Enregistrements live inédits de Mikhail Rudy à Saint-Pétersbourg

Le 15 août 2024 par Jean-Luc Caron

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Edvard Grieg (1843-1911) : Concerto pour piano ; Serge Prokofiev (1891-1953) : Concerto pour piano n° 2 ; Richard Wagner – Franz Liszt : La mort d’Isolde ; Chopin : Nocturne op. 27 ; Debussy : Étude pour les 8 doigts ; Prokofiev : Prélude op. 12 n° 3 ; Scriabine : Étude op. 42 n° 3. Mikhail Rudy, piano ; Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, dir. Mariss Jansons. 1 CD Le Palais des dégustateurs. Enregistrements live inédits. Notice de présentation en français et anglais. Durée : 76:01

Le Palais des Dégustateurs

Plusieurs concerts donnés à Saint-Pétersbourg par le pianiste français d'origine russe Mikhail Rudy ont été enregistrés autour des années 1990. Certains nous sont proposés aujourd'hui confirmant les hautes qualités techniques et expressives d'un des solistes les plus marquants de notre époque.

Mikhail Rudy est élève du fameux Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Après avoir été privé de droits civiques alors qu'il résidait en Ukraine, il remporte le Premier Grand Prix du Concours Marguerite-Long à Paris en 1975. Peu après il obtient le droit d'asile politique en France et travaille avec Paul Paray, joue avec Mstislav Rostropovitch et Isaac Stern, puis se produit sous la baguette de Karajan, Maazel et bien d'autres chefs de renom. Il se produit dans de nombreuses salles prestigieuses dans le monde entier et enregistre au disque des œuvres majeures qui lui valent une large reconnaissance internationale.

Du côté de ses disques, on signalera le Concerto pour piano n° 2 de Chostakovitch qu'il enregistre avec le London Philharmonic placé sous la direction de Mariss Jansons, chef que l'on retrouve sur la présente gravure. De nombreuses distinctions et critiques élogieuses parsèment son parcours en tant que récitaliste, chambriste, accompagnateur et soliste avec orchestre, tant au concert qu'à l'enregistrement pour lequel il laisse des gravures remarquables. De plus, il participe avec une grande ouverture d'esprit à diverses collaborations musicales et artistiques. Le BBC Music Magazine le classa parmi les 20 plus grands pianistes du monde.

En 1989, grâce à l'assouplissement politique de la Perestroïka, Mikhail Rudy retourne en URSS, à Saint-Pétersbourg, où il enregistre la célèbre émission Le Grand Échiquier avec Jacques Chancel aux côtés de l'Orchestre philharmonique de Leningrad. L'événement lui permet une rencontre « miraculeuse » avec cette grande phalange, ainsi qu'il le confie à Stéphane Friédérich qui mène un entretien fort intéressant et instructif. À la demande des musiciens eux-mêmes une collaboration fut mise en place. Repéré par le chef letton Maris Jansons qui à cette époque officiait comme premier chef invité du Philharmonique de Leningrad, il fut décidé quelques mois plus tard (1991) d'envoyer des techniciens de chez EMI pour enregistrer le Concerto n° 1 de Tchaïkovski et le Concerto n° 2 de Rachmaninov ; un disque qui reçut un Grand Prix. D'autres interprétations furent gravées toujours avec le même orchestre devenu de Philharmonique de Saint-Pétersbourg depuis le 13 juin 1991. D'autres séances furent programmées dont certaines furent enregistrées par des techniciens ayant reçu simplement l'accord de l'orchestre. Il en résulta un certain nombre de bandes de qualité très correctes, récupérées par le pianiste, comme le prouve le présent enregistrement qui témoigne de cette manière peu courante de procéder.

L'amitié et la complicité artistique du soliste et du chef deviennent évidentes à l'écoute des deux concertos sélectionnés. Le Concerto en la mineur (op.16, 1868, révisé en 1906-07) du Norvégien Edvard Grieg, dont Rudy, souligne « une étonnante fraîcheur… » et perçoit des messages venus « des personnages de contes et légendes… ». L'exécution toute de sincérité et de naturel a laissé dans la mémoire du pianiste « une émotion unique de cette soirée ». Le Concerto n° 2 (1913) de Prokofiev, dont la deuxième version fut créée à Paris en 1924 par le compositeur, nous transporte dans un imaginaire situé aux antipodes du précédent. Mikhail Rudy, qui l'apprécie hautement depuis des décennies, l'aborde avec fougue et précision, respect et inspiration. Ce témoignage, d'une qualité sonore très acceptable même si quelque peu daté, nous parvient grâce à un preneur de son privé. Le programme ménage en complément une place à quelques « bis » célèbres et très sollicités pour pianiste seul que Mikhail Rudy aime à proposer au cours ou au décours de ses prestations publiques. Pour chaque pièce il prouve son talent de coloriste, d'architecte, de virtuose et ses capacités techniques stupéfiantes.

Une proposition bienvenue de gravures inédites très appréciables où l'adresse et l'inspiration incontestables de Mikhail Rudy rendent marginale une qualité sonore quelque peu dépassée.

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