Lozakovich et Kantorow au Festival Radio France Montpellier Occitanie
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Montpellier. Opéra Comédie. Le Corum, Salle Pasteur. 16, 17-VII-2024.
Le 16 : Edvard Grieg (1843-1907) : Sonate pour violon et piano n° 3, op 45. Robert Schumann (1810-1856) : Sonate pour violon et piano n°1 en la mineur, op.105. César Franck (1822-1890) : Sonate pour violon et piano en la majeur. Daniel Lozakovich, violon ; Alexandre Kantorow, piano.
Le 17 : Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Partita pour violon n° 3 en mi majeur, BWV 1006 ; Sonate pour violon n° 1 en sol mineur, BWV 1001 ; Partita pour violon n° 2 en ré mineur, BWV 1004. Daniel Lozakovich, violon.
Comme chaque été, le Festival Radio France de Montpellier propose une série de récital en alternance avec les grands programmes symphoniques. Cette année, le violoniste Daniel Lozakovich était invité d'abord avec Alexandre Kantorow, puis pour un concert seul clôturé par la Partita n°2 de Bach.
À quelques places près, l'Opéra Comédie de Montpellier est complet pour le récital de deux des plus grands artistes classiques de la jeune génération. Le programme avait prévu Debussy, mais nous sommes prévenus que sa Sonate sera remplacée par la n°1 opus 105 de Schumann, placée en seconde position et déjà interprétées à plusieurs reprises par Daniel Lozakovich et Alexandre Kantorow. D'ailleurs, cela se ressent dans l'accord du violoniste et du pianiste, plus libres entre eux qu'ils ne l'étaient auparavant pour la Sonate pour violon et piano n°3 opus 45 de Grieg.
Peut-être est-ce parce que le violoniste ressent plus d'affinités avec cette œuvre du Nord, mais il y prend clairement l'ascendant, même si le timbre de son violon à l'aigu dérange dans le premier mouvement. Toujours bon accompagnateur, Kantorow que l'on a l'habitude de voir complice (comme avec ses amis à La Roque d'Anthéron et Nîmes l'été dernier, ou encore Paris cette saison), voire supérieur aux musiciens qu'il accompagne, se retrouve ici presque hésitant dans les moments où il doit porter le discours, toujours repris avec plus de vivacité par Lozakovich, surtout dans le finale et ses thèmes folkloriques norvégiens.
La Sonate de Franck redonne en dernière partie cette impression : même si Kantorow semble ici avoir plus d'idées que pour Grieg, il laisse souvent la maîtrise du propos au violoniste. Certes, c'est ce que demande la partition, mais là encore la vision de l'œuvre ne semble pas tout à fait partagée entre les deux interprètes, et il est possible que le fait que Lozakovich vienne de l'enregistrer avec Mikhaïl Pletnev l'ait influencé à chercher d'autres chemins interprétatifs. Malgré ces remarques, la qualité technique des deux musiciens est indiscutable et rappelle leur niveau d'excellence, encore remarquable au troisième bis, le Scherzo de la Sonate de Brahms déjà donné en rappel à la Fondation Vuitton en 2022, et ce soir après un Liebesleid de Kreisler et une transcription de Nat King Cole.
Le deuxième soir, il est encore 18h et les gradins sont encore remplis lorsque Daniel Lozakovich entre en scène, mais c'est cette fois dans la Salle Pasteur du Corum, et pour un récital soliste intégralement consacré à Bach. Le violoniste débute par la Partita n°3 au lieu de la Sonate n°1. La si célèbre Gavotte en Rondeau aurait dû mettre la puce à l'oreille, mais une partie du public applaudira tout de même après le 4ème morceau, comme si la sonate était achevée. Lozakovich remercie timidement, puis reprend, et perturbe encore en ne donnant pas une impression de fin à la partita, qu'il enchaîne directement avec la sonate, juste le temps de tourner la partition sur le pupitre devant lui.
Dans les deux cas, ces pièces semblent ne pas avoir encore tout dévoilé de leur génie au jeune violoniste, qui ressemble plus à un excellent technicien encore en phase d'apprentissage, surtout dans la célèbre Gavotte en rondeau anormalement déliée. Il redevient le génial interprète qu'on connait dès la dernière œuvre du programme : enregistrée par lui en 2022 pour DG et souvent rejouée depuis, la Partita n°2 BWV 1004 donne un tout autre visage du musicien, cette fois sans partition et beaucoup plus souple pour faire vibrer son Stradivarius 1713. Particulièrement mise en valeur, la Chaconne est entraînée vers une modernité qui fait penser à la façon dont Arvo Pärt s'est inspiré de la partie très cadencée (autour de cinq minutes) pour composer Fratres.
Sans bis, le concert s'achève avec la fascinante Chaconne de la Partita, reprise par Maxime Quennesson très différemment et au violoncelle dans ce même auditorium le lendemain midi.
Crédits photographiques : © Marc Ginot /Festival RF (Kantorow/Lozakovich)
Modifié le 26/07/2024 à 8h55
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Montpellier. Opéra Comédie. Le Corum, Salle Pasteur. 16, 17-VII-2024.
Le 16 : Edvard Grieg (1843-1907) : Sonate pour violon et piano n° 3, op 45. Robert Schumann (1810-1856) : Sonate pour violon et piano n°1 en la mineur, op.105. César Franck (1822-1890) : Sonate pour violon et piano en la majeur. Daniel Lozakovich, violon ; Alexandre Kantorow, piano.
Le 17 : Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Partita pour violon n° 3 en mi majeur, BWV 1006 ; Sonate pour violon n° 1 en sol mineur, BWV 1001 ; Partita pour violon n° 2 en ré mineur, BWV 1004. Daniel Lozakovich, violon.