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Ulysse de retour au festival d’Aix-en-Provence

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Aix-en-Provence, théâtre du Jeu de Paume, 23-VII-2024. Claudio Monteverdi (1567-1643) Il ritorno d’Ulisse in patria. John Brancy, Deepa Johnny, Anthony Leon, Mariana Flores, Alex Rosen, Paul-Antoine Bénos-Djian, Petr Nekoranec, Marcel Beekman, Giuseppina Bridelli, Mark Milhofer, Joel Williams. La Cappella Mediterranea. Direction Leonardo Garcia Alarcon. Mise en scène Pierre Audi. Scénographie et lumière Urs Schönebaum.

Le festival 2024 d'Aix-en-Provence s'est terminé par la production d'Il ritorno d'Ulisse in Patria de Monteverdi, dirigée par Leonardo García-Alarcón et mise en scène par au Théâtre du Jeu de Paume.


Créé à Venise en 1641, ce dramma per musica est le testament musical d'un Monteverdi âgé, qui donne à la postérité une œuvre étonnamment moderne. Petit rappel de l'histoire : de retour à Ithaque après de longues années d'errance, Ulysse, protégé par Minerve, prend l'apparence d'un vieux mendiant pour reconquérir son épouse Pénélope et triompher des prétendants qui la convoitent. Aix avait déjà accueilli cette œuvre en 2000 dans le même petit théâtre à l'italienne, sous la houlette de William Christie et Adrian Noble. Pour cette nouvelle production, c'est lui-même, le directeur du festival, qui signe une mise en scène sobre où le monde des dieux se mêle à celui des mortels qui se débattent avec leurs passions. Le thème universel du retour est subtilement interrogé par les allers-retours entre le monde divin, matérialisé par un néon vertical descendu des cintres, et l'humanité, symbolisée par une même lumière horizontale. La simplicité et la sensualité sont les maîtres-mots de cette mise en scène psychologisante.

Minimaliste aussi est le décor, fait de grands panneaux métalliques qui ouvrent ou referment l'espace scénique. Seule la lumière, réglée par Urs Schönebaum, donne vie à l'ensemble et vient caractériser la dramaturgie, passant de la froideur rigoureuse de l'Olympe au mordoré des passions humaines. Dans la scène finale des retrouvailles, une lumière d'or transfigure les amants enfin réunis. Un grand rectangle en papier d'aluminium froissé descend régulièrement des cintres pour matérialiser le mont Olympe, où les dieux sont vêtus d'une toge d'un bleu céleste. Les costumes des mortels sont d'une laideur affligeante, sauf pour Pénélope, drapée dans une panne de velours aux reflets changeants qui semble enfermer son corps qui se refuse. Il s'en dégage une grande sensualité.

La distribution vocale est d'une rare homogénéité et d'une très belle qualité. Dans le rôle d'Ulysse, le baryton a le physique musculeux du héros et une belle présence vocale. C'est la mezzo-soprano qui campe une Pénélope sensuelle et touchante. Le duo d'amour de leurs retrouvailles finales est un sommet d'émotion. Mariana Flores incarne une Minerve très convaincante, à la belle projection vocale. La basse Alex Rosen subjugue par ses graves chatoyants dans les rôles de Neptune et d'Antinoo. Le contre-ténor Paul-Antoine Bénos-Djian nous offre un Anfinomo tout en finesse. Le trio des prétendants, face à une Pénélope drapée dans son refus sensuel, est un grand moment de bonheur vocal. Enfin, l'apparition du burlesque, avec le ténor Marcel Beekman dans le rôle comique d'Iro, nous vaut un charivari de l'orchestre, où les clavecins se déchaînent en un feu d'artifice de dissonances.

La direction solaire de Leonardo García-Alarcón joue avec les couleurs de l'orchestre pour mettre en valeur l'action. La Cappella Mediterranea nous offre une véritable odyssée sonore, soulignant chaque mouvement psychologique du plateau. Les sacqueboutes placées en loge répondent aux cornets pour colorer les scènes guerrières, et chaque ritournelle instrumentale est un petit bijou. Le continuo réalisé par deux clavecins, deux orgues (dont l'un est joué par le chef lui-même), deux violes, deux théorbes, un basson et une harpe est somptueux et varié. Tout au long des trois heures de la représentation, l'orchestre impulse une dynamique qui jamais ne s'essouffle. Après le Couronnement de Poppée et l'Orfeo en 2022, jamais Monteverdi n'aura été aussi bien servi à Aix.

Crédit photographique : © Ruth Walz

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Aix-en-Provence, théâtre du Jeu de Paume, 23-VII-2024. Claudio Monteverdi (1567-1643) Il ritorno d’Ulisse in patria. John Brancy, Deepa Johnny, Anthony Leon, Mariana Flores, Alex Rosen, Paul-Antoine Bénos-Djian, Petr Nekoranec, Marcel Beekman, Giuseppina Bridelli, Mark Milhofer, Joel Williams. La Cappella Mediterranea. Direction Leonardo Garcia Alarcon. Mise en scène Pierre Audi. Scénographie et lumière Urs Schönebaum.

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