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Le chant du clavecin au Festival de La Roque d’Anthéron

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La Roque d’Anthéron, Cloître de l’abbaye de Silvacane.

25-VII-2024. Johann-Sebastian Bach (1685-1750) : adagio de la sonate BWV 1001, arrangement de l’adagio du Concerto en ré mineur de Vivaldi, BWV 1052 ; Jean-Henri d’Anglebert (1629-1691) : arrangement de la Passacaille d’Armide de Lully ; Domenico Scarlatti (1685-1757) : Sonates K30, K 466, K 87, K450, K517 ; François Couperin (1668-1733) : Les Canaries, Sœur Monique ; Jean-Philippe Rameau (1683-1733) : Le Rappel des oiseaux, L’Entretien des Muses, Les Cyclopes. Bertrand Cuiller, sur un clavecin Philippe Humeau d’après un instrument allemand de 1722.

29-VII-2024. François Couperin (1668-1733) : Concerts Royaux, version à deux clavecins. Pierre Gallon et Matthieu Boutineau, clavecins.

Pendant une heure de charme, fait résonner le son argenté d'un magnifique clavecin sous les voûtes romanes de l'abbaye de Silvacane, tandis que quelques jours plus tard et interprètent les Concerts Royaux de .

, ou les Goûts réunis

Le claveciniste aime bavarder avec son public, mais son vrai propos reste discret : c'est de jeter des ponts d'une œuvre à l'autre, pour en faire ressortir les parentés ou les similitudes. Il arrive à donner à J-S Bach, dans l'Adagio de la sonate BWV 100, des accents alla Froberger, mais c'est dans un répertoire plutôt XVIIIe siècle que nous invite : Royer, Scarlatti, Rameau, Bach…, c'est à dire des compositeurs qui sont allés au bout de ce que le clavecin peut exprimer, et en sentiment, et en pure technicité. La Marche des Scythes de Royer est emblématique de cette recherche de volume et de contrastes, et Bertrand Cuiller pousse au maximum de la violence que peut offrir un clavecin intrinsèquement gourmé de retenue. Le parallèle avec Les Cyclopes de Rameau, également traité avec un maximum d'ivresse et de virtuosité, est saisissant. Dans la sonate K30 Fuga, il parvient à montrer que la puissance contrapunctique de Scarlatti n'est pas loin de celle de Bach, et la K450 prend des airs de Fandango qui fait penser à Soler. Cette brillance digitale n'est jamais vaine : Le Rappel des Oiseaux de Rameau fait entendre un merveilleux fouillis sonore qui éclate de poésie, et l'Entretien des Muses une finesse d'esprit remarquable. L'arrière-fonds sonore des cigales participe à l'enchantement. Mais le sommet de ce récital est atteint avec trois morceaux interprétés enchaînés : la K466 de Scarlatti, Les Canaris et Sœur Monique de Couperin. Tout en respectant le caractère propre de chaque morceau, méditatif ou léger, Bertrand Cuiller arrive à leur donner la même dynamique, le même balancement intime, et à décanter de l'ensemble la même émotion aussi intense que subtile. Ce moment-là n'est pas seulement d'un virtuose, mais d'un grand interprète. (MR)

Deux clavecins pour un festival de couleurs

Au printemps dernier, nous découvrions avec bonheur le CD que et consacraient aux Concerts Royaux de transcrits pour deux clavecins (clef Resmusica d'avril 2024). C'est ce même programme qu'ils donnent sous les voûtes du cloître de Silvacane. On le savait déjà en Provence : le chant du clavecin fait bon ménage avec les cymbales des cigales. Ici, ce sont deux grands clavecins de Marc Ducornet, possédant chacun quatre registres plus un jeu de luth, qui permettent une grande variété de sonorités. C'est à une véritable orchestration que se livrent très librement les interprètes, tout en respectant parfaitement l'écriture de Couperin qui encourageait cette initiative.

Dans les Préludes qui ouvrent chaque Concert, le subtil décalage entre les deux instruments renforce l'impression d'entendre un luth préluder sur des accords en arpèges. Les danses qui suivent ont une dynamique précise grâce à une articulation parfaitement maîtrisée. Pour les airs tendres, les interprètes accompagnent les dessus par le jeu de luth qui offre au récit un tapis moelleux. Le Premier Concert se termine par une gigue légère jouée à l'octave supérieure sur les jeux de 4′. La musette du Troisième Concert, marquée « naïvement », fait entendre le jeu de « nasal », registre inhabituel qui pince les cordes au plus près du sillet pour une sonorité métallique. La belle chaconne en rondeau qui conclut ce Concert est un sommet du programme, avec ses effets dynamiques que donne le doublement de la basse au retour du refrain. Dans le Quatrième Concert, une courante à l'italienne est prétexte à des diminutions virtuoses : mais la profusion des ornements ne fait jamais perdre le fil du discours et la précision rythmique des danses. Le programme se termine par une joyeuse forlane en rondeau qui offre une belle progression, mettant en avant toute la palette sonore des deux instruments. Tout au long du programme, les deux interprètes font preuve d'une belle complicité et font briller la musique de Couperin de mille couleurs chatoyantes, dans une interprétation d'une grande poésie. (CG)

Crédits photographiques : Bertrand Cuiller © Jérémie Pontin ; et © Valentine Chauvin

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La Roque d’Anthéron, Cloître de l’abbaye de Silvacane.

25-VII-2024. Johann-Sebastian Bach (1685-1750) : adagio de la sonate BWV 1001, arrangement de l’adagio du Concerto en ré mineur de Vivaldi, BWV 1052 ; Jean-Henri d’Anglebert (1629-1691) : arrangement de la Passacaille d’Armide de Lully ; Domenico Scarlatti (1685-1757) : Sonates K30, K 466, K 87, K450, K517 ; François Couperin (1668-1733) : Les Canaries, Sœur Monique ; Jean-Philippe Rameau (1683-1733) : Le Rappel des oiseaux, L’Entretien des Muses, Les Cyclopes. Bertrand Cuiller, sur un clavecin Philippe Humeau d’après un instrument allemand de 1722.

29-VII-2024. François Couperin (1668-1733) : Concerts Royaux, version à deux clavecins. Pierre Gallon et Matthieu Boutineau, clavecins.

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