Aux Lucioles d’Avignon, salle comble pour A4 de Philippe Lafeuille

Après Tutu, un condensé de réinterprétations extravagantes des incontournables du répertoire, et Car/men, une reprise de l'opéra de Bizet dans une version masculine, Philippe Lafeuille s'essaye à une nouvelle création de variations autour d'un quatuor : A4 (comme la feuille).

Le nouveau spectacle de la compagnie Chicos Mambo concentre les éléments caractéristiques de la dramaturgie de Philippe Lafeuille croisée avec les différentes origines artistiques des danseurs – l'un ayant été formé au cirque, ou un autre à la comédie – qui déploient beaucoup d'énergie. Jeux, mime, imitation, cirque, danse contemporaine, hip hop et musiques se mêlent pour élaborer une représentation rythmée et pleine d'humour. L'entrée des danseurs, recouverts des pieds à la tête d'un costume blanc à franges, annonce dès l'ouverture un projet visuellement ambitieux ; il s'agit de l'un des points forts du spectacle. Comme dans Tutu, Philippe Lafeuille propose une variation autour d'un élément de costume – ici la frange – qui se décline au fur et à mesure de la représentation : en caleçons colorés, en justaucorps rouge vif ou encore en combinaisons argentées aux airs de boule à facettes. En une heure, les spectateurs ont le temps d'être initié à la danse contemporaine, bien sûr, mais aussi au diabolo, à l'imitation, et se retrouvent parfois témoins de véritables sketchs dont les formes varient également, du mime jusqu'au one man show. Ces variations permanentes confèrent au spectacle un rythme effréné qui divertit le public. Au moment où les danseurs apparaissent en tenues des quatre saisons, exécutant des mouvements volontairement grotesques, la salle entière rit aux éclats.

Mais la volonté de divertir à tout prix se double toutefois d'un manque de subtilité dans l'interprétation qui alourdit parfois le spectacle. Le comique de la création tient certes en partie à ce goût pour l'excès. Cependant, à la fin de la représentation, certaines lourdeurs dans des séquences censées susciter l'émotion ne permettent pas à ce sentiment de se déployer réellement. La scène où les danseurs déclinent l'un après l'autre leur formation, et illustrent leur compétence d'une courte démonstration, frôle ainsi le ridicule. En dehors de ces maladresses, le spectacle constitue une initiation parfaite à l'univers de la danse, et convient à un public de tout âge grâce à sa drôlerie et son dynamisme.

Crédit photographique : © Michel Cavalca

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