L’Or du Rhin au Staatsoper de Berlin par Tcherniakov et Thielemann
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Richard Wagner (1813-1883) : L’Or du Rhin (Das Rheingold) Prologue (1869) du festival scénique du Ring des Nibelungen (1876). Livret du compositeur. Mise en scène : Dmitri Tcherniakov. Costumes : Elena Zaytseva. Lumières : Gleb Filshtinsky. Vidéo : Alexey Poluboyarinov. Avec : Michael Volle, Wotan ; Rolando Villazón, Loge ; Johannes Martin Kränzle, Alberich ; Claudia Mahnke, Fricka ; Mika Kares, Fasolt ; Peter Rose, Fafner ; Lauri Vasar, Donner ; Siyabonga Maqungo, Froh ; Stephan Rügamer, Mime ; Anett Fritsch, Freia ; Anna Kissjudit, Erda ; Anna Laprovskaja, Evelin Novak, Natalia Strycka, filles du Rhin. Staatskapelle de Berlin, direction : Christian Thielemann. 2 DVDs Unitel. Enregistré en octobre 2022 au Staatsoper Unter den Linden à Berlin. Notice de présentation en allemand, anglais et français. Durée : 156:00
Unitel EditionSi le Prologue de ce nouveau Ring berlinois enthousiasme par la direction de Christian Thielemann et la qualité de la distribution vocale, la mise en scène de Dmitri Tcherniakov invite à plus de modération.
Ce Ring capté en 2022 au Staatsoper Unter den Linden répondait au souhait de Daniel Barenboim de fêter conjointement son 80e anniversaire et ses trente années passées à la tête de l'institution berlinoise. Empêché pour des raisons de santé, c'est finalement Christian Thielemann, désigné entre temps directeur de la Staatskapelle de Berlin et du Staatsoper, à qui a échu le projet. Si la réalisation musicale confirme le bien fondé de ce choix, en revanche la mise en scène de Dmitri Tcherniakov, une fois de plus, interroge…Capable du pire comme du meilleur, une fois encore, le metteur en scène russe surprend par sa vision originale certes, mais totalement extravagante, transposant l'action dans un centre de recherche sur le cerveau humain nommé E.S.C.H.E (frêne en allemand). On admire le clin d'œil, mais on persiste à se demander le pourquoi d'une telle transposition qui en dehors de l'effet de surprise éphémère du premier tableau n'apporte rien de neuf dans l'analyse de l'œuvre. Tcherniakov centre son propos sur l'humain (dieux et humains confondus) dans une scénographie monumentale qui prend la forme d'un grand immeuble réunissant sur plusieurs niveaux reliés par un ascenseur : le Walhalla figuré par un salon cossu agrémenté d'une cour plantée d'un arbre gigantesque (encore le frêne !), le Nibelheim au sous-sol fait de bureaux aux néons éclatants, où règne sans partage un Alberich despotique et violent, des étages intermédiaires d'expérimentation animale (lapins) et différentes salles annexes de tests neurologiques etc… Les costumes hideux évoquent les années 70. Le propos, centré sur la quête de l'Anneau (figure métaphorique du pouvoir possiblement technologique et image quintessenciée de l'Or), reste d'une relative cohérence au prix de quelques écarts avec le livret original. La circulation d'acteurs témoigne d'une virtuosité théâtrale incontestable soutenue par des chanteurs-acteurs très impliqués.
Dans la fosse, en s'appuyant sur des tempi assez lents, déployant une articulation claire exaltée par la valeur intrinsèque de la phalange berlinoise, Christian Thielemann parvient à maintenir, tout du long, un équilibre parfait avec le plateau, redonnant à la musique tout le lustre, toute la poésie mystérieuse et la grandeur épique que la mise en scène de Tcherniakov lui refuse avec obstination.
La distribution vocale d'une remarquable homogénéité est, à l'égal de l'orchestre, le point fort de cette production. A tout seigneur tout honneur, Michael Volle incarne avec brio un Wotan ambigu et bien chantant, étalant une suffisance de surface qui ne parvient pas à masquer sa veulerie profonde, manipulé par un Loge grotesque et machiavélique (Rolando Villazón) qui joue mieux qu'il ne chante. Face à ce Wotan de haute volée, la bienveillante et fougueuse Fricka de Claudia Mahnke ne démérite pas, tout comme la discrète Freia d'Anette Frisch. Johannes Martin Kränzle est un formidable Alberich, diabolique à souhait face au Mime résigné de Stephan Rügamer. L'envoutante Erda de Anna Kissjudit avec son timbre d'outre-tombe, les géants mafieux de Mika Kares (Fasolt) et Peter Rose (Fafner), le Donner de Lauri Vasar, le Froh de Siyabonga Maqungo et les Filles du Rhin (Anna Laprovskaja, Evelin Novak, Natalia Strycka) changées pour l'occasion en secrétaires médicales (!) complètent cette nouvelle et originale production berlinoise.
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Richard Wagner (1813-1883) : L’Or du Rhin (Das Rheingold) Prologue (1869) du festival scénique du Ring des Nibelungen (1876). Livret du compositeur. Mise en scène : Dmitri Tcherniakov. Costumes : Elena Zaytseva. Lumières : Gleb Filshtinsky. Vidéo : Alexey Poluboyarinov. Avec : Michael Volle, Wotan ; Rolando Villazón, Loge ; Johannes Martin Kränzle, Alberich ; Claudia Mahnke, Fricka ; Mika Kares, Fasolt ; Peter Rose, Fafner ; Lauri Vasar, Donner ; Siyabonga Maqungo, Froh ; Stephan Rügamer, Mime ; Anett Fritsch, Freia ; Anna Kissjudit, Erda ; Anna Laprovskaja, Evelin Novak, Natalia Strycka, filles du Rhin. Staatskapelle de Berlin, direction : Christian Thielemann. 2 DVDs Unitel. Enregistré en octobre 2022 au Staatsoper Unter den Linden à Berlin. Notice de présentation en allemand, anglais et français. Durée : 156:00
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