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Le puissant Théâtre des rêves d’Hofesh Shechter

Pour sa fin de saison, le Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt accueille la première mondiale de la nouvelle création de : Theatre of Dreams. Un tourbillon de rêves et d'émotions fortes.

Qu'est-ce qui symbolise un théâtre ? Au-delà d'un fronton et d'un cadre de scène, c'est d'abord un rideau, long et lourd, qui masque la scène et sert de support à l'imaginaire du spectateur. Peut-être s'y cache-t-il des rêves ? C'est le défi que a lancé à ses treize danseurs pour la création de ce spectacle inédit, commandé par le Théâtre de la Ville et soutenu par de nombreux coproducteurs. Alors qu'il est installé à Londres, c'est en France que le chorégraphe a conçu et répété avec ses danseurs ce spectacle grand format.

Le rideau s'ouvre donc, mais pas tout à fait, sur des instantanés de représentation qui apparaissent et disparaissent derrière les pans de velours noir manipulés à vue et à toute vitesse, laissant échapper des éclats de danse. Par bribes, on y retrouve les danseurs de la compagnie anglaise dans des figures groupées caractéristiques du style de , pieds vissés dans le sol, épaules et nuque en arrière et mains levées vers le ciel. Une danse éruptive et terrienne, chaloupée et sensuelle, d'une folle puissance.

Il faut tout le savoir-faire de Hofesh Shechter pour mettre en scène cet intense chassé-croisé de visions et d'émotions, véritable tourbillon sculpté par les belles lumières de . Comme un cinéaste, le chorégraphe resserre ou élargit la focale, surlignant un détail, ne laissant voir que quelques secondes d'une danse éclatée. Il sera nécessaire d'attendre la deuxième partie du spectacle, et un plateau dégagé de ses pans de rideau, pour découvrir la chorégraphie dans sa véritable dimension, utilisant la largeur XXL du plateau pour des déplacements syncopés et rythmés.

Dès avant le lever de rideau, la musique percussive et fortement amplifiée signée Hofesh Shechter (il est aussi compositeur) martèle en effet déjà sourdement les tympans. Comme un battement de cœur qui rythme chaque instant de danse et s'accélère parfois. Trois musiciens live, en tenue de fanfare, battent la mesure de cette Batucada urbaine et un peu irréelle, avalant et crachant les danseurs au fur et à mesure de leurs apparitions.
Pour les spectateurs, qui se lèvent d'enthousiasme, l'effet de ces vagues successives est hypnotique et l'on ne peut qu'être emporté à son tour par ce flot un peu pesant de corps et de notes, sorte de farandole sombre au pays des rêves.

Crédits photographiques : © , Todd MacDonald

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