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Maria João Pires dans Mozart ouvre le festival de piano de la Roque d’Anthéron

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La Roque d’Anthéron, Parc du Château de Florans, 44eme Festival de piano de la Roque d’Anthéron, 20-VII-2024.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour violon et orchestre n°4 en ré majeur K. 218, Concerto pour piano et orchestre n°9 en mi bémol majeur K. 271 “Jeunehomme” ;
Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°8 en fa majeur opus 93. Maria João Pires, piano ; Orchestre de chambre de Paris ; Gordan Nikolić, violon et direction.

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Dans un programme centré sur le Concerto « Jeunehomme », la grande dame du piano joue un Mozart intemporel et lumineux.

dans les concertos de Mozart… Qui n'a pas, dans ses jeunes années, acquis des CD à petit prix de la collection Erato, et découvert cette élégance savante, cette modestie, cette authenticité de cœur qui caractérisent la pianiste ? Quarante ans après la publication de ces gravures, rien n'a changé. Ni l'âge, ni la révolution baroque, ni l'évolution de la musicologie n'ont affecté le lien si spécifique et si délicat entre et Mozart. Dès le premier trille introductif de l'allegro, évident comme un lever de soleil, on rentre dans le bonheur. La virtuosité est toujours la même, brillante et naturelle comme une simple respiration, et les dialogues main droite-main gauche, piano-orchestre tendent vers une communion universelle. L'andantino, qu'Olivier Messiaen qualifiait d'« extraordinaire chef d'œuvre », amène non seulement à la fusion des genres galants/classique/pré-romantique, mais aussi à celle des sentiments humains (joie, tristesse, méditation…) pour aboutir à une célébration de la Vie. Le rondo, toujours stupéfiant de virtuosité signifiante, déborde de joie et de poésie. Voilà le Mozart que nous aimons, qui est la moelle de nos os : un Mozart qui sait tout de l'âme humaine, mais toujours nimbé de grâce et de bonheur. Triomphe, bien sûr, pour , qui nous a rendu nos émerveillements d'enfant, et qui a tissé pour nous un lien vers ses maîtres Wilhem Kempf et Clara Haskil. Après ce moment d'exception, elle a encore la gentillesse d'offrir en bis l'andante de la Sonate n°10 de Mozart, et reproduit le même miracle d'évidence, d'omniscience et de poésie.

Avant cela, l' et interprètent le Concerto pour violon n° 4 de Mozart. C'est plus que racler des gavottes en attendant l'apparition de la Diva : la matière sonore est moelleuse, tendre (malgré quelques couacs du côté des cuivres), et la direction joyeuse. Sur un Garnerius aux sonorités superbement veloutées, fait montre d'une très belle virtuosité, et son imitation de la vielle dans les danses populaires du rondeau est très réussie. C'est une belle interprétation, peut-être un peu trop galante. Seule vraie réserve : l'acoustique de la conque, grande ouverte vers le public, convient moins au son ténu d'un violon soliste qu'à un piano, lequel peut jouer avec des volumes sonores autrement importants. Au fait : pourquoi donc un concerto de violon pour commencer un festival dévolu au piano ?

Pour terminer la soirée, l', renforcé par quelques instrumentistes supplémentaires, interprète la Symphonie n° 8 de Beethoven, et dirige tout en jouant du violon dans le rang. C'est là une très belle lecture qui nous est donnée : l'orchestre est maintenant extrêmement juste et précis, les couleurs sont très belles et la pulsation rythmique donnée par le chef permet de valoriser toutes les audaces d'écriture de cette « petite symphonie », selon l'expression du compositeur-même. L'allegreto est nerveux mais heureux, le minuetto dévoile un duo fascinant entre les cors et les violoncelles. Le finale, exubérant, page « prodigieuse » selon Igor Markévitch, éclate les cadres avec sa magnifique « fausse note » et ses fracas rythmiques qui anticipent Berlioz. Beau succès, et l'orchestre donne en bis le prélude du deuxième acte de l'Orphée de Glück. Dans ce sombre chaos façon XVIIIeme siècle, l'orchestre brille encore une fois de netteté, d'énergie et de couleurs magnifiques.

Crédits photographiques : © Valentine Chauvin

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La Roque d’Anthéron, Parc du Château de Florans, 44eme Festival de piano de la Roque d’Anthéron, 20-VII-2024.
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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°8 en fa majeur opus 93. Maria João Pires, piano ; Orchestre de chambre de Paris ; Gordan Nikolić, violon et direction.

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