, confiée à Kent Nagano (Erato-Warner) qu'il serait bon de rééditer.
Pour le Doktor Faust, il y a bien entendu, l'incarnation du rôle-titre par Dietrich Fischer-Dieskau -qui avait mis l'œuvre à son répertoire dès ses jeunes années – très bien entouré (le Méphitophélès piquant de William Cochran), et bien servi par la direction rutilante de Ferdinand Leitner (DGG, disponibilité sous réserve). Là ou Leitner devait se contentera de la version Jarnach du finale, Kent Nagano qui creuse encore davantage la trame symphonique de l'ouvrage, permet de comparer les deux réalisations du final, celle sans doute beaucoup plus fidèle aux intentions du compositeur, due à Anthony Beaumont ayant notre préférence. C'est ici Dietrich Henschel qui incarne cette fois le rôle titre sans souffrir de l'ombre de son prédécesseur, et Kim Begley qui lui offre une réplique plus séduisante en Méphistophélès. Dietrich Henschel – à un quart de siècle de distance – est le héros de la version DVD parue cette année chez Dynamique captée en marge au Mai Musical Florentin (avec le final de Jarnach) en février 2023 et placée sous la direction musicale de Cornelius Meister dans la mise en scène spectaculaire mais habitée de Davide Livermore. On recherchera aussi le DVD capté à Zurich pour l'incarnation en rôle-titre de Thomas Hampson ( qui avait porté l'œuvre à bout de bras à Salzbourg en 1999) et pour la direction musicale excellente de Philippe Jordan (Arthaus Musik).
Crédits photographiques : © Images libres de droit
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Le 27 juillet 2024 est célébré le centenaire de la disparition de Ferruccio Busoni. Une bonne occasion pour tenter un portrait de synthèse de ce génie musical protéiforme, un de ces compositeurs fondamentaux, quoique toujours méconnu voire méprisé, du premier quart du vingtième siècle, partagé entre héritage du passé, fréquentations assidues de ses contemporains et chemins vers la Nouvelle Musique. Pour accéder au dossier complet : Ferruccio Busoni, une biographie pour un centenaire
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