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Programmation de choc pour la 27e édition du Festival de Froville

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Froville-la-Romane. Prieuré. 7-VI-2024. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : ouverture et « Endless pleasure » extraits de Semele ; « Nasconde l’usignol in alti rami il nido » et « Và, perfido ! quel cor mi tradirà » extraits de Deidamia ; « Nè men con l’ombre d’infedeltà » extrait de Serse ; « My father! Ah! » extrait de Hercules ; musette extraite de An Occasional Oratorio ; « Mi parto lieta sulla tua fede » extrait de Faramondo ; « In sweetest harmony they lived » extrait de Saul ; Sinfonia dite « Postillons » extraite de Belshazzar ; « What passion cannot music raise » extrait de An Ode to St Cecilia’s Day ; gavotte et tamburino extraits de Alcina. Charles Avison (1709-1770) : adagio et allegro extraits du Concerto grosso n° 5 en ré mineur. Sophie Junker, soprano. Le Concert de l’Hostel Dieu, direction : Franck-Emmanuel Comte

Froville-la-Romane. Prieuré. 14-VI-2024. Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736) : Stabat Mater ; Salve Regina. Antonio Vivaldi (1678-1741) : concerto RV 275 en mi mineur pour violon et cordes ; Vos Invitto RV 811. Avec Lauranne Oliva, soprano ; Christophe Dumaux, contreténor. Les Accents, direction : Thibault Noally

Froville-la-Romane. Prieuré. 15-VI-2024. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : La resurrezione, oratorio en deux actes HWV 47. Avec Emöke Baráth, soprano (Marie-Madeleine) ; Catherine Trottmann, soprano (L’ange) ; Éléonore Pancrazi, mezzo-soprano (Marie) ; Emiliano Gonzalez Toro, ténor (Saint Jean l’Apôtre) ; Robert Gleadow, basse (Lucifer). Le Concert de la Loge, direction et violon : Julien Chauvin

Froville-la-Romane. Prieuré. 25-VI-2024. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : « E il soffrirete … Empio per farti guerra » extrait de Tamerlano ; « Dread the Fruits of Christian Folly » extrait de Theodora. Antonio Vivaldi (1678-1741) : « Cada pur sul capo audace » extrait de Artabano, re de’ Parti ; concerto en sol mineur RV 156. Baldassare Galuppi (1706-1785) : « Vil trofeo d’un alma imbelle » extrait de Alessandro nell’Indie ; concerto à 4 n° 3 en ré majeur. Gaetano Latilla (1711-1768) : « Se il mio paterno amore » extrait de Siroe, re di Persia. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : « Cessez de ravager la Terre » extrait de Naïs. Nicola Porpora (1686-1768) : « Nocchier, che mai non vide » extrait de Germanico in Germania. Domenico Sarro (1679-1744) : « Fra l’ombre un lampo solo » extrait de Achille in Sciro. Giovanni Battista Sammartini (1700-1775) : concerto grosso en la majeur op. 2 n° 1. Johann Adolf Hasse (1699-1783) : « Solcar pensa un mar sicuro » extrait de Arminio. Antonio Maria Mazzoni (1717-1785) : « Tu m’involasti un regno » extrait de Antigono. Michael Spyres, ténor. Il Pomo d’oro, direction : Francesco Corti.

Lunéville. Chapelle du château. 28-VI-2024. « Croustilleux La Fontaine ». Spectacle conçu autour de la mise en musique des Contes de Jean de La Fontaine par Antoine Sahler. Mise en scène : Juliette (Noureddine). Avec Jean-François Novelli, ténor ; Nicolas Royez, piano

Froville-la-Romane. Prieuré. 29-VI-2024. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Pièces de clavecin en concerts (Premier, Deuxième, Troisième, Quatrième et Cinquième Concerts) ; Orphée, cantate à voix seule et symphonie. Avec Judith Van Wanroij, soprano ; Gilone Gaubert, violon ; Teodoro Baù, viole de gambe ; Christophe Rousset, clavecin et direction

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Depuis plus d'un quart de siècle, le Festival de Froville-la-Romane s'est imposé comme un haut lieu de la musique baroque et sacrée. Pour la première édition sous sa direction artistique, le ténor Emiliano Gonzalez Toro a concocté une programmation riche et éclectique, combinant œuvres complètes et concerts d'extraits, genres sérieux et légers, musique vocale et instrumentale. 

Niché en plein cœur de la campagne lorraine, au cœur des mirabelliers du Bayonnais et à mi-chemin entre la petite ville de Charmes et Nancy, le festival de Froville Musique Baroque et Sacrée accueille depuis maintenant 27 ans tout ce que la musique ancienne, de la Renaissance au baroque, a de mieux. Confié depuis l'année dernière à la direction musicale du ténor Emiliano Gonzalez Toro, le festival continue d'afficher une programmation originale, toujours largement centrée sur les XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, mais avec de temps à autres un pas de côté dont le public semble raffoler. Six concerts particulièrement marquants ont retenu notre attention.

Également proposé quelques jours plus tôt dans le cadre du prestigieux festival Haendel de Halle, le concert de la soprano , accompagnée du Concert de l'Hostel Dieu dirigé par Franck-Emmanuel Comte, renouvelait en partie le programme déjà proposé en 2020 dans les conditions que l'on sait. L'idée en est de célébrer l'une des dernières grandes chanteuses de Haendel, la soprano Elisabeth Duparc, dite « La Francesina », créatrice de plusieurs grands rôles d'opéra et d'oratorio, mais également interprète fidèle qui avait chanté pour le maître lors des reprises d'ouvrages écrits à l'intention d'autres chanteuses. Lauréate à Londres du prestigieux concours Haendel de 2010, se plaît à s'identifier à cette soprano du XVIIIᵉ siècle, « petite Française » formée en Italie et sans doute un peu isolée à Londres dans un univers musical peuplé d'artistes italiens, anglais et allemands dans lequel elle n'avait eu aucun mal, en raison de ses multiples talents, à trouver sa place. L'identification ne s'arrête évidemment pas à ces éléments biographiques, tant les moyens vocaux de semblent correspondre point par point à ceux de la Francesina, soprano très appréciée du public londonien, sans doute davantage par sa musicalité, la fraicheur de sa voix et son professionnalisme que par une technique ou un instrument véritablement exceptionnels, comme l'étaient alors les attributs de la Cuzzoni ou de la Bordoni. La voix de Sophie Junker, de fait, a encore gagné ces dernières années en moelleux, en pulpeux et en rondeur. Ces qualités, qui en font une interprète d'exception pour les airs lents et langoureux, sont complétées par un art de la coloration et de la vocalise qui rend précieux les airs brillants et ornés comme par exemple le « Nasconde l'usignol in alti rami il nido » sur lequel démarre le concert, le « Endless pleasure » de Semele qui consacre l'arrivée de l'héroïne sur l'Olympe, ou encore le plus rare « Mi parto lieta sulla tua fede » de Faramondo, donné en fin de première partie.

Plus qu'une démonstration de science vocale, le programme est surtout destiné à dépeindre la variété et l'intensité des émotions ressenties par les diverses héroïnes, ce que thématise précisément l'air « What passion cannot music raise » de l'Ode to St Cecilia's Day, pièce sobrement accompagnée du théorbe et du violoncelle, et qui restera un des clous de la soirée. Parmi les moments les plus prenants, on retiendra l'élégie de Michal extraite du troisième acte de Saul, « In sweetest harmony they lived », les réminiscences d'Iole revivant la mort de son père au premier acte de Hercules, « My father ! Ah ! », ainsi que, autre sommet de la soirée, la scène « Và, perfido » extraite du dernier opéra de Haendel Deidamia. Cette page, dans l'intensité de son dramatisme, annoncerait presque les grandes scènes à venir de Gluck, Mozart, voire Beethoven. La dizaine de musiciens réunis autour de Franck-Emmanuel Comte, effectif parfaitement suffisant pour l'enceinte du prieuré de Froville, apportent à Sophie Junker le plus bel écrin, réussissant également à tirer du public des applaudissements particulièrement nourris à l'issue des passages purement instrumentaux, notamment pour les danses d'Alcina ou ce grand classique qu'est désormais devenu le Concerto grosso n° 5 de , compositeur anglais qui eut sans doute lui aussi plusieurs occasions d'entendre en son temps La Francesina. Un concert fortement plébiscité par le public, couronné de ce qui est devenu un grand classique des bis haendéliens, le fameux « Lascia ch'io pianga » tiré de Rinaldo.


Le concert de l'ensemble , en raison sans doute de l'immense popularité du Stabat Mater de Pergolèse, était la seule soirée affichée « complet » plusieurs semaines avant la manifestation. La première partie permet d'entendre tour à tour, dans deux pièces vocales pour chant solo, une jeune soprano en tout début de carrière et un contreténor chevronné au sommet de sa gloire. Lauranne Oliva, tout récemment nommée dans la catégorie « Révélation lyrique » des Victoires de la Musique 2024, séduit d'emblée par un soprano frais et cristallin, dont elle use avec goût et musicalité pour le Salve Regina de Pergolèse sur lequel s'ouvre le concert. L'interprétation, presque scolaire et appliquée, paraît néanmoins assez pâle à côté de la virtuosité débordante et de la puissance claironnante dont fait preuve Christophe Dumaux lors de sa lecture du motet Vos Invitto de Vivaldi. Précision de la vocalise, netteté des attaques, variété des colorations et sens aigu de la dynamique, telles sont les qualités révélées par ce chant superbe et altier, de la part d'un interprète qui semble dominer son instrument et ses multiples possibilités. On aurait presque quelques craintes, au cours de l'entracte, pour le mariage à venir de ces deux voix. La deuxième partie du concert, fort heureusement, balaie toutes les inquiétudes que l'on pouvait avoir. Caressante et enveloppante, la voix de Christophe Dumaux se déploie tout en finesse et en retenue, soignant le galbe de la phrase et l'émotion à donner au mot. Plus sûre d'elle dans cette partition, Lauranne Oliva fait irradier son instrument et se délecte de la beauté des mélismes auxquels elle prête ses couleurs argentines. Donnés en bis, le « Quando corpus morietur » et l'Amen final rappellent la succession de moments de grâce que l'on doit à ces deux voix contrastées mais parfaitement complémentaires, unies dans la même lamentation et la même plainte. Superbe prestation des sept instrumentistes de l'ensemble , dirigés du violon incandescent de Thibault Noailly. Un concerto de Vivaldi aura d'ailleurs soudé les deux pièces vocales du premier acte, et participé au très haut niveau musical de l'ensemble de la soirée.


C'est à une œuvre complète de Haendel, l'oratorio romain La resurrezione, créé le lundi de Pâques 1708, qu'était consacré le concert du lendemain. Destiné à célébrer la passion et la résurrection, l'ouvrage fait dialoguer un certain nombre de témoins des derniers instants de la vie du Christ, auxquels se joignent Lucifer et un Ange, porte-paroles d'un combat entre les forces du bien et les forces du mal. À l'instar des opere serie de la même époque, l'oratorio se présente comme une succession de récitatifs et d'arias de type ABA', agrémentée de deux duos et chœurs finaux pour chacun des deux actes. C'est dire l'importance attachée au chant et à la qualité des voix, et la difficulté qu'il y a à réunir pour la même soirée cinq chanteurs de niveau équivalent. Le plateau réuni pour la circonstance au sein du prieuré de Froville est dans l'ensemble de grande qualité, même si l'on ne pourra pas nier que certaines prestations se détachent des autres. On pourra ainsi reprocher quelques stridences à la soprano dans la partie très virtuose de l'Ange, qui ne la met pas à l'abri de quelques ratés et accidents de parcours. Dans le rôle de Marie-Madeleine, autrefois conçu par Haendel pour la grande Margherita Durastanti, la bien connue Emöke Baráth fait preuve de son professionnalisme habituel, sans pour autant illuminer sa partie d'un rayonnement particulier. Elle est chargée notamment d'interpréter l'air « Ho un non so che nel core », que l'on devait retrouver peu après dans Agrippina. On lui préfère très nettement le mezzo chaud et bien caractérisé d', intense et expressive Marie de Cléophas qui fait valoir de beaux reflets de bronze dans les notes les plus basses de sa voix. On ne saurait nier cependant que la distribution est très nettement dominée par les messieurs. Scéniquement et vocalement, la basse Robert Gleadow crève le plateau. Sa gestuelle, son contact facial, sa voix noire et profonde incarnent idéalement le personnage de Lucifer dont il a la charge. Il est de surcroit capable de toutes les nuances et subtilités requises pour le respect de la partition, dont il ne manque pas la moindre double-croche. Dans le rôle de Saint Jean l'Apôtre, le ténor Emiliano Gonzalez Toro, maître des lieux, donne sa leçon de chant habituelle. Onctuosité des phrasés, élégance de la ligne, clarté de la diction, beauté naturelle du timbre font partie des nombreux attributs que l'on retiendra d'une prestation de la plus grande classe. Peu nourri en cordes ce soir, met en avant les nombreux soli instrumentaux qui caractérisent cette partition de jeunesse d'une incroyable vitalité orchestrale, que dirige avec fougue, énergie et un sens aigu du détail instrumental. Très belle soirée, qui aura donné l'occasion d'entendre une œuvre complète du caro sassone, plutôt qu'un florilège d'extraits comme c'est souvent le cas à Froville.

On ne se demandera plus s'il est ténor, baryton, baryténor, haute-contre, Heldentenor ou encore « contra-ténor », comme affiché crânement sur la couverture d'un de ses derniers CD. Michael Spyres est tout simplement lui-même. De fait, le programme du concert débute sur un certain nombre d'airs qui mettent en valeur le registre grave de sa voix, à l'image du « Empio per farti guerra » du Tamerlano de Haendel, air composé dans une tessiture relativement basse qui a permis récemment à certains barytons – ou ténors redevenus barytons – de s'approprier le rôle de Bajazet. John Beard, le ténor pour qui Haendel avait écrit le « Dread the Fruits of Christian Folly » de Theodora, était lui aussi à l'aise dans les tessitures relativement graves. La remarquable extension dans le grave de Michael Spyres permet à notre ténor de s'épanouir dans des airs relativement rares que sont « Cada pur sul capo audace » tiré de l'Artabano, re de' Parti de Vivaldi, « Vil trofeo d'un alma imbelle » de l'Alessandro nell'Indie de Galuppi ou encore « Se il mio paterno amore » extrait du Siroe, re di Persia de Latila. Ces morceaux, d'une incroyable virtuosité vocale, font entendre tous les trilles, mordants, vocalises et autres exercices pyrotechniques dont Michael Spyres, qui chante aujourd'hui les emplois lourds de Berlioz, Bizet et Wagner, s'est fait une spécialité. Commencée avec un air de haute-contre extrait de Naïs de Rameau, « Cessez de ravager la Terre », la deuxième partie fait davantage la part belle à l'aigu et au haut-médium de la voix, sans doute la tessiture la plus naturelle pour l'exceptionnel organe de Michael Spyres, qui continue à enchanter avec des airs italiens peu connus. La dernière pièce inscrite au programme, le spectaculaire « Tu m'involasti un regno » de l'Antigono de Mazzoni fait entendre une vocalise sur trois octaves, allant chercher dans le suraigu des sonorités dont on soupçonnait à peine l'existence. L'unique bis de la soirée, « J'ai perdu mon Eurydice » de l'Orphée et Eurydice de Gluck, tirerait des larmes au plus inflexible des cerbères. On notera l'immense complicité entre le ténor et l'ensemble Il Pomo d'oro, dirigé ici comme sur le disque par . Superbe prestation de bout en bout, par des musiciens qui de toute évidence ont plaisir à se retrouver pour le simple bonheur de faire de la musique ensemble. Le public du Festival en est parmi les premiers bénéficiaires même si l'on peut s'étonner qu'un concert d'une telle qualité, donné par un interprète prestigieux d'une aussi grande célébrité, n'ait pas réussi à faire salle comble.

Le récital auquel aura assisté le spectateur désireux de découvrir « Croustilleux La Fontaine » constitue dans la programmation du festival ce qu'on appelle un pas de côté. Par le choix du lieu tout d'abord, puisque le concert se déroule dans la splendide chapelle du château de Lunéville, classée en 1901 bien avant le château lui-même. Par le programme également, la musique entendue étant celle d'un compositeur / chansonnier de notre époque, , connu notamment pour sa collaboration avec Juliette Gréco et François Morel. En fait, la composante baroque du programme se trouve dans les textes mis en musique, puisqu'il s'agit en l'occurrence de pièces peu connues de Jean de La Fontaine, dont les petits contes coquins n'ont pas acquis la renommée des célèbres fables. Pour qui connaît les écrits érotico-pornographiques du XVIIIᵉ siècle, propagés par ces fameux livres « qu'on ne lit que d'une main », comme on disait autrefois, les ingrédients de ces écrits plus espiègles et badins que véritablement choquants sont encore relativement innocents. Jeunes filles ingénues, nonnes égrillardes, religieux libidineux, ménages à trois, jouvenceaux entreprenants, anguilles aux connotations métaphoriques suspectes, tous ces thèmes donnent lieu à des écrits couchés dans une langue châtiée et riche de sous-entendus, aux métaphores transparentes qui permettent de suggérer ce que l'esprit du temps ne permettait pas de nommer explicitement. Tous ces récits sont ainsi transposés en une série de tableaux mis en scène par Juliette avec goût, élégance et humour, tableaux qui n'hésitent pas à souligner la dimension burlesque des situations scabreuses et cocasses évoquées dans le texte. La diction du ténor Jean-François Novelli est dans l'ensemble de très bonne qualité, même si elle ne permet pas toujours de rendre parfaitement intelligible le texte de La Fontaine, qui reste en dépit de la trivialité des sujets abordés d'un style relativement soutenu. La nature vocale du chanteur, haute-contre à la française spécialiste des emplois de Lully et de Rameau, convient idéalement à l'esprit du spectacle, auquel Jean-François Novelli se donne corps et âme, n'hésitant pas non plus à parodier son propre personnage de chanteur. Un spectacle frais, vivifiant, un rien déjanté et loufoque, en tout cas rempli d'esprit et d'humour, auquel le piano – et la voix chantée – de aura largement contribué.


Le concert Rameau du lendemain, donné à nouveau dans le cadre du Prieuré de Froville, marque le retour à une certaine austérité. On n'a pas souvent l'occasion d'entendre les pièces de clavecin en concerts de Rameau, et quand elles sont jouées par Christophe Rousset et ses musiciens des Talens Lyriques, on ne peut que se réjouir d'une telle opportunité. Composées pour clavecin, violon et viole de gambe – même si certaines existent dans une version pour clavecin seul – ces pièces au titre parfois intrigant – La Coulicam, La Livri, Le Vézinet pour le Premier Concert – sont des véritables petits bijoux de la musique dite concertante, pour laquelle chacune des trois parties doit se confondre avec les deux autres. Musique de partage et de communion, musique d'écoute et de recueillement, musique d'un raffinement exquis à laquelle les trois interprètes de ce soir donnent un relief et un dessein dramatiques tout à fait exemplaires. Dirigeant (à peine) depuis son clavecin, Christophe Rousset insuffle à ses partenaires la dynamique et l'esprit de ces pièces tantôt allantes et dansantes, tantôt mélancoliques et recueillies. Le gambiste impressionne par la justesse de son jeu et les couleurs qu'il donne à son instrument, la violoniste assoit la précision rythmique et la cohésion de l'ensemble. Le programme est complété en début de deuxième partie par la très jolie cantate à voix seule Orphée, à laquelle la soprano Judith Van Wanroij prête la beauté soyeuse de son timbre, la clarté de sa diction et l'élégance de ses phrasés. Une belle soirée de musique, loin de tout artifice et excès de théâtralité. En unique bis, à l'issue d'un programme riche et difficile pour les interprètes, un ravissant air de Montéclair permet de finir la soirée en s'enveloppant à nouveau dans le velours capiteux de la voix de Judith Van Wanroij.

Crédit photographique : Sophie Junker, Franck-Emmanuel Comte et Le Concert de l'Hostel Dieu (photo n°1) © Luc Tripotin ; Lauranne Oliva et Christophe Dumaux (photo 2) © Luc Tripotin ; Emiliano Gonzalez Toro, Robert Gleadow, , Emöke Baráth, et (photo n°3) © Luc Tripotin ; Michael Spyres (photo 4) © Marco Borrelli ; Jean-François Novelli (photo 5) © Florence Levillain ; , Christophe Rousset, Judith Van Wanroij et (photo 6) © Luc Tripotin

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Froville-la-Romane. Prieuré. 7-VI-2024. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : ouverture et « Endless pleasure » extraits de Semele ; « Nasconde l’usignol in alti rami il nido » et « Và, perfido ! quel cor mi tradirà » extraits de Deidamia ; « Nè men con l’ombre d’infedeltà » extrait de Serse ; « My father! Ah! » extrait de Hercules ; musette extraite de An Occasional Oratorio ; « Mi parto lieta sulla tua fede » extrait de Faramondo ; « In sweetest harmony they lived » extrait de Saul ; Sinfonia dite « Postillons » extraite de Belshazzar ; « What passion cannot music raise » extrait de An Ode to St Cecilia’s Day ; gavotte et tamburino extraits de Alcina. Charles Avison (1709-1770) : adagio et allegro extraits du Concerto grosso n° 5 en ré mineur. Sophie Junker, soprano. Le Concert de l’Hostel Dieu, direction : Franck-Emmanuel Comte

Froville-la-Romane. Prieuré. 14-VI-2024. Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736) : Stabat Mater ; Salve Regina. Antonio Vivaldi (1678-1741) : concerto RV 275 en mi mineur pour violon et cordes ; Vos Invitto RV 811. Avec Lauranne Oliva, soprano ; Christophe Dumaux, contreténor. Les Accents, direction : Thibault Noally

Froville-la-Romane. Prieuré. 15-VI-2024. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : La resurrezione, oratorio en deux actes HWV 47. Avec Emöke Baráth, soprano (Marie-Madeleine) ; Catherine Trottmann, soprano (L’ange) ; Éléonore Pancrazi, mezzo-soprano (Marie) ; Emiliano Gonzalez Toro, ténor (Saint Jean l’Apôtre) ; Robert Gleadow, basse (Lucifer). Le Concert de la Loge, direction et violon : Julien Chauvin

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