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Denis Pascal interroge en profondeur la 21e sonate D 958 de Schubert

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Franz Schubert (1797-1828) : Sonate N° 21 en ut mineur D 958 ; Dei Klavierstücke D 946. Denis Pascal, piano. Piano Steinway and sons N° 316 préparé par Léo Duroy de Régie Pianos. 1 CD La Música. Enregistré à l’église protestante luthérienne Le Bon Secours à Paris le 26 septembre 2016 et le 1er octobre 2020. Notice en français et anglais. Durée : 60:52

 
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Par cet enregistrement longuement muri, le pianiste et pédagogue achève son exploration des trois dernières sonates de Schubert, restée ignorées tout au long du XIXe siècle, dans lesquelles il perçoit une architecture vertigineuse.  

La difficulté de la musique pour piano de Schubert tient dans le fait qu'elle s'inscrit dans une dimension temporelle, qui n'a ni commencement, ni fin. À la différence de Beethoven qui développe un thème à l'infini jusqu'à la découverte d'un autre thème, Schubert éclaire par de subtiles modulations et des transpositions, des motifs qu'il répète pour atteindre ces « divines longueurs », dont Schumann parlait avec admiration. C'est ainsi que son œuvre ne ressemble à aucune autre et sort des modèles établis. Il s'émancipe du style hérité de Haydn, Mozart, Weber et Beethoven pour trouver son propre langage, à tel point que le musicologue Alfred Einstein a pu écrire que Schubert était « le plus doué des classiques viennois et le plus grand classique de l'ère romantique ».

À l'été 1828, quelques mois avant sa mort, Schubert souffre des attaques de la syphilis qui l'emportera. Cela n'empêche pas pour autant une frénésie créatrice avec la composition d'un étonnant foisonnement de chefs-d'œuvre, comme la Messe D 950, le Quintette à deux violoncelles en ut majeur D 956, son ultime cycle de lieder Schwannengesang D 957, ainsi que ses trois dernières sonates pour piano D 958 en ut mineur, D 959 en la majeur et D 960 en si bémol majeur. Malgré l'avance de la maladie, il ne s'agit nullement d'œuvres testamentaires, bien que comme beaucoup d'autres, elles furent publiées après sa mort.

La Sonate D 958 en ut mineur est peut-être la plus proche de Beethoven disparu un an plus tôt. Son caractère impérieux, volontaire et son énergie héroïque lui ont valu le surnom de « Appassionata Schubertiana » par certains musicologues. Pour , cette première sonate du triptyque final est « la plus dense et la plus violente et hallucinée, mais aussi la plus dramatique et la plus audacieuse sur le plan pianistique des pièces écrites par Schubert. Il y a cette course dans le final, cette longueur aussi, la violence des contrastes, l'enchaînement rapide des modes majeur et mineur qui donnent le vertige. C'est un condensé émotionnel ». Son interprétation en souligne magistralement les contrastes et les ruptures de tons selon un questionnement introspectif.

Malgré le cadre classique des quatre mouvements, elle laisse apparaître une structure d'une étonnante liberté de ton, qui bouscule la tradition par la domination d'états d'âme, des associations d'idées, voire d'improvisation. Schubert n'entendra jamais cette sonate qu'il aurait voulu dédier à Hummel, mais c'est Schumann, grand admirateur du « Wanderer », qui en sera le dédicataire en 1839 dans l'édition établie par Anton Diabelli.

De la même année si féconde, les trois Klavierstücke furent composés dans la fébrilité en mai 1828. Œuvres également posthumes, elles furent publiées en 1868 par Johannes Brahms, un autre grand schubertien. Ces trois pièces construites de manière identiques, un rondeau et un refrain entrecoupés de couplets variés peinèrent à s'imposer. Alfred Einstein estimait peu ces « impromptus posthumes », dont on s'est demandé s'il s'agissait d'une sonate déguisée et abandonnée ou de trois morceaux séparés comme les Impromptus ou les Moments musicaux. Dans ces pièces qu'il affectionne, s'y montre aussi précis que subtil et vigoureux, dans une grande fidélité à la poésie de l'ami Franz.

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Franz Schubert (1797-1828) : Sonate N° 21 en ut mineur D 958 ; Dei Klavierstücke D 946. Denis Pascal, piano. Piano Steinway and sons N° 316 préparé par Léo Duroy de Régie Pianos. 1 CD La Música. Enregistré à l’église protestante luthérienne Le Bon Secours à Paris le 26 septembre 2016 et le 1er octobre 2020. Notice en français et anglais. Durée : 60:52

 
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