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Roman Novitzky et David Dawson pour une soirée de créations au Ballet de Stuttgart

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Stuttgart. Opernhaus. 8 et 21-VII-2024. Spectacle Novitzky/Dawson.
The Place of Choice. Chorégraphie : Roman Novitzky ; musique : Henry Vega ; décor : Yaron Abulafia ; costumes : Aliki Tsakalou. Avec Mackenzie Brown, Agnes Su, Vittoria Girelli, Giulia Frosi, David Moore, Martí Paixà, Henrik Erikson…
Symphony n°2 « Under the Trees’ Voices ». Chorégraphie : David Dawson ; musique : Ezio Bosso (1971-2020) ; décor : Eno Henze ; costumes : Yumiko Takeshima. Avec Elisa Badenes, Mackenzie Brown, Anna Osadcenko, Daiana Ruiz, Jason Reilly, Martí Paixà (8.7)/Friedemann Vogel (21.7), Henrik Erikson, Gabriel Figueredo, Clemens Fröhlich…Staatsorchester Stuttgart ; direction : Mikhail Agrest/Wolfgang Heinz.

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Deux pièces nouvelles à grand effectif, mais insuffisamment abouties pour sortir la soirée de la monotonie.

Le Ballet de Stuttgart a fait un pari risqué en consacrant une soirée entière à deux créations longues de deux chorégraphes qui ne sont pas franchement en haut de l'affiche des grandes compagnies. Le résultat se laisse voir, mais la monotonie guette vite, a fortiori si on voit la pièce deux fois – d'autant plus que le hasard a voulu que l'alternance des deux distributions prévues pour la pièce de Novitzky a été modifiée, nous privant de la possibilité de les comparer. Les points communs entre les deux pièces sont (trop) nombreux : la longue durée (une heure pour la première, 50 minutes pour la seconde), l'effectif abondant sans véritable hiérarchie entre les danseurs, la tendance à l'abstraction (tempérée par un cadre narratif chez Novitzky, pas chez Dawson) et un choix musical désastreux, plus encore chez Dawson. Les deux chorégraphes ont en effet choisi deux compositeurs de cet entre-deux plutôt déplaisant que les Anglo-Saxons appellent « contemporary classics », soit des compositeurs d'aujourd'hui écrivant au kilomètre avec des recettes éculées, en faisant leurs carrières à l'écart du circuit institutionnel de la musique classique : la musique de Henry Vega écrite pour la pièce de Novitzky, remplit à peu près ses fonctions d'accompagnement sans beaucoup d'invention – elle inclut d'amples citations du répertoire, mais l'inclusion de Schubert dans le deuxième mouvement paraît dérisoire si on pense aux Black Angels de George Crumb.

Sous le titre The Place of Choice, Novitzky décrit un parcours inspiré de la Divine comédie, en en inversant le parcours, du Paradis à l'Enfer. Au cœur du parcours, un homme : ici, c'est David Moore qui part vers les sources du parcours de Dante, sans Virgile ni Béatrice. Le parcours est nettement scandé, avec les trois mouvements de la musique reflétés par trois décors différents, mais on aurait aimé que l'écriture chorégraphique accompagne plus nettement le parcours de ce Dante nouveau : on croit comprendre que, dans chaque tableau, le personnage tente de s'intégrer au monde qu'il découvre et qu'il finit par échouer dans les deux premiers tableaux, avant de devoir faire sien, bon gré mal gré, les imperfections de l'enfer, mais on ne voit pas très bien quelles idées s'incarnent dans chacun des trois lieux successifs. La danse de Novitzky ne manque pas de personnalité, avec une tendance générale néoclassique qui est dans l'ADN de la troupe, mais avec des angles et des perspectives qui la sortent de la banalité ; il suffirait d'un projet un peu plus affiné et d'un peu plus d'audace dans l'expression de ses idées pour parvenir à un résultat plus personnel.

On peine à trouver les mêmes qualités dans les cinquante minutes de la pièce de qui reprend le titre de la musique qu'il y explore, Symphonie No. 2 « Unter the Trees' Voices » d'Ezio Bosso, compositeur disparu en 2020. Cette œuvre pousse très loin le conformisme post-moderne (c'est-à-dire ardemment réactionnaire), avec des effluves de sentimentalisme à la Philip Glass, mais sans s'embarrasser de rigueur formelle. a fait de cette pièce un hommage à John Cranko (dont les choix musicaux, d'ailleurs, étaient bien plus avisés), et aux danseurs actuels du Ballet de Stuttgart, avec qui il créait pour la première fois.


La liste des danseurs est sans aucun doute prestigieuse, réunissant entre les deux distributions la grande majorité des premiers danseurs et solistes de la troupe, mais en soulignant le collectif beaucoup plus que les performances individuelles. Dans la première distribution, c'est Marti Paixà qui est au centre de la pièce, dans le second cas c'est l'étoile suprême de la troupe, , dont on guette les moindres apparitions, mais dans ces ennuyeux costumes noirs sans variété on peine à différencier les danseurs. Est-ce vraiment rendre hommage à une troupe que de définir ainsi une écriture chorégraphique à la fois fondée sur la vitesse et sur des clichés néoclassiques, sans s'intéresser de près aux aptitudes et aux goûts différents de chacun ? Les plus beaux moments sont certainement les débuts des deux premiers mouvements, court duo d'abord, solo ensuite, mais cette attention aux individus dans la troupe ne dure pas. L'écriture néoclassique de la pièce est agréable à voir, mais elle n'est porteuse ni d'idées ni d'émotions, et le noir perpétuel des costumes n'est pas compensé par les vaines évolutions du décor.

Crédits photographiques : © Stuttgarter Ballett ; Yan Revazov, avec l'autorisation de

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Stuttgart. Opernhaus. 8 et 21-VII-2024. Spectacle Novitzky/Dawson.
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Symphony n°2 « Under the Trees’ Voices ». Chorégraphie : David Dawson ; musique : Ezio Bosso (1971-2020) ; décor : Eno Henze ; costumes : Yumiko Takeshima. Avec Elisa Badenes, Mackenzie Brown, Anna Osadcenko, Daiana Ruiz, Jason Reilly, Martí Paixà (8.7)/Friedemann Vogel (21.7), Henrik Erikson, Gabriel Figueredo, Clemens Fröhlich…Staatsorchester Stuttgart ; direction : Mikhail Agrest/Wolfgang Heinz.

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