Pastorales baroques à Valloire : un bestiaire fabuleux de La Fontaine et une pastorale de Charpentier

Le quinzième Festival baroque de Valloire s'est terminé avec un programme atypique proposé par l'ensemble Faenza et un concert autour de… Noël ! Intrigant puis séduisant. 

La Tortue et l'Aigle. Tel est le titre de la première pièce du concert de l'ensemble Faenza, spécialisé dans les musiques de l'Ancien Régime. L'archiluth de Marco Horvat, fondateur de la formation en 1996 et directeur artistique, est rejoint par le serpent de Patrick Wibart. La plupart des chansons du programme sont issues du répertoire de fables mises en musique et publiées dans les années 1730 sous le titre Fables choisies dans le goût de M. de La Fontaine. Les animaux sont souvent présents dans la musique française des XVII^e et XVIII^e siècles. Voici Le pêcheur et le petit poisson. C'est une pêcheuse, Olga Pitarch, qui part, avec sa canne, au milieu des spectateurs et qui chante avec beaucoup d'humour tandis que la musette d'Hermine Martin accompagne Les moutons qui paissent l'herbe. Mais il n'y a pas que de la joie et du plaisir : la tristesse du Rat qui s'est retiré du monde est chantée en duo très complice par Olga Pitarch et Marco Horvat. On retrouve ce duo dans La Cour du Lion accompagné par le son grave et puissant du serpent. Ce programme, parfaitement dans le thème du Festival des Pastorales baroques, enthousiasme un public venu nombreux dans cette superbe église de style baroque savoyard.

La recherche de musiques baroques pastorales a, évidemment, conduit Benoît Haller et sa Chapelle Rhénane vers Marc-Antoine Charpentier et Noël ! Le lendemain le dernier concert du Festival débute ainsi par le motet (ou pastorale) In nativitatem Domini canticum. L'interprétation met en valeur l'excellent haute-contre Jean-François Lombard et fait découvrir Pierre-Yves Cras, un baryton-basse puissant à l'articulation parfaite. Pour l'ensemble, les ornements à la française sont là mais, peut-être, un peu trop discrets.

Benoît Haller fait passer Charpentier du latin au français avec la Pastorale sur la naissance de N.S. Jésus-Christ. C'est la bergère, Hélène Walter qui débute l'œuvre : « Que nos soupirs, Seigneur, réveillent tes bontés ». Cette soprano déjà confirmée, à la voix puissante, n'hésite pas à ajouter une délicate gestuelle à son chant. On retrouve le beau timbre et l'autorité de la voix de Pierre-Yves Cras : « Écoutez-moi ». Benoît Haller offre un beau programme avec un ensemble presque fusionnel, par exemple dans le chœur « Le règne du péché va croissant à tes yeux ».

Une belle programmation de plus de l'équipe du Festival baroque de Valloire et de son directeur artistique Gaël de Kerret.

Crédits photographiques : Faenza et Hélène Walter © Jean-Noël Démard