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Simon Rattle et la Radio Bavaroise à Ingolstadt

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Ingolstadt. Festsaal. 13-VII-2024.
Richard Wagner (1813-1883) : Die Walküre, extraits du 3e acte (Prélude et finale) ; Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n° 2 op. 73. Anja Kampe, soprano ; Michael Volle, basse ; Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks ; direction : Simon Rattle.

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Après un Wagner bien chanté par Volle et Kampe, Rattle se fraie un chemin dans la Deuxième de Brahms, non sans heurts.

Nous avions l'embarras du choix : l'orchestre de la Radio Bavaroise donnait ce programme deux fois, le vendredi en plein air sur l'Odeonsplatz, au centre de Munich, place dont le nom même vient de la salle de concert qui s'y trouvait avant sa destruction sous les bombes en 1944, le samedi à quelques dizaines de kilomètres dans la Salle des fêtes d'Ingolstadt. La musique classique supportant mal le truchement des hauts-parleurs qu'impose le plein air, nous avions choisi la seconde solution : bien nous en a pris, un énorme orage sur Munich ayant privé les 8000 spectateurs présents sur l'Odeonsplatz de la seconde partie du concert.

Ingolstadt, ancienne capitale d'une branche de la famille régnante de Bavière, est surtout aujourd'hui siège et lieu de production principal d'une grande marque d'automobiles qui y finance chaque année un petit festival classique. La salle des fêtes, jumelée dans le même bâtiment avec une salle de théâtre, ne doit rien aux ducs de Bavière : elle est au contraire représentative de cette architecture en béton apparent qui n'a pas toujours eu bonne réputation, mais dont on ne cesse de redécouvrir les qualités esthétiques et fonctionnelles.

La première partie est consacrée au troisième acte de La Walkyrie, réduit à son prélude et à la fin de l'acte, inhabituellement qualifié de finale, depuis la réplique de Brünnhilde War es so schmählich, avec entre les deux une transition orchestrale qui évite les applaudissements qui, hélas, hacheront la symphonie de Brahms en deuxième partie. Un enregistrement intégral du Ring par Rattle et l'orchestre est en cours, mais les chanteurs de ce soir ne sont pas ceux de l'enregistrement paru en 2020 : et sont des habitués de leurs rôles ; on se serait attendu à une vision plus noire, plus hautaine de la part de Volle, mais son Wotan garde ici une distance qui surprend un peu. Il est vrai que les chanteurs doivent lutter contre l'orchestre qui ne leur facilite pas la tâche, y compris pour l'intelligibilité du texte – c'est particulièrement dommage dans le long dialogue entre Wotan et Brünnhilde où les mots sont fondamentaux. Volle dit les mots avec soin, nuance comme il convient, mais le personnage reste un peu à distance. Heureusement , elle, offre la plénitude de son timbre, et à défaut de ce que peut apporter la tension de la scène elle parvient à donner du relief au drame du personnage.

Les choses se compliquent avec la Symphonie n° 2 de Brahms après l'entracte, où le chef ne parvient pas à construire une interprétation cohérente et équilibrée, et où, par moments, on ne reconnaît pas l'orchestre. Ainsi au début du premier mouvement : Rattle nous refuse la lumière et le grand air, au point d'en arriver par moments à une forme de brutalité nerveuse qui défigure la partition. Les vents poussés au maximum déséquilibrent le discours au détriment des cordes, qui paraissent par contraste pauvres en matière sonore. Il y a sans doute une intention expressive dans cette stratégie de tension, mais les moyens employés sont bien peu subtils. Le discours se détend quelque peu dans la suite du mouvement, mais on ne parvient pas à trouver une cohérence dans ce parcours. Même les vents tombent souvent dans une platitude expressive qui ne les avantages pas, avec des tournures traînantes là où ils devraient être les plus chantants. Il en va un peu de même dans la suite de la symphonie, avec des beaux moments où Rattle laisse enfin les cordes s'exprimer, dans le début du deuxième mouvement par exemple, mais il ne semble jamais faire confiance à la musique et cherche constamment à surligner ce que l'orchestre saurait exprimer suffisamment clairement sans cela. Peut-on penser que la préparation du concert, orientée vers le plein air de l'Odeonsplatz, est pour quelque chose dans cette lecture frustrante ? Il y a sans doute un peu de cela, mais nos souvenirs de la fin de son mandat berlinois ne sont pas si différents : autant Rattle peut se montrer à son aise, et même proprement enthousiasmant, dans des œuvres hors norme comme les Gurre-Lieder, autant le grand répertoire germanique tend souvent à lui échapper.

Crédit Photographique : © Thorsten Brieger

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Richard Wagner (1813-1883) : Die Walküre, extraits du 3e acte (Prélude et finale) ; Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n° 2 op. 73. Anja Kampe, soprano ; Michael Volle, basse ; Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks ; direction : Simon Rattle.

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