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Je n’attends plus, l’exposition monumentale de William Kentridge

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La Mécanique Générale, LUMA, Arles. Exposition William Kentridge : Je n’attends plus. Du 30 juin 2024 au 12 janvier 2025. Commissaires d’exposition : Vassilis Oikonomopoulos, Directeur des expositions et des programmes, Flora Katz, curatrice, avec Lilah Rémy, assistance curatrice.

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Conjointement avec sa nouvelle création mondiale The Great Yes, the Great No, à LUMA Arles dans le cadre du festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, l'exposition « Je n'attends plus » présente un ensemble d'œuvres majeures de l'artiste sud-africain , dont certaines inédites en Europe.

Vaste exposition monographique des œuvres de , l'exposition « Je n'attends plus » présente des installations proches de l'univers du spectacle vivant dans l'espace de La Mécanique Générale, dont Oh To Believe in Another World (2022), More Sweetly Play the Dance (2015) et KABOOM! (2018), ainsi que les iconiques tapisseries de la Porter Series. L'exposition monumentale réunit un exceptionnel ensemble expérimental et performatif, qui éclaire l'œuvre scénique de l'artiste.

compte parmi les artistes les plus protéiformes de sa génération.
Alliant le dessin, le film, la sculpture, ainsi que le théâtre et l'opéra, il interroge depuis plus de quarante ans l'histoire sud-africaine et la lutte des peuples contre l'oppression, quelle qu'elle soit. Ses installations quasi cinématographiques se déploient sous la forme de fresques qui s'inspirent de nombreuses références empruntées à l'histoire de l'art, et plus particulièrement aux mouvements d'avant-garde européens, notamment cubistes, dadaïstes et surréalistes. Le travail du dessin au fusain, ses sculptures, l'utilisation de masques, de collages et de marionnettes confèrent à ses œuvres une dimension onirique et universelle, très proche de son travail pour le spectacle vivant.

Si les problématiques coloniales et raciales liées à l'histoire de l'Afrique du Sud et à l'ensemble du continent africain sont à la racine de son engagement et de son travail artistique, Kentridge s'intéresse également à d'autres histoires et géographies comme la Martinique et la France métropolitaine pendant la Seconde Guerre mondiale ou l'Union soviétique au début du XXᵉ siècle. Le titre de l'exposition, « Je n'attends plus », est une citation de la Martiniquaise Suzanne Césaire, figure majeure de la négritude, un mouvement critique et théorique littéraire développé dans les années trente par un cercle d'intellectuels, écrivains et politiciens francophones œuvrant à l'émergence d'une conscience noire sur le continent africain et au sein de sa diaspora. Les installations de l'exposition, ainsi que leur mise en espace très spectaculaire, montrent à quel point les messages de liberté, de libération et de révolution se croisent au sein de son travail à travers les années.

La traversée de The Great Yes, The Great No

Tout au long du processus de création de l'opéra de chambre The Great Yes, The Great No, William Kentridge a produit des dessins, des peintures, des collages, des sculptures et des installations faisant écho aux problématiques artistiques, politiques et spirituelles soulevées par The Great Yes, The Great No. Sont notamment exposés les décors luxuriants inspirés du jardin de William Kentridge à Johannesburg. L'opéra fait appel à l'imaginaire surréaliste, aux voix de la négritude et multiplie les allusions aux mouvements artistiques d'avant-garde de l'époque. Dans ses œuvres, Kentridge intègre régulièrement des citations ou des expressions issues des ouvrages et des sources littéraires dans lesquelles il puise son inspiration. Constitué à partir des recherches de l'artiste pour le projet The Great Yes, The Great No, l'ensemble de documents présenté dans l'exposition apporte un regard historique et littéraire sur le projet. Il inclut des photographies de Germaine Krull et Vlady Serge ainsi qu'un extrait du livre Tristes Tropiques de Claude Lévi-Strauss. Ces documents se rapportent à la traversée du bateau et au séjour en Martinique, qui forment les points de départ de l'opéra.

Cette présentation met en lumière l'amitié qui se noue entre André Breton et le couple Césaire en Martinique, illustrée par leurs collaborations au sein de la revue Tropiques, et par la préface d'André Breton au poème d'Aimé Césaire Cahier d'un retour au pays natal (1939), emblème de la négritude. Sont également exposés le livret de Kentridge ainsi que des éléments artistiques préparatoires à The Great Yes, The Great No, comme une figurine et une carte d'identité créée pour un personnage.

Dans l'exposition, une installation vidéo baptisée To cross one more sea prend pour point de départ l'opéra de chambre The Great Yes, The Great No, ici représenté à travers une construction spatiale évoquant le bateau où se déroule son récit. Comme dans le spectacle, la création sonore créée par Nhlanhla Mahlangu est accompagnée d'un chœur de sept femmes, et se succèdent sur l'écran des personnages historiques sous forme de silhouettes découpées, des images d'archives et des dessins de flore tropicale.

Masques, marionnettes et Dada

William Kentridge intègre régulièrement dans ses installations des éléments issus du théâtre et de la performance : marionnettes, figurines, masques, pancartes sont fabriqués à l'atelier à partir de matériaux divers puis incrustés dans ses films. L'intérêt pour l'espace, le mouvement et la construction est exploré dans ses découpes et ses collages, souvent fragmentés, à l'image des masques en papier interchangeables présentés dans Oh To Believe in Another World et The Great Yes, The Great No. En mixant de manière innovante les images, les sources et les matériaux, William Kentridge n'est pas loin de se rapprocher des techniques de dessin et de sculptures expérimentales façonnées par les artistes du mouvement Dada au XXe siècle comme les poésies de Tristan Tzara ou les costumes de Sophie Taeuber-Arp. Ainsi, l'artiste insère dans ses installations filmiques des mots clés, tandis que le flux des images juxtapose continuellement le dessin, l'animation, la poésie et les techniques théâtrales.

More Sweetly Play the Dance et Oh To Believe in Another World

Deux installations filmiques immersives sont projetées successivement sur des écrans placés au centre de la Mécanique générale, présentés dans une forme panoramique.
More Sweetly Play the Dance enveloppe le public dans ce qui apparaît comme une parade sans fin. Accompagnée d'une bande sonore créée par l'African Immanuel Essemblies Brass Band et présentant une procession dansante composée de dessins animés et de vidéos, la frise monumentale constituée de sons et d'images mouvantes convie les visiteur ses à prendre part à une danse macabre, tout en les amenant à adopter une posture réflexive sur l'injustice et l'inhumanité, thèmes constitutifs de la pratique de Kentridge. Sur fond d'un paysage animé dessiné au fusain, des personnages marchent en portant des drapeaux, des effigies ou en transportant des chars. Des squelettes humains apparaissent aux côtés de représentations de figures officielles en train de discourir. Multipliant les références telles que la Longue Marche de l'Armée rouge chinoise, les rassemblements politiques officiels, les convois funéraires de La Nouvelle-Orléans, le virus Ebola, ou la célébration du jour des Morts au Mexique, l'œuvre joue sur l'ambigüité de cette marche dont la destination demeure inconnue.

Oh To Believe in Another World est issu du film éponyme créé pour un orchestre jouant la Symphonie n° 10 du compositeur russe Dimitri Chostakovitch, dont William Kentridge a mis en scène l'unique opéra Le nez. Marqué par la vivacité des cuivres et un dramatisme exacerbé, il explore les rêves et les peurs sous le régime soviétique en suivant quatre décennies. Ponctuant l'histoire par des figures et des événements clés – les années 1920 avec Lénine, les années 1930 où se suicide le poète Vladimir Maïakovski, les années 1940 où est assassiné Léon Trotski, jusqu'aux années 1950 avec la mort de Staline -, l'installation filmique explore la relation complexe qu'a entretenue le compositeur avec l'Empire soviétique. Traversant toutes ces époques de son vivant, celui-ci fut tantôt mis au ban, tantôt encensé par le régime. Elmira Nazirova, étudiante, amante supposée du compositeur, et l'actrice russe Lili Brik, amante de Maïakovski, sont également mises en scène. Dans un musée imaginaire russe réalisé en maquette, la caméra circule entre des images d'archives de l'époque soviétique, des œuvres miniatures de l'artiste, et des personnages incrustés portants des costumes et des masques inspirés de Dada et du constructivisme russe.

Dans ces histoires en forme de collage, comme dans l'ensemble de ses œuvres, Kentridge questionne les idéologies politiques, le rôle des artistes et la possibilité de l'utopie dans un monde où tant ont échoué.

Crédits photographiques : photo 1 Portrait of William Kentridge © Norbert Miguletz ; photo 2 : Je n'attends plus, William Kentridge – La Mécanique Générale, Parc des Ateliers, LUMA Arles © Victor & Simon – Joana Luz ; photo 3 : Still from Oh To Believe in Another World, 2022 © Courtesy Maja Hoffmann / LUMA Foundation collection & Courtesy William Kentridge Studio

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