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Maria Stuarda au San Carlo de Naples : Pretty Yende et Aigul Akhmetshina en majesté

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Naples. Teatro di San Carlo. 26-VI-2024. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Maria Stuarda, opéra en trois actes sur un livret de Giuseppe Bardari, d’après la traduction d’Andrea Maffei de la pièce Marie Stuart de Friedrich von Schiller. Mise en scène : Jetske Mijnssen. Scénographie et costumes : Ben Baur/Klaus Bruns. Lumières : Cor van den Brink. Chorégraphies : Lillian Stiwell. Avec : Pretty Yende, Maria Stuarda ; Aigul Akhmetshina, Elisabetta ; Francesco Demuro, Leicester ; Carlo Lepore, Talbot ; Sergio Vitale, Cecil ; Anna Kennedy, Chiara Polese. Orchestre, Chœur et Ballet du Teatro di San Carlo, direction : Riccardo Frizza

La nouvelle production de Maria Stuarda au Teatro San Carlo de Naples, mise en scène par , offre à l'opportunité d'une magnifique prise de rôle face à la non moins convaincante .

Quarante huitième parmi les quelques soixante-dix opéras composés par , Maria Stuarda s'inscrit dans le triptyque des reines Tudor centré sur les règnes d'Henry VIII et d'Elisabeth I, précédé par Anna Bolena (1830) et suivi de Roberto Devereux (1837). Sa genèse fut particulièrement compliquée par la censure et par la survenue d'un incroyable et célèbre pugilat entre les chanteuses (Giuseppina Ronzi de Begnis et Anna del Serre) lors des répétitions napolitaines ; ces péripéties donnèrent lieu à deux créations : la première napolitaine au San Carlo en 1834 sous le titre de Buondelmonte, et, quatorze mois plus tard, à une seconde mouture sous son titre original de Maria Stuarda en 1835 à la Scala de Milan. La mauvaise prestation et l'entêtement de Maria Malibran lors de cette création milanaise conduisirent à un nouvel épisode de censure qui condamna, in fine, Maria Stuarda aux oubliettes opératiques pendant trente ans, celle-ci ne réapparaissant sur la scène qu'en 1865 à Naples.

Le jeune librettiste de 17 ans, Giuseppe Bardari, simplifia le drame de Schiller, n'en retenant dans une dramaturgie resserrée que la confrontation des deux reines que tout oppose : rivalité religieuse, politique et amoureuse pour le beau Leicester. Donizetti, quant à lui, à l'instar de son librettiste, profita de l'occasion pour en faire une joute vocale virtuose entre les deux « prime donne » dans le Dialogo delle due regine, tournant d'un drame bel cantiste dont le succès, jusqu'à aujourd'hui, ne s'est jamais démenti.

Alors que le Grand Théâtre de Genève a présenté Elsa Dresig et Stéphanie d'Oustrac dans une trilogie resserrée donnée en une semaine, le Teatro San Carlo de Naples préfère quant à lui égrener les trois opéras de Donizetti sur trois saisons : Anna Bolena l'an passé, Maria Stuarda cette année et Roberto Devereux l'an prochain, confiant la mise en scène à , dans une coproduction avec l'Opéra National des Pays-Bas et le Palau des arts de la Reine Sofia à Valence, avec, dans cette production napolitaine, un casting vocal éblouissant et totalement renouvelé convoquant dans le rôle-titre et en Elisabetta. Très intelligente, d'une parfaite lisibilité, esthétiquement très réussie (scénographie élégante de Ben Baur, costumes somptueux de Klaus Bruns), la lecture de reste centrée sur la confrontation psychologique entre les deux reines, agrémentée de pertinentes didascalies joliment chorégraphiées par Lillian Stillwell explicitant son propos par quelques rappels historiques (le mariage entre Maria et François II enfant à l'acte I ; la conspiration de Babington à l'acte II ; et quelques souvenirs d'enfance heureux ou malheureux…) Enfin, différents épisodes de rêve et d'angoisse habités de fantômes sont chargés de traduire scéniquement, avec un bonheur certain, la psyché tourmentée des deux héroïnes.

Dans la fosse, , directeur du festival Donizetti de Bergame et spécialiste du bel canto, mène orchestre et chœur avec la même maestria, soutenant en permanence la dramaturgie par une interprétation toute en nuances et contrastes, claire et parfaitement équilibrée avec le plateau.

La distribution vocale superlative et homogène est dominée par le duo des reines au premier rang duquel la soprano prend une large place avec une prise de rôle très réussie. Si le chant convainc immédiatement par la beauté et la douceur du timbre, par la souplesse confondante de la ligne, par sa facilité d'émission comme par son impressionnant legato et sa richesse en nuances, la composante scénique irréprochable et sans excès lui permet d'incarner toutes les facettes psychologiques du rôle, depuis la résignation sereine et mélancolique jusqu'à la violence la plus vindicative. Face à elle, faisant un parfait contrepoids scénique et vocal, la mezzo-soprano , habituée du rôle, campe une Elisabetta « souveraine » et tourmentée dont on admire la puissance, l'ambitus large et l'implication scénique irréprochable de bout en bout. Trouvant facilement sa place dans ce casting malgré l'absence de grand air, donne beaucoup d'intensité émotionnelle et de brio au personnage de Leicester par son timbre solaire, notamment dans ses duos avec Elisabetta au I et Maria au II. effectue également une prise de rôle en Talbot, défendant superbement son personnage par sa basse profonde, charismatique et compatissante, tandis que en Cecil et en Anna Kennedy achèvent de donner tout son lustre à cette production napolitaine.

Crédit photographique : © Luciano Romano

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Naples. Teatro di San Carlo. 26-VI-2024. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Maria Stuarda, opéra en trois actes sur un livret de Giuseppe Bardari, d’après la traduction d’Andrea Maffei de la pièce Marie Stuart de Friedrich von Schiller. Mise en scène : Jetske Mijnssen. Scénographie et costumes : Ben Baur/Klaus Bruns. Lumières : Cor van den Brink. Chorégraphies : Lillian Stiwell. Avec : Pretty Yende, Maria Stuarda ; Aigul Akhmetshina, Elisabetta ; Francesco Demuro, Leicester ; Carlo Lepore, Talbot ; Sergio Vitale, Cecil ; Anna Kennedy, Chiara Polese. Orchestre, Chœur et Ballet du Teatro di San Carlo, direction : Riccardo Frizza

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