La Donna del lago par Damiano Michieletto : souvenirs, souvenirs…
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Gioachino Rossini (1792-1868) : La Donna del Lago, opera seria en deux actes sur un livret d’Andrea Leone Tottola d’après le poème de Walter Scott The Lady of the Lake. Mise en scène : Damiano Michieletto. Décors : Paolo Fantin. Costumes : Klaus Bruns. Lumières : Alessandro Carletti. Avec : Salome Jicia, mezzo-soprano (Elena) ; Varhudi Abrahamyan, (mezzo-soprano (Malcolm) ; Juan Diego Flórez, ténor (Giacomo V) ; Michael Spyres, ténor (Rodrigo) ; Marko Mimica, baryton-basse (Douglas) ; Francisco Brito, ténor (Serano & Bertram) ; Ruth Iniesta, soprano (Albina) ; Giusi Merli, Elena âgée ; Alessandro Baldinotti, Malcolm âgé. Chœurs (Chef des Chœurs : Andrea Faidutti) et Orchestre du Teatro Communale di Bologna, direction musicale : Michele Mariotti. Réalisation : Paolo Filippo Berti. Enregistré sur le vif à l’Adriatica Arena, Pesaro 2016. Sous-titrages italien, allemand, anglais, français, espagnol, japonais et coréen. 2 DVD C Major. Notice de présentation trilingue (anglais, français, allemand) de 22 pages. Durée totale : 168:00
C MajorEn 2016, à Pesaro, la mise en scène de Damiano Michieletto avait fait ressortir des eaux noires de l'Histoire de la musique La Donna del lago de Rossini, créée avec succès en 1819 à Naples, plus guère jouée au-delà du XIXᵉ siècle. C Major entérine en 2024 ce moment-phare de l'histoire du ROF.
Sous-titré mélodrame en deux actes, La Donna del lago compte au nombre des opéras serias de Rossini, veine aujourd'hui pleinement reconsidérée, à hauteur des farces qui ont fait son succès, le talent de plus d'un metteur en scène-phare du moment n'étant pas pour rien dans la prise au sérieux de livrets à la dramaturgie convenue. On se souvient du formidable Guillaume Tell du grand raconteur d'histoire Tobias Kratzer à Lyon en 2019. Actuellement son égal en terme de relecture fine, Damiano Michieletto magnifie lui aussi le livret qu'Andrea Leone Tottola adapta du roman éponyme de Walter Scott paru en 1810, dont notre époque n'aurait pas donné cher des énièmes imbroglios amoureux sur fond de sédition.
Avec Damiano Michieletto, il y a toujours un plus sémantique, de l'ordre de la mélancolie. Comme l'on a pu s'en rendre compte récemment à Paris ( son Don Quichotte nostalgique), puis à Lyon (son Béatrice et Bénédict rebelle), avec lui les chants les plus beaux sont généralement les plus désespérés. Sa Donna del lago invite sur son plateau un couple de vieillards : Elena et Malcolm, amants jadis réunis par Rossini, aujourd'hui mis dos à dos par Michieletto. Comment ont-ils pu en arriver là ? Jouant jusqu'au vertige des allers et retours de la mémoire amoureuse, le metteur en scène italien creuse au-delà du lieto fine de La Donna del lago, faisant de l'opéra en son temps le plus joué de Rossini, une réflexion sur l'usure des sentiments, sur les différents chemins que la vie propose d'emprunter, sur la valse des regrets…
Avec Damiano Michieletto (et Paolo Fantin, son formidable alter ego), il y a toujours un plus esthétique. Prenant au pied de la lettre l'anecdotique surnom donné à Elena, romantique héroïne aimant à errer sur les bords du lac, par les habitants du village, la mise en scène élit carrément domicile dans les clairs-obscurs modulables du décor en lambeaux d'une demeure envahie par l'aquatique. Même si le DVD peine à valoriser les subtilités d'un jeu d'orgues d'un univers souvent enténébré, cette Donna del lago, détaillée avec un sens de la narration aussi poétique, est une vraie réussite. On n'oubliera pas de sitôt l'étonnant moment où la vieille Elena disparaît subitement dans l'onde…
Si cet opéra longtemps méconnu émerge à nouveau, c'est bien évidemment aussi par la grâce de sa distribution exceptionnelle. Michele Mariotti (entendu aussi en 2018 à Liège), garant de la lettre rossinienne, place sa baguette à la hauteur des exigences vertigineuses de la partition, comme des voix qui habitent la production. Un chœur idoine, des comprimarii sans reproche (Francisco Brito, Ruth Iniesta), un Douglas plein d'autorité (Marko Mimica), un Malcolm intense (Varduhi Abrahamyan), une Elena au sommet (Salome Jicia). Quant aux impressionnants Michael Spyres et Juan Diego Flórez, ils ne font pas que briller au cœur du galvanisant combat de coqs de l'Acte II. Le ténor dessine du roi Giacomo V, amoureux transi mais vrai humaniste, un portrait très Clémence de Titus. C'est l'aura de ce personnage qui fait honneur à l'espèce humaine que Michieletto, avec son lieto fine à lui, entend imprimer sur la rétine de son spectateur…
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