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La Symphonie n° 5 de Bruckner par Lahav Shani et Rotterdam : une élégante et légère déception

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Anton Bruckner (1824-1896). Symphonie n° 5. Orchestre philharmonique de Rotterdam, Lahav Shani, direction. 1 CD Warner Classics. Enregistré à De Doelen, Rotterdam, en août 2021. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 71:31

 
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Pour son quatrième album paru chez Warner Classics à la tête de la formation dont il est le directeur musical depuis 2018, a choisi une nouvelle symphonie de Bruckner. Avouons notre légère déception à l'écoute de la Symphonie n° 5. Etait-il trop tôt pour l'enregistrer ? Toutes les qualités musicales y sont réunies et malgré cela…

fait partie de la génération de chefs d'orchestre des plus prometteurs et avec lesquels les labels “jonglent” entre les répertoires relativement rares et des standards symphoniques incontournables, les fameuses “cinquièmes”, notamment : Bruckner, Mahler, Chostakovitch, Sibelius et Tchaïkovski. En 2019, déjà, le chef israélien démontrait d'étonnantes capacités dans son dialogue avec Martha Argerich, l'accompagnant dans Ravel et Beethoven (Avanti Classic). Cela se confirma lorsqu'il rejoint Warner où il brilla dans Bruckner (Symphonie n° 7) et plus encore Weill (Symphonie n° 2) et Chostakovitch (Symphonie n° 5). Avec cette nouveauté, il comble un certain vide “brucknérien”, du moins dans la discographie de la phalange de Rotterdam face à l'inapprochable Concertgebouw d'Amsterdam. En effet, on trouve difficilement les seuls témoignages (non-indispensables) dans cette partition, de Jeffrey Tate (2004), Ingo Metzmacher (2006) et Jaap van Zweden (2017).

L'auditeur n'est pas déçu par la prise de son, à la fois très présente, profonde et dynamique. Elle met en valeur, dans l'Adagio – Allegro molto, une conception analytique de la polyphonie, le refus de tout effet, de lourdeur ou d'agressivité. Les rythmes sont tenus avec souplesse et une franchise plaisante. La sonorité compacte et lumineuse qui offre un réel “confort” atteint ses limites lorsque le chant soutenu aux bois se fait beaucoup plus intimiste. Les baisses de tension étonnent comme si les pupitres étaient laissés devant leur responsabilité et retenaient leur souffle dans ce premier mouvement.

Ce constat se renforce dans l'Adagio avec un hautbois – celui des cantates de Bach – peu personnalisé. Le rubato des cordes est minimal et les accents rythmiques intangibles. Une certaine élégance sans mystère frustre dans un mouvement qui révèle une ascension, sinon un chemin de croix. L'idée de cette immense phrase sinueuse portée par la confession, l'expression de la douleur – une fois encore dans l'esprit des Passions de Bach – perd sa signification. Est-ce la seule conséquence de parfaire une lecture sans public ?

Sans la nécessité de cette dimension émotionnelle, le Scherzo est une parfaite réussite. Sans jamais appuyer des basses superbes, dosant les éclats sonores et une douceur à peine inquiétante, imbrique avec soin les éléments rythmiques. Un travail d'orfèvre !

Le finale reste malheureusement dans cet élan “tiré au cordeau”. Les dynamiques sont trop resserrées, ce qui a pour effet diminuer la puissance des crescendos. L'orchestre entre bien vite dans la “bataille” de la fugue, immédiatement triple forte. A nouveau, les pupitres des bois se dissocient d'une conception organique qui offre, pourtant, une lecture affûtée de la polyphonie. Tout comme dans le premier mouvement, l'auditeur se satisfait de la belle fusion des timbres et de la sûreté d'une baguette qui conduit à bon port. Le problème est que ce gigantisme symphonique n'est pas habité par le dépassement des notes, par une transcendance, celle qui éblouit à l'écoute de Jochum, Furtwängler et Celibidache.

Assurément, ce disque intéresse, mais quel sera sa place dans une discographie exceptionnellement riche quantitativement et qualitativement ?

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Anton Bruckner (1824-1896). Symphonie n° 5. Orchestre philharmonique de Rotterdam, Lahav Shani, direction. 1 CD Warner Classics. Enregistré à De Doelen, Rotterdam, en août 2021. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 71:31

 
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