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La part belle à la jeunesse au Festival du Comminges

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Valcabrère. Basilique. 27-VII-2024. Gabriel Fauré (1845-1924) : Quatuor avec piano n° 1. Johannes Brahms (1833-1897) : Quatuor avec piano n° 2. Liya Petrova, violon. Lise Berthaud, alto. Victor Julien-Laferrière, violoncelle. Jean-Frédéric Neuburger, piano.

Saint-Gaudens. Collégiale. 11-VIII-2024. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : air de Cloride « Tra sentier di amene selve » extrait de Parnasso in festa HWV 73 ; airs de Serse « Frondi tenere » et « Ombra mai fu » extrait de Exerces HWV 40 ; air d’Irene « As with rosy steps » extrait de Theodora HWV 68 ; airs de Joachim « Frost nips the flowers » et « On fair Euphrates’ verdant side ». Francesco Geminiani (1687-1762) : La Foresta Incantata (partie I) ; La Foresta Incantata (partie II). Antonio Vivaldi (1678-1741) : air d’Emilia « Nella foresta » extrait de Catone in Utica RV 705 ; Sonate en trio « La Follia » RV 63. Georg Philipp Telemann (1681-1767) : Tafelmusik TWV 55:e1. Adèle Charvet, mezzo-soprano. Le Concert de la Loge, direction : Julien Chauvin.

Saint-Bertrand de Comminges. Cathédrale. 17-VIII-2024. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Pièce d’orgue en sol majeur BWV 572 ; Prélude du Choral O Mensch, bewein’dein Sünde Groß BWV 622 ; Passacaille et fugue en ut mineur BWV 582. Bruno Rattini (né en 1991) : Triptyque pour orgue. Claude Bénigne Balbastre (1724-1799) : Concerto pour orgue en ré majeur. Lucile Dollat (née en 1997) : Improvisation. Lucile Dollat, orgue

Le Festival du Comminges s'inscrit dans le renouvellement pour cette 49e édition. Entre jeunesse et premières fois, c'est une programmation variée qu'offre cette année encore son directeur artistique .

C'est une série de trois concerts que nous proposent les quatre artistes en résidence durant le festival : le violoncelliste , la violoniste , l'altiste et le pianiste . La programmation a été construite pour mieux cerner la musique de Georges Enesco, avec son Quatuor avec piano n° 1 qui est joué pour la première fois au Festival du Comminges, comme l'indique le directeur artistique en préambule du concert. On peut regretter que le lien entre ces soirées n'ait pas été mieux mis en avant au préalable afin de mettre en valeur la cohérence musicale globale menée par cette résidence d'artistes.

Cette formation chambriste inhabituelle est intéressante. L'association du piano, du violon, de l'alto et du violoncelle permet d'associer la puissance symphonique avec l'intimité de deux pièces de la période romantique.

Dans le Quatuor avec piano n° 1 de , avec le piano de , les musiciens exposent une polyphonie claire et un équilibre agréable entre les différentes lignes. L'Allegro agité met en avant les forces orchestrales du pianiste, alors que les musiciens s'imprègnent sans mesure du lyrisme mélancolique de l'Adagio, le Scherzo se caractérise par la qualité de mise en place pour traduire la virtuosité du dialogue entre piano et cordes, avant un Finale vigoureux aux accents tziganes. Le Quatuor avec piano n° 2 de permet d'apprécier de nouveau la belle homogénéité des trois instruments à cordes frottées et l'engagement du pianiste.

Soirée Olympique à Saint-Gaudens

Ce jour-là, malgré la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques qui a lieu en même temps, la soirée musicale s'annonce sous les meilleurs auspices avec la présence de la mezzo-soprano et ; s'amusant presque de la situation après ses déboires avec le Comité olympique en 2016.

Le directeur musical a construit sa programmation musicale telle « une promenade en forêt à l'ombre des grands chênes et au cœur de l'opéra du XVIIIe siècle ». On ne peut pas dire que la Foresta Incantata (Forêt enchantée) de , découpée ce soir en deux parties bien distinctes par des extraits d'opéras de Telemann, Vivaldi et Haendel, soit un puits d'inventivité tant cette succession de danses paraît fade et sans surprise malgré les solos de violon plus ou moins virtuoses. Malgré tout, contraste cette musique par des variations et des nuances insufflées bien à propos.

Heureusement, donne chair à un patchwork d'airs d'opéras baroques par une voix intense et moelleuse. La mezzo expose ses assises solides et sa voix flexible à travers le chant d'amour de Xerxès pour un arbre (Ombra mai fu), tout comme des intentions vibrantes et une belle complicité avec l'orchestre, notamment dans la plainte de cet animal blessé extrait de Catone in Utica d' (Nella foresta). C'est dans Vivaldi également que fait merveille, avec une Sonate en trio en ré mineur « La Follia » RV 63 empreinte d'une fougue joyeuse pour traduire les caractéristiques de cette danse baroque populaire d'origine portugaise.

Une première pour et le Festival du Comminges

Jouer sur le célèbre orgue de la cathédrale de Saint-Bertrand de Comminges est une première pour l'actuelle organiste en résidence à Radio France. De fait, Lucile Dollat ne se lance pas dans une totale improvisation, comme cela était annoncé dans le programme de la soirée, mais dans une Suite française improvisée inspirée de l'hymne grégorien Ave Maris Stella. Le jeu n'en reste pas moins inspiré, tout comme la créativité de cette jeune organiste de 27 ans, par le biais de ces six petits morceaux qui s'intercalent avec le plain chant grégorien : le premier en plein jeu, le deuxième selon un duo à deux voix, une pièce de taille pour le troisième, sur une base de trompette pour la quatrième petite pièce, sur un fonds d'orgue pour l'expression poétique du cinquième petit morceau, et un dialogue sur les grands jeux pour finir.

La musicienne fait le choix d'une programmation musicale éclectique. Le Triptyque pour orgue du compositeur contemporain , influencé par la musique minimaliste répétitive, marque bien plus les esprits par l'originalité de ces cellules répétées en boucle selon un environnement modal, que le Concerto pour orgue en ré majeur de . Chez le compositeur du XVIIIᵉ siècle, malgré l'expressivité de sa Gavotte, le témoignage de tout l'art musical français de l'époque (Prélude) et les caractéristiques typiques du concerto à l'italienne (Allegro), cette musique parait assez convenue malgré le style et la vérité de ton de l'organiste, qu'on avait apprécié dans un précédent enregistrement discographique.

En début de soirée, la symbolique en plein-jeu de la Pièce d'orgue en sol majeur BWV 572 de , retraçant la jeunesse, la maturité puis la fin de vie du Cantor à travers ses trois volets enchaînés, déploie la riche polyphonie à cinq voix de son puissant mouvement central. Lucile Dollat se distingue particulièrement par sa technicité sans faille et sa précision de jeu, finement articulé, et ses intentions, dans la dernière pièce de la soirée, la Passacaille et fugue en ut mineur BWV 582 où l'inventivité de cette série de variations, qui symbolisent chacune un temps liturgique, selon la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, correspondant par exemple au sujet principal et aux deux contre-sujets de la fugue, touche au plus juste.

Crédits photographiques : Lucile Dollat © Djibrann Hass

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Valcabrère. Basilique. 27-VII-2024. Gabriel Fauré (1845-1924) : Quatuor avec piano n° 1. Johannes Brahms (1833-1897) : Quatuor avec piano n° 2. Liya Petrova, violon. Lise Berthaud, alto. Victor Julien-Laferrière, violoncelle. Jean-Frédéric Neuburger, piano.

Saint-Gaudens. Collégiale. 11-VIII-2024. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : air de Cloride « Tra sentier di amene selve » extrait de Parnasso in festa HWV 73 ; airs de Serse « Frondi tenere » et « Ombra mai fu » extrait de Exerces HWV 40 ; air d’Irene « As with rosy steps » extrait de Theodora HWV 68 ; airs de Joachim « Frost nips the flowers » et « On fair Euphrates’ verdant side ». Francesco Geminiani (1687-1762) : La Foresta Incantata (partie I) ; La Foresta Incantata (partie II). Antonio Vivaldi (1678-1741) : air d’Emilia « Nella foresta » extrait de Catone in Utica RV 705 ; Sonate en trio « La Follia » RV 63. Georg Philipp Telemann (1681-1767) : Tafelmusik TWV 55:e1. Adèle Charvet, mezzo-soprano. Le Concert de la Loge, direction : Julien Chauvin.

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