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Ferveur et intimité à la 33e édition des Rencontres musicales de Noyers

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Département de l’Yonne. Église de Noyers-sur-Serein. 12-VII-2024, 21h. Antonín Dvořák (1841-1904) : Repos des bois op. 68 n°5 (1883, arrangement de 1891), « Adagio ma non troppo » du Concerto pour violoncelle et orchestre n°2 (1895). Felix Mendelssohn (1809-1847) : Sonate n°2 op. 58 (1843), Romance sans paroles op. 109 (1845). Frédéric Chopin (1810-1849) : Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 65 (1846). Gary Hoffman, violoncelle ; Chloé Mun, piano.
Département de l’Yonne. Église de Noyers-sur-Serein. 13-VII-2024, 21h. « Fauré ou le dernier amour ». Pascal Quignard : « Le dernier amour de Fauré ». Gabriel Fauré (1845-1924) : Improvisation (extrait des Huit Pièces brèves [1902]), Barcarolle n°13 (1921), Thèmes et Variations nos 6 et 9 (1895), Nocturne n°11 (1913), Nocturne n°12 (1915), Barcarolle n°9 (1909), Barcarolle n°10 (1913), Thèmes et Variations n°8 (1895), Barcarolle n°12 (1915), Nocturne n°13 (1921). Aline Piboule, piano ; Pascal Quignard, récitant.

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Trois semaines durant, les rues de la charmante bourgade de Noyers-sur-Serein résonnent le plus agréablement possible aux oreilles du promeneur, entre concerts et masterclasses, sous la direction artistique de .

Vendredi 12 juillet, 21h. Église de Noyers-sur-Serein. cale la pique de son magnifique Niccolò Amati de 1662 couleur miel et très flammé avant de se lancer en compagnie de sa partenaire pianiste dans le Repos des bois op. 68 n°5 (1883) d' (1841-1904). Le ton est donné à un cercle intime qui va communier tout au long de la soirée autour d'une musique dont la beauté n'éclabousse pas mais touche au cœur. Arrangé en 1891 pour violoncelle et piano, ce Repos de courte durée commence « lento e molto cantabile » avec des attaques partant de la pointe de l'archet. Un enthousiasme assez léger, celui d'une paix ressentie dans la forêt bohémienne. Puis l'intensité s'accroît. On est d'emblée charmé par la complicité des deux chambristes qui se mêlent sans jamais dominer l'autre. L'acoustique assez sèche de l'église, rendue telle par les panneaux disposés derrière le chœur, est parfaite pour une telle musique puisque les instruments s'entendent très distinctement, ce qui est précieux pour les voix secondaires en particulier. Cela se vérifie surtout dans les morceaux suivants : la Sonate n°2 op. 58 (1843) de , sa Romance sans paroles op. 109 (1845) et la Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 65 (1846) de . Sans oublier le cadeau que nous font en bis ces généreux musiciens : l'« Adagio ma non troppo » du Concerto pour violoncelle et orchestre n°2 (1895) de Dvořák. Équilibre est peut-être le mot qui convient à , qui éblouit par un lyrisme jamais dégoulinant, et , au jeu extrêmement délicat, jamais mièvre mais toujours d'à-propos, dont le Steinway sonne ce soir un peu comme un piano-forte.

Samedi 13 juillet, 21h. Église de Noyers-sur-Serein. Le Steinway se réveille Steinway sous les doigts d', au jeu incisif et emporté. Complices depuis quelques années déjà, la pianiste et font ici le portrait d'un (1845-1924) vieillissant à travers un texte original de l'écrivain, qui mêle adroitement à son propos des extraits de la correspondance entre le compositeur et Marguerite Hasselmans (1876-1947). Une narration chronologique entrecoupée d'œuvres pour piano de la maturité : Improvisation (extrait des Huit Pièces brèves [1902]), Barcarolle n°13 (1921), Thèmes et Variations nos 6 et 9 (1895), Nocturne n°11 (1913), Nocturne n°12 (1915), Barcarolle n°9 (1909), Barcarolle n°10 (1913), Thèmes et Variations n°8 (1895), Barcarolle n°12 (1915), Nocturne n°13 (1921). Quignard commence par lâcher de sa voix grave : « Le dernier amour de Fauré ». Silence. Il s'agit donc du dernier Fauré également, celui de l'amant rajeuni par sa muse dont la musique, débarrassée de toute idée de programme, vient du silence et y retourne ; celui aussi que la surdité enferme petit à petit dans le silence, mais qui continue d'entendre tout plein d'harmonies dans sa tête. On comprend l'intérêt de l'auteur, lui-même musicien, pour cette musique d'une vie antérieure à la parole, lui qui n'aime pas le langage : « Je suis quelqu'un qui se débarrasse peut-être du langage. » De fait, il ne se paie pas de mots et conserve à l'égard du musicien une attitude révérencieuse. De même, son attitude en tant que récitant rappelle les mots de Thomas d'Aquin : « Il est plus beau d'éclairer que de briller seulement. » Ainsi liste-t-il des faits en réchauffant leur froide objectivité par les mots brûlants des amants : « J'ai besoin de toi pour vivre. », « Auprès de toi, je me laisse être ce que je suis. »… Quant à la musique – pièces rarement jouées, il faut le souligner –, elle est quintessenciée, réduite à son propre creusement, tantôt exaltée, tantôt douloureuse. en nuance toutes les aspérités. Tout entracte aurait cassé la magie du moment, tout bis l'aurait tuée.

Crédits photographiques : © Luc Évrard (GH et CM) © Alexandre Santiago (AP et PQ)

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Département de l’Yonne. Église de Noyers-sur-Serein. 12-VII-2024, 21h. Antonín Dvořák (1841-1904) : Repos des bois op. 68 n°5 (1883, arrangement de 1891), « Adagio ma non troppo » du Concerto pour violoncelle et orchestre n°2 (1895). Felix Mendelssohn (1809-1847) : Sonate n°2 op. 58 (1843), Romance sans paroles op. 109 (1845). Frédéric Chopin (1810-1849) : Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 65 (1846). Gary Hoffman, violoncelle ; Chloé Mun, piano.
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