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Montpellier Danse : une pluralité d’écritures

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Montpellier. Dans le cadre du Festival Montpellier Danse

Studio Bagouet / Agora. 28-VI-2024. Sorour Darabi : Mille et une nuits. Chorégraphie, conception, textes et direction artistique : Sorour Darabi. Performeurs, chanteur, acteurs et musiciens en live : Aimilios Arapoglou, Li-Yun Hu, Felipe Faria, Lara Chanel, Sorour Darabi, Pablo Altar, Florian Le Prisé et Ange Halliwell. Composition musicale : Pablo Altar, Florian Le Prisé. Coach vocal : Henry Browne. Création lumière : Shaly Lopez, Dani Paiva de Miranda. Scénographie : Alicia Zaton. Costumes : Anousha Mohtashami

Théâtre de l’Agora. 28-VI-2024. Studio Dimitri Chamblas : Takemehome – Création. Chorégraphie : Dimitri Chamblas. Musique : Kim Gordon. Avec Marion Barbeau, Marissa Brown, Eli Cohen, Bryana Fritz, Eva Galmel, François Malbranque, Jobel Medina, Salia Sanou, Kensaku Shinohara. Lumière : Yves Godin en collaboration avec Virginie Mira pour la conception du dispositif. Costumes : Dimitri Chamblas, Andrealisse Lopez

Opéra Berlioz du Corum. 29-VI-2024. Cloud Gate Dance Theatre of Taïwan : Lunar Halo. Chorégraphie : Cheng Tsung-lung. Musique : Sigur Rós. Direction musicale : Kjartan Holm. Design visuel : Jam Wu. Lumière : Shen Po-hung. Vidéo : Ethan Wang. Costumes : Chen Shao-yen

Place de la Comédie. 30-VI-2024. Discofoot. Chorégraphie : Petter Jacobsson et Thomas Caley. Avec les 24 danseurs du CCN – Ballet de Lorraine, un arbitre et trois juges artistiques. DJ : Ben Unzip

 
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À mi-parcours du 44e festival Montpellier-Danse, qui se déroule jusqu'au 6 juillet, zoom sur quatre créations aux écritures très éclectiques, cosmopolites et internationales, de à .

Mille et une nuits de

Il y a le propos et il y a le contexte. Pénétrer l'univers de , jeune performeur iranien désormais installé à Paris et qui explore le monde trans, c'est en éprouver les joies et les douleurs. Entrés dans le noir, nous voilà sommés de chercher un siège qui n'existe pas : ici, le séant, c'est le sol. On sera donc assis par terre pendant deux heures, ou debout selon ses envies et ses capacités. À chacun sa forme de supplice, semble nous dire le chorégraphe et performeur. Son univers visuel est détonnant : trois énormes  formes pendant au bout d'un croc de boucher semblent être quelques carcasses de viande. La lumière arrivant, on découvre qu'il s'agit en réalité de pains de glace, dont on se demande en combien de temps ils vont fondre sur le linoleum. Ils resteront bien en place, mais l'eau glacée dégoulinant au sol sera vite source de jeux pour les six danseurs, dans une évidente citation aux nombreuses créations aquatiques de Pina Bausch.

On y retrouve aussi de nombreuses saynètes masochistes tournées ici autour du plaisir sexuel : strip-tease autour des pains gelés, danseur avalant l'eau des cheveux mouillés de sa partenaire, bougies allumées dans la bouche… et des chutes répétées sur le sol trempé. On développe beaucoup de compassion pour ces artistes soumis à rude épreuve, on comprend aussi qu'il s'agit là d'une violence à l'image d'une quête absolue de liberté politique et sociétale, de corps en transition, contraints et non souhaités. Il y a des moments de rare beauté, notamment en terme de lumières et de colorations musicales en live signée Pablo Altar, Florian Le Prisé et Ange Halliwell. Il y a aussi beaucoup de faiblesses chorégraphiques et de longueurs, source de nombreux départs d'un public ayant trouvé suffisamment son compte au bout d'une heure de spectacles et d'inconfort.

Take me home de & Kim Gordon

Arrivée en plein air, dans le très beau Théâtre de l'Agora avec sa forme circulaire et aérienne. Aérienne, comme la forme qui repose au sol, telle une grosse baleine échouée, qui s'avère l'enveloppe d'un ballon dirigeable s'élevant doucement dans le ciel et s'éclairant de multiples couleurs au fil du spectacle. Au sol, des danseurs venus de la salle et immobiles, emmenés ensuite parmi le public, puisqu'ils sont de simples spectateurs. Place alors aux neuf danseurs de la troupe au fil de formes qui semblent être souvent venues d'improvisations personnelles, et d'une vivacité toute américaine. Pas surprenant, puisque , le chorégraphe français, jongle désormais entre la France et une vie essentiellement californienne, même si cette création est aussi le fruit d'une résidence d'artiste à Montpellier.

Les solos habitant l'espace virginal se démultiplient, danseurs aux prises avec eux-mêmes, comme en situation de répétitions, ou d'exultations personnelles. Chacun libère une belle énergie, tout particulièrement le Français (sorti il y a trois ans du CNSMDP) et surtout , qui s'est extirpée de l'Opéra de Paris pour vivre quelques expériences plus contemporaines. On retrouve aussi Salia Sanou, danseur familier de Montpellier où il fut compagnon de route de Mathilde Monnier, et qui donne encore de sa maturité de danseur quinquagénaire. Sur la fin, les danseurs se retrouvent et forment quatre couples que l'on aurait aimé voir évoluer ainsi plus longtemps.

Lunar Halo de Cheng Tsung-Iung avec le

La plus importante compagnie contemporaine de Taïwan, créée dès 1973, vient régulièrement en Europe et la voici avec une délégation imposante de 13 danseurs évoluant avec un sens du groupe et du collectif particulièrement développé. D'entrée de jeu, les premières images nous font comprendre qu'ici, on n'existe pas seul. Huit danseurs sont en effet collés les uns aux autres et seuls leurs bras, solidement rattachés les uns aux autres, vont évoluer ensemble, créant des images de mouvements à la chaîne, dignes du taylorisme d'usine. On pense alors à certains ballets de la compagnie russe Moïssiev, dressant, aux temps soviétiques, une apologie du travail à la chaîne. Ici, le travail chorégraphique est bluffant, les bras formant des « pattes » de cet étrange animal humain évoluant à grande vitesse sur une musique islandaise languissante.

Il y a là une sorte de culte d'une danse héroïque par son sens de l'abnégation et de la nécessaire perfection du geste, qui devient redondante. Les filles prennent le relais dans une danse tribale qui ne va pas cesser durant plus d'une heure, jambes écartées, torse s'enroulant sur lui-même, cheveux au sol et en arrière. D'immenses photos de portraits vous regardant nous font comprendre que l'humain n'est que peu de choses, et qu'il faut « faire corps » et faire groupe pour survivre. Coûte que coûte. Ce n'est pas très gai, mais l'esthétisme et l'extrême « physicalité » des danseurs leur ont permis d'être ovationnés par un public du Corum plein comme un œuf.

Discofoot de &

Jeux Olympiques 2024 oblige, de nombreux chorégraphes se sont interrogés sur l'art d'incarner le sport dans un mouvement dansé. Le directeur du CCN-, (en poste jusqu'au 31 décembre 2024) et son acolyte ont trouvé la solution : créer un match de foot dansé, Discofoot, qui tourne beaucoup en ce moment dans l'Hexagone. Sur une pelouse transportable de 400 m2, avec cages de buts et marquages au sol, évoluent les 26 danseurs de la troupe en maillot de foot floqué à leur nom et short à paillettes à la recherche d'un ballon-boule à facettes et sur les rythmes de grands tubes disco.

Règles de la partie : ne jamais courir mais évoluer en dansant. Cela donne quelques facilités répétées (développés à la seconde, grands jetés) que l'on retrouve dans les films de l'époque, Flashdance ou Saturday night fever et des allusions au répertoire classique. Il y a d'innombrables traits d'humour aussi, avec un chauffeur de salle, des notations et des tirs au but avec des danseurs faisant monter l'ambiance. C'est sympathique, cela crée une bonne animation sur la place de la Comédie, mais comme le faisait remarquer un ado spectateur à ses copains : « Tu crois que c'est une vraie choré ? »

Photos : © Laurent Philippe ; Lee Chia-yen

 

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Studio Bagouet / Agora. 28-VI-2024. Sorour Darabi : Mille et une nuits. Chorégraphie, conception, textes et direction artistique : Sorour Darabi. Performeurs, chanteur, acteurs et musiciens en live : Aimilios Arapoglou, Li-Yun Hu, Felipe Faria, Lara Chanel, Sorour Darabi, Pablo Altar, Florian Le Prisé et Ange Halliwell. Composition musicale : Pablo Altar, Florian Le Prisé. Coach vocal : Henry Browne. Création lumière : Shaly Lopez, Dani Paiva de Miranda. Scénographie : Alicia Zaton. Costumes : Anousha Mohtashami

Théâtre de l’Agora. 28-VI-2024. Studio Dimitri Chamblas : Takemehome – Création. Chorégraphie : Dimitri Chamblas. Musique : Kim Gordon. Avec Marion Barbeau, Marissa Brown, Eli Cohen, Bryana Fritz, Eva Galmel, François Malbranque, Jobel Medina, Salia Sanou, Kensaku Shinohara. Lumière : Yves Godin en collaboration avec Virginie Mira pour la conception du dispositif. Costumes : Dimitri Chamblas, Andrealisse Lopez

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Place de la Comédie. 30-VI-2024. Discofoot. Chorégraphie : Petter Jacobsson et Thomas Caley. Avec les 24 danseurs du CCN – Ballet de Lorraine, un arbitre et trois juges artistiques. DJ : Ben Unzip

 
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