Reconstitution d’une messe de François Couperin à Saint-Maximin
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Basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. Festival international de La Roque d’Anthéron. 31-VII-2024. François Couperin (1668-1733), Messe à l’usage des paroisses avec plain-chant en alternance du graduel parisien de 1689. Motets de Marc Antoine Charpentier (1643-1704), Henry DuMont (1610-1684), Gabriel Nivers (1632-1714). Ensemble Les Meslanges : Vincent Lièvre-Picard, Thomas van Essen, Roland ten Weges, Philippe Roche, Volny Hostiou, serpent. Emmanuel Arakélian, orgue.
C'est un programme « Grand Siècle », faisant alterner le grand orgue avec le plain-chant et des polyphonies vocales, que nous propose le Festival de La Roque d'Anthéron « hors les murs » dans le cadre de sa programmation de musique ancienne.
La Roque d'Anthéron étend son territoire : après Cucuron et Aix (St Jean de Malte), c'est maintenant le grand orgue Isnard de la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume qui fait partie de l'écurie instrumentale du festival. Cet instrument exceptionnel, récemment restauré par Pascal Quoirin, est idéal pour faire sonner la musique de François Couperin, qui nous a laissé dans sa jeunesse deux messes pour orgue d'une grande inspiration. C'est la Messe à l'usage des paroisses qui est ici choisie pour alterner avec les versets chantés en plain-chant, comme il était d'usage à l'époque. Les quatre chantres de l'ensemble Les Meslanges, conduits par Thomas van Essen, alternent des versets à l'unisson soutenus par le serpent de Vony Hostiou, et des versets chantés en faux-bourdons. Quelques motets en polyphonie prennent place à des moments-clefs de la Messe, comme l'Élévation ou la Communion. Cette reconstitution s'appuie sur une parfaite connaissance musicologique du déroulement de la liturgie à la fin du dix-septième siècle, comme cela avait été déjà fait par Les Meslanges avec Jean-Luc Ho il y a quelques années.
Sous les doigts d'Emmanuel Arakélian, son jeune titulaire, le grand orgue de Saint-Maximin tient toutes les promesses de son immense renommée. Les jeux d'anche sont particulièrement somptueux, ce que l'on peut apprécier dès la fugue du deuxième couplet du Kyrie ou le Dialogue sur la trompette et le cromhorne. La très belle Tierce en taille du Gloria est un grand moment élégiaque. Et que dire des Grands-jeux, qui font toute la gloire du chef d'œuvre de Jean-Esprit Isnard ? Emmanuel Arakélian nous offre une belle articulation qui fait parler l'orgue en une éloquente déclamation. Au centre de la Messe, l'Offertoire sur les grands-jeux est une grande péroraison qui fait vibrer toute la basilique. Les chantres sont à l'unisson de cette solennité, choisissant un tempo très lent pour le plain-chant, ce qui rend l'ordinaire de la messe particulièrement long, mais le temps n'avait pas la même valeur à l'époque … Dans l'Introït et le Credo en plain-chant musical, ils nous régalent par des versets en faux-bourdons écrits par T. van Essen à la façon d'un « chant sur le livre » (improvisation d'une polyphonie par les chantres). Au moment de l'Élévation et de la Communion, les chantres montent en tribune pour de courts motets (DuMont, Nivers) à trois voix égales, accompagnés par le grand orgue. Les voix parfaitement timbrées remplissent sans peine l'immense nef. Jusqu'au Domine salvum de DuMont et le Deo gratias joué sur le petit plein-jeu de l'orgue, on est transporté dans un autre monde où le temps n'a plus de prise.
Crédit photographique : © Clémentine Chauvin
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Basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. Festival international de La Roque d’Anthéron. 31-VII-2024. François Couperin (1668-1733), Messe à l’usage des paroisses avec plain-chant en alternance du graduel parisien de 1689. Motets de Marc Antoine Charpentier (1643-1704), Henry DuMont (1610-1684), Gabriel Nivers (1632-1714). Ensemble Les Meslanges : Vincent Lièvre-Picard, Thomas van Essen, Roland ten Weges, Philippe Roche, Volny Hostiou, serpent. Emmanuel Arakélian, orgue.