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Cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques : une fabuleuse Concorde

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28-VIII-2024. Direction artistique des cérémonies des Jeux Paris 2024 : Thomas Jolly. Direction artistique de la Cérémonie d’ouverture Paralympique : Alexander Ekman. Réalisateur TV des cérémonies : Greg Breakell. Dramaturgie : Damien Gabriac. Direction musicale et compositions originales : Victor le Masne. Scénographie : Bruno de Lavenère. Direction de la danse : Maud Le Pladec.  lumières : Thomas Dechandon. Costumes : Louis Gabriel Nouchi. Consultants dramaturgiques : Fanny Herrero, Leïla Slimani, Patrick Boucheron. Retransmission sur France 2

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Pas de pluie, pas de polémiques, un coucher de soleil somptueux, un cadre architectural inouï et une brassée d'images apaisantes et optimistes dues au chorégraphe ont donné un coup d'éclat à la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques de Paris 2024.

Comme pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, également conçue par , celle-ci débute par une séquence filmée mettant en scène non plus Zinedine Zidane, mais le télégénique Théo Curin, nageur paralympique qui anime Théo, le taxi, une émission sur France Télévision. Son taxi, pour le coup, a été entièrement recouvert de phryges rouges, les fameuses mascottes des Jeux de Paris 2024. Arrivé sur la Place de la Concorde, il est accueilli par 150 danseurs qui se sont emparés de l'impressionnante surface scénique (conçue par Bruno Delavenère) montée tout autour de l'Obélisque de Louxor, et qui crée une belle alliance de cette verticalité avec l'horizontalité du plateau.

C''est là que le chorégraphe suédois commet son premier miracle. Faisons fi du propos dramaturgique pas très clair où il est question de « strict society » (les valides) ne voulant pas regarder la « creative society « (personnes en situation de handicap). Cette dernière est habillée joyeusement, là où la « strict society » en costume noir, cravate et lunettes noires est censée être « rigide et rétive au changement ». En réalité, ce costume plutôt cool à la Men in black ou Blues Brothers et la chorégraphie ultra dynamique et libre qui l'anime montrent plutôt une société inventive, rebelle et tout en mouvement. Tant mieux, si la mise en image du propos le dépasse allègrement. On regrette quand même la disproportion numérique entre danseurs valides (140 danseurs) et en situation de handicap (16 seulement), alors qu'il existe de nombreux danseurs en situation de handicap de par le monde, qui auraient pu montrer ici tout leur talent. Heureusement, certains danseurs seront plus tard mis en avant comme l'incroyable breakdancer sud-africain Musa Motha qui évolue sur sa seule jambe et ses béquilles.

La manière dont Ekman s'empare de cet immense plateau, joue des lignes, de la vitalité et de la qualité de ses ensembles est exemplaire. Il s'en dégage une énergie mais aussi un univers poétique qui n'existait pas dans la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques des bords de Seine, où la chorégraphie était uniquement physique. On y retrouve aussi, dans les séquences d'Ekman, des éléments de son univers, comme les vestes de costume balayées au sol et qui rappellent certains tableaux de son magnifique Midsummer Night's Dream où les danseurs jettent et reprennent du sol de grandes gerbes de paille. Le tableau, nommé Discorde propose aussi une belle diagonale de neuf  pianos à queue (hommage à Pina Bausch ?) sur lesquels va danser, debout, Christine and the Queen, égérie pop française dans une relecture très lisse de Je ne regrette rien d'Edith Piaf. L'artiste tout de rouge vêtu reviendra (dommage d'ailleurs car il y a là une redite) en chantant une relecture encore plus lisse de Born to be alive, tube planétaire de Patrick Hernandez.

S'ensuit  la parade des athlètes, qui prend alors tout son sens quant à la pluralité des corps. De l'Afghanistan au Zimbabwe, puis aux États-Unis (qui accueilleront les JO de 2028) et à l'Australie (pour les Paralympiques de Brisbane en 2032), la France clôt le défilé de ces 5 100 athlètes venus de 168 délégations et qui  forment le plus bel exemple d'unité dans la diversité des handicaps, de force et de faiblesses, de fraternité, de complicité et de résilience. Sans oublier la centaine de volontaires de ces Jeux, passés maîtres dans l'art d'accueillir avec allégresse le public sur les sites, et qui ont fait une ode à ces athlètes en dansant à leur passage, et ce, pendant plus d'une heure et demie, durée du défilé !

Une fois arrivés dans l'arène de la Concorde, le spectacle peut continuer avec des témoignages filmés très émouvants de jeunes athlètes en situation de handicap, suivi d'un chanteur encore inconnu mais désormais célèbre, le Français Lucky Love, né sans bras gauche, ex-danseur chez Carlson avant de devenir chanteur. Véritable sosie de Freddy Mercury, il illumine la scène, avec sa chanson My ability.

Débute ensuite la séquence protocolaire avec le lever du drapeau français sur un étonnant arrangement de La Marseillaise pour flûte traversière, interprété par Ivet Serra Ayno. Cette version non chantée est due au compositeur et directeur musical des Cérémonies des JO, Victor Le Masne. Il en découle une certaine douceur apaisante mais dont tout lyrisme est absent. L' est dirigé depuis le début de la soirée par son fondateur, , très allant.

Les discours de Tony Estanguet (président du Comité Olympique Paris 2024) et Andrew Parsons (président du Comité International paralympique) insistent sur l'élan et l'immense changement que ces athlètes peuvent susciter dans la société contemporaine :

« Ce qui fait de vous des révolutionnaires, c'est que quand on vous a dit “non”, vous avez continué. Quand on vous a dit “handicap”, vous avez répondu : “Performance.” Quand on vous a dit que c'était impossible, vous l'avez fait. Et ce soir, vous nous invitez à vous rejoindre pour mener ensemble cette révolution paralympique » Tony Estanguet

« Montrons aux dirigeants mondiaux qu'il est possible de s'unir, de se regrouper dans la paix. Marchons, marchons (chanté en français, oui oui), vive la France et vive la révolution de l'inclusion ! »  Andrew Parsons

Vient alors « Sportographie », l'autre tableau mené de main de maître par . Transformant ses danseurs en cosmonautes vêtus de blanc, sur fond  de chronophotographies centenaires, les voilà évoluant dans un univers éthéré, rêvé sans doute, poétique encore, où le geste dansé se lie au geste sportif. Où valides et non valides se trouvent, où la danse devient entraînement, l'échauffement devient geste boxé ou proche du taekwondo. Le valide court avec l'artiste en fauteuil roulant, les paracyclistes font un tour de plateau, les béquilles dansent ou deviennent des rames d'aviron, dans un tableau vraiment magique et tous, gérés par le sifflet de l'arbitre, se mettent à courir sur des pistes d'athlétisme matérialisées par des jeux de lumières, illuminant également avec talent l'Obélisque.

Le drapeau paralympique peut alors être levé, l'hymne paralympique composé par le Français est ensuite interprété magnifiquement en piano-voix par la soprano mal-voyante , née en Guadeloupe et formée au Berklee College of Music de Boston, prix coup de cœur du jury au concours « Voix des Outre-mer » 2020.

L'heure est au serment olympique puis à la flamme et c'est le nageur Florent Manaudou qui, le premier, entre sur le site de la Concorde et la transmet à la star de para tennis Michaël Jeremiasz, suivi par plusieurs para-athlètes de toutes générations. Mais la flamme, désormais partagée, devient aussi une flamme démultipliée, puisque les 150 danseurs vont accompagner son trajet jusqu'à la vasque-ballon en dansant sur la musique la plus célèbre, la plus jouée, l'incontournable Boléro de Ravel. Riche idée qui permet de finir le spectacle sur une envolée chorégraphique parfaitement réglée, emplissant le plateau, illuminé par chacun des 150 danseurs portant haut leur flamme en la faisant danser. Un Boléro condensé en huit minutes d'une grande beauté. Puis les danseurs accompagnent les relayeurs qui vont, seuls, partir allumer la fameuse vasque située au bout d'une belle marche de relais au sein du Jardin des Tuileries, tout illuminé d'or, et sur quelques notes du Lever du jour du Daphnis et Chloé du même Ravel. Dans cette concorde magistrale, les Jeux Paralympiques ne peuvent que fort bien commencer.

Crédits photographiques : Cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques © Alexander Ekman devant l'Arc de Triomphe et les agitos paralympiques à Paris © Carl Thorborg / Paris 2024

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28-VIII-2024. Direction artistique des cérémonies des Jeux Paris 2024 : Thomas Jolly. Direction artistique de la Cérémonie d’ouverture Paralympique : Alexander Ekman. Réalisateur TV des cérémonies : Greg Breakell. Dramaturgie : Damien Gabriac. Direction musicale et compositions originales : Victor le Masne. Scénographie : Bruno de Lavenère. Direction de la danse : Maud Le Pladec.  lumières : Thomas Dechandon. Costumes : Louis Gabriel Nouchi. Consultants dramaturgiques : Fanny Herrero, Leïla Slimani, Patrick Boucheron. Retransmission sur France 2

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