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Des stars et Fauré aux Rencontres Musicales d’Évian

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Rencontres Musicales d’Évian. La Grange au Lac. 29-VI-2024. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Ouverture de Coriolan op. 62 ; Robert Schumann (1810-1856) : Concerto pour piano en la mineur op. 54 : Félix Mendelssohn (1809-1847) : Symphonie n°1 en ut mineur op. 11. Hélène Grimaud, piano. Camerata Salzburg, Giovanni Guzzo, violon et direction musicale
Théâtre du Casino. 30-VI-2024 . Gabriel Fauré (1845-1924) : Sonate pour violoncelle et piano n° 2 op. 117 ; Trio pour piano, clarinette et violoncelle op. 120. Anna Agafia Egholm, violon ; Edgar Moreau, violoncelle ; Paul Meyer, clarinette ; Lucas Debargue, piano.
La Grange au Lac. 30-VI-2024. Diverses mélodies et airs d’opéras de Giacomo Puccini (1858-1924), Giuseppe Martucci (1856-1909), Francesco Paolo Tosti (1846-1916), Giuseppe Verdi (1813-1901). Sonya Yoncheva, soprano ; Malcolm Martineau, piano.
Théâtre du Casino. 1-VII-2024. Gabriel Fauré (1845-1924) : Sonate pour violoncelle et piano n° 1 en ré mineur op. 109 ; Quatuor pour piano et cordes n° 1 en ut mineur op. 15. Anna Agafia Egholm, violon ; Paul Zientara, alto ; Stéphanie Huang, violoncelle ; Guillaume Bellom, piano ; Bertrand Chamayou, piano

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Des stars mondiales telles , , mais aussi la jeune génération d'interprètes se partagent l'affiche de l'édition 2024 du festival dessinée par Renaud Capuçon, qui met largement à l'honneur, en cette année anniversaire, la musique de chambre de . 

 

et le Concerto de Schumann

En attendant la Source Vive, la nouvelle salle de concerts conçue par Patrick Bouchain et Philippe Chiambaretta, les concerts de musique de chambre ont lieu, le matin, au Théâtre du Casino, face aux rives du Léman. Ce qui offre ensuite la sympathique opportunité d'emprunter l'authentique funiculaire pour regagner les hauteurs de la Grange au Lac, ce soir-là pleine à craquer puisqu'on attend . Avant son entrée en scène, la Camerata de Salzbourg dirigée du violon par Giovanni Guzzo joue une prenante et émouvante Ouverture de Coriolan de . Arrive le piano sur la scène dont le plateau a été agrandi de façon à recevoir désormais de grandes formations. L'excellence des musiciens et l'expérience indiscutable d'Hélène Grimaud dans le Concerto pour piano en la mineur de Robert Schumann n'empêchent hélas pas quelques défauts d'équilibre sonore que la baguette d'un chef aurait mieux contrôlés. Les interventions des cuivres et du basson un peu aigre apparaissent parfois hors de proportion au-dessus des pupitres des cordes parfaitement homogènes dans l'articulation comme dans le phrasé. Côté piano, Hélène Grimaud interprète avec l'engagement et la fougue qu'on lui connait cette partition qu'elle fréquente depuis longtemps, mais sa personnalité nous laisse sur le bord du chemin de l'émotion : difficile de trouver la tendresse schumannienne dans son jeu souvent abrupt, ses duretés d'attaques, le tranchant de la sonorité, son toucher qui ne concède pas à l'amorti, qui ne favorise pas l'émission longue du son. Au deuxième mouvement, qui débute par un très beau duo alto-violoncelle, l'atmosphère nocturne recherchée par la pianiste se noie dans l'orchestre trop sonore. Dans le troisième, son jeu quoique finement articulé devient de plus en plus tendu à mesure que le crescendo se déploie. Le bis, non pas une pièce pour piano solo, mais le deuxième mouvement du Concerto pour piano n° 2 de Dimitri Chostakovitch, rêverie méditative, apporte enfin la douceur espérée. En deuxième partie, l'orchestre interprète, musiciens debout, la Symphonie n° 1 de Félix Mendelssohn. Son troisième mouvement (rejoué en bis) magnifiquement aérien, vole scherzando dans un tempo idéal. 

N'oubliant pas qu'à Évian, en 1916, composa sa seconde Sonate pour violon et piano, Renaud Capuçon lui rend hommage avec une série de cinq concerts faisant le tour de sa musique de chambre. Ses deux derniers volets présentent trois des chefs-d'œuvre que le compositeur lègue à la fin de sa vie, et plusieurs œuvres de jeunesse, dont le Quatuor pour piano et cordes n° 1. Il revient à et Lucas Debargue d'interpréter la Sonate pour violoncelle et piano n° 2. On retiendra la beauté sombre de son deuxième mouvement (recyclant le Chant funèbre que Fauré composa un an plus tôt pour le centenaire de la mort de Napoléon), la couleur dense du violoncelle et la superbe tension donnée à la ligne de chant sous son archet, puis l'embrasement sous les doigts du pianiste de son final effusif et haletant. La beauté sombre du long chant magnifiquement soutenu de l‘Élégie laisse place à une Sicilienne d'une sensuelle poésie. La violoniste Anna Agafia Egholm dote la Romance d'une ligne délicate et gracile et l'Andante op.75 d'un beau lyrisme. Voici une interprète qui joue de toute évidence avec son cœur ! Vient le Trio pour piano, clarinette et violoncelle en ré mineur, d'une agréable fluidité en dépit d'accents un peu trop intempestifs au piano. Le phrasé souple et les attaques tout en douceur de y participent pour beaucoup. Les chants du violoncelle et de la clarinette se fondent dans l'andantino dont la coda est particulièrement bien amenée, et le finale aux accentuations à contrepied regorge de vitalité. 

Le cinquième et dernier volet de ce cycle Fauré rassemble d'autres interprètes. Une belle complicité s'instaure entre (nommée récemment violoncelle solo de l'Orchestre de Paris) et dans la Sonate pour violoncelle et piano n° 1. L'archet vif, la ligne nerveuse et superbement dessinée (allegro), la profondeur de la sonorité (andante), le lyrisme intense (finale) du violoncelle se marient idéalement avec le jeu raffiné du pianiste, coloré tout en délicatesse, dans la confidence comme dans l'expression de la passion intérieure. lui succède, rejoint par l'excellent altiste Paul Zientara et à nouveau la violoniste Anna Agafia Egholm, pour interpréter avec le Quatuor pour piano et cordes n° 1. Une association de talents des plus heureuses tant les musiciens sont à leur aise dans cette musique et trouvent avec le plus grand naturel l'équilibre requis notamment au début entre le jeu à l'unisson des cordes et la fluide volubilité du piano. Phrasés onctueux, flamme du discours, lyrisme intense, superbe densité sonore, tout cela concourt à la vitalité du flux musical de cette œuvre. On se souviendra également de l'esprit joueur insufflé par le pianiste dans le scherzo, du moelleux de son toucher dans l'adagio doucement mélancolique et habillé de pudeur.

 

L'Italie de , de la romance à l'opéra

La soprano connait son Puccini par cœur. Le récital qu'elle vient donner avec son fidèle partenaire pianiste a déjà beaucoup tourné en Europe. Laissant de côté la musique française qui l'agrémentait jusque là, elle propose une soirée cent pour cent italienne au millier de mélomanes venus l'écouter dans la Grange au Lac. Une première partie assez développée enchaîne des mélodies, tandis que quatre grands airs d'opéra de Giacomo Puccini, dont on fête aussi cette année le centenaire de la disparition, font suite à l'entracte. La diva bulgare n'a pas son pareil dans l'art de ciseler ses romances qu'elles soient de Giacomo Puccini, de , de , ou encore du moins connu . Sa palette de nuances est large, Canto d'anime de Puccini mettant en valeur l'étendue considérable de sa tessiture, de ses graves somptueux à ses aigus flamboyants. La soprano module la couleur de son timbre dans les deux superbes mélodies de Tosti, L'ultimo bacio et Ideale, dont elle enveloppe les mots de la rondeur de sa voix, dans une grande douceur d'expression. C'est ici aussi que l'on remarque le talent du pianiste dans sa pleine mesure, tant la partition le sollicite expressivement. La chanteuse est manifestement chez elle dans Verdi : la souplesse naturelle de sa voix fait merveille dans In solitaria stanza, tout comme dans les vocalises de Ad una stella, dont elle pare la fin d'un timbre très pur. 

La deuxième partie très attendue du public crée une part de déception tant les imperfections techniques (déjà perçues sporadiquement en première partie) s'additionnent. Des respirations ne sont pas au bon endroit, mais surtout les aigus s'altèrent, manquant de justesse (notes trop basses), ou de stabilité (dans Se come voi piccina, et Vissi d'arte… en particulier). Les changements de registre, les grands intervalles sont mal négociés (D'onde lieta usci). C'est bien dommage car par ailleurs la justesse d'expression est là, l'incarnation tangible. Le pianiste quant à lui suscite l'admiration du début à la fin, par la finesse de son jeu, par son attention infaillible aux inflexions de la chanteuse, et l'on prend plaisir à l'écouter seul dans le Tango en ré d' qu'il joue en intermède, l'air de ne pas y toucher, avec chic et subtilité. Sonya Yoncheva, acclamée, donne trois bis, dont l'air de Carmen qui lui va comme un gant, en malicieuse complicité avec son pianiste, finissant, en guise d'au revoir, avec un touchant Adieu notre petite table de Jules Massenet. 

Crédits photographiques © Matthieu Joffres

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Rencontres Musicales d’Évian. La Grange au Lac. 29-VI-2024. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Ouverture de Coriolan op. 62 ; Robert Schumann (1810-1856) : Concerto pour piano en la mineur op. 54 : Félix Mendelssohn (1809-1847) : Symphonie n°1 en ut mineur op. 11. Hélène Grimaud, piano. Camerata Salzburg, Giovanni Guzzo, violon et direction musicale
Théâtre du Casino. 30-VI-2024 . Gabriel Fauré (1845-1924) : Sonate pour violoncelle et piano n° 2 op. 117 ; Trio pour piano, clarinette et violoncelle op. 120. Anna Agafia Egholm, violon ; Edgar Moreau, violoncelle ; Paul Meyer, clarinette ; Lucas Debargue, piano.
La Grange au Lac. 30-VI-2024. Diverses mélodies et airs d’opéras de Giacomo Puccini (1858-1924), Giuseppe Martucci (1856-1909), Francesco Paolo Tosti (1846-1916), Giuseppe Verdi (1813-1901). Sonya Yoncheva, soprano ; Malcolm Martineau, piano.
Théâtre du Casino. 1-VII-2024. Gabriel Fauré (1845-1924) : Sonate pour violoncelle et piano n° 1 en ré mineur op. 109 ; Quatuor pour piano et cordes n° 1 en ut mineur op. 15. Anna Agafia Egholm, violon ; Paul Zientara, alto ; Stéphanie Huang, violoncelle ; Guillaume Bellom, piano ; Bertrand Chamayou, piano

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