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Avec Marina Viotti : Mozart et la voix de mezzo

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : « Ah, scostati … Smanie implacabili » extrait de Così fan tutte ; air de concert « Ch’io mi scordi di te … Non temer, amato bene te » ; « Giunse alfin il momento … Deh vieni, non tardar » et « Voi che sapete » extraits de Le nozze di Figaro ; « Venga pur, minacci e frema » extrait de Mitridate, rè di Ponto ; « Perchè tacer degg’io? … Cara, lontano ancora » extrait de Ascanio in Alba ; motet « Exsultate, jubilate » ; « Va’ pure ad altri in braccio » extrait de La finta giardiniera ; « Parto, ma tu ben mio » extrait de La clemenza di Tito ; « Laudamus te » extrait de la Messe en ut mineur. Avec Marina Viotti, mezzo-soprano ; Sebastian Wienand, piano. Gli Angeli Genève, direction : Stephan MacLeod. 1 CD Aparté. Enregistré en juin 2023 à la Großer Festsaal Landgasthof Riehen de Bâle. Notice de présentation en anglais et français. Durée : 64:25

 

Exploration de la tessiture du mezzo mozartien avec et l'. De quoi combattre quelques idées reçues.

Le concept ayant guidé à la réalisation de l'album est visiblement de rappeler que du temps de Mozart le mot « mezzo » ne voulait pas dire grand-chose. Les pages présentées sur ce CD ont en effet été autrefois destinées soit à des castrats, dont il est vrai que certains chantaient dans une tessiture plus aiguë que d'autres, soit par des chanteuses généralement désignées sous le terme de « soprano ». Les tessitures de Fiordiligi, Dorabella et Despina ne sont pas très différentes l'une de l'autre, même s'il est vrai que dans les ensembles l'une tiendra forcément une partie plus élevée que l'autre. Et il en est de même pour Elvira et Despina dans Don Giovanni. Nombreuses sont les chanteuses qui ces dernières années nous ont rappelé cela, et de nombreuses mezzos, ou sopranos à l'aigu court par rapport à d'autres, ont récemment fait la preuve qu'elles pouvaient chanter indifféremment la plupart de ces rôles : Karine Deshayes a chanté la comtesse des Noces après avoir interprété Cherubino, Cecilia Bartoli a été à la fois Cherubino et Susanna, et elle a pu chanter à la scène les trois rôles de Cosi. Déjà la grande Teresa Berganza avait enregistré « Come scoglio » à l'époque où elle était une des meilleures Dorabella de sa génération.

De par sa tessiture, rejoindrait assez facilement ces trois devancières, auxquelles nous pourrions encore ajouter Joyce DiDonato, autre mezzo ou soprano à l'aigu plutôt court. Les pages les moins convaincantes de cet album sont très nettement celles écrites pour des castrats dont on dirait aujourd'hui qu'ils étaient des castrats altos, qu'il s'agisse de Giuseppe Cicognani, créateur du rôle de Farnace dans Mitridate, ou bien de Giuseppe Manzuoli, créateur de Ascanio in Alba. Malgré la facilité de la vocalise, la voix de perd en netteté et en projection dans les notes les plus graves, donnant l'impression d'un chant approximatif et brouillon. On la préférera davantage dans les parties écrites pour les castrats sopranos Venanzio Rauzzini, Domenico Bedini et Tommaso Consoli, respectivement dédicataire de l'Exsultate, jubilate et créateurs de La clemenza di Tito et La finta giardiniera. Le motet latin est de belle qualité, même si la concurrence est rude pour la jeune chanteuse qui se tire fort honorablement aussi du « Parto, parto » de Sesto ou du « Va' pure ad altri in braccio » de Ramiro. A l'aise également dans les pages pour soprano, Marina Viotti a eu bien raison de faire figurer sur le même programme l'air de Suzanne du quatrième acte des Noces de Figaro et l'air de concert « Ch'io mi scordi di te », tous deux écrits sur mesure pour la soprano anglaise Nancy Storace. Dans ces pages, la voix de Marina Viotti se déploie avec harmonie et naturel, sans pour en autant apporter une réelle valeur ajoutée par rapport aux très nombreuses versions déjà recensées. Jolie version également de « Voi che sapete » de Cherubino ou du « Smanie implacabili » de Dorabella, même si l'on voit mal l'intérêt qu'il y a à graver pour un récital des pages aussi galvaudées. Le « Laudamus te » de la Messe en ut mineur, avec ses sauts et ses vocalises, est sans doute l'un des morceaux les plus réussis du CD. Dans toutes ces pages, Marina Viotti est efficacement accompagnée de l'ensemble Gli Angeli, que dirige avec verve et probité le chef Stephan MacLeod.

En somme, un enregistrement fait surtout de morceaux hyper connus qui n'apportera pas grand-chose à une discographie déjà bien remplie, mais qui sera une jolie carte de visite pour une des chanteuses les plus en vue du moment, dont il conviendra de suivre avec intérêt la carrière et les évolutions.

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : « Ah, scostati … Smanie implacabili » extrait de Così fan tutte ; air de concert « Ch’io mi scordi di te … Non temer, amato bene te » ; « Giunse alfin il momento … Deh vieni, non tardar » et « Voi che sapete » extraits de Le nozze di Figaro ; « Venga pur, minacci e frema » extrait de Mitridate, rè di Ponto ; « Perchè tacer degg’io? … Cara, lontano ancora » extrait de Ascanio in Alba ; motet « Exsultate, jubilate » ; « Va’ pure ad altri in braccio » extrait de La finta giardiniera ; « Parto, ma tu ben mio » extrait de La clemenza di Tito ; « Laudamus te » extrait de la Messe en ut mineur. Avec Marina Viotti, mezzo-soprano ; Sebastian Wienand, piano. Gli Angeli Genève, direction : Stephan MacLeod. 1 CD Aparté. Enregistré en juin 2023 à la Großer Festsaal Landgasthof Riehen de Bâle. Notice de présentation en anglais et français. Durée : 64:25

 
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