En pleine mer avec Mourad Merzouki au 13e Art

Malgré quelques longueurs, Mourad Merzouki réussi à transporter les spectateurs du 13^e Art en pleine mer avec ses danseurs. Zéphyr est le premier des deux spectacles du chorégraphe qui sera visible cet été dans le théâtre de la place d'Italie à Paris.

Comment danser la mer ? C'est à cette question épineuse que s'est frotté Mourad Merzouki en répondant à une commande du Vendée Globe – célèbre course à la voile en solitaire autour du monde. Dans sa pièce Zéphyr, créée en 2021, il met dix danseurs de sa compagnie Käfig en prise avec les éléments, dans ce qui semble être un fond de cale rouillé, qui se transforme peu à peu en mer déchaînée, en radeau de fortune ou en plage où s'échouent les naufragés. Des thèmes forts évoqués tout au long de la pièce par les danseurs qui représentent l'incessant combat avec le vent, avec l'eau, avec un environnement en perpétuel mouvement pour leur survie.

Les trouvailles scénographiques de Benjamin Lebreton permettent aux spectateurs de se projeter dans cet univers hostile. Le plateau est encerclé de grands hublots, prétextes à des apparitions et disparitions répétées de danseurs ; hublots bientôt comblés par de grands ventilateurs qui sont autant d'obstacles à l'avancée des valeureux naufragés qui, dans un troisième temps se font happer puis rejeter par la mer, très joliment représentée par un jeu de grands voiles. Quelques trouvailles chorégraphiques également dans l'enlacement des corps qui évoluent ensemble pour ne pas sombrer, démontrent à l'envi que l'union fait la force. Rien ne manque à la thématique marine, pas même la sirène, séductrice et dangereuse à la fois, qui attire les marins dans son giron.

Les sept danseurs et trois danseuses au plateau enchaînent les solos, duos et autres ensembles très teintés du hip-hop cher à Merzouki qui a contribué à faire connaître ce style sur la scène internationale, en le mâtinant d'autres courants. La mécanique est bien huilée, mais malheureusement un peu répétitive. La musique d'Armand Amar qui collabore pour la quatrième fois avec Mourad Merzouki, est certes intéressante (notamment pour ses très belles parties chantées) mais évolue peu au fil du spectacle, et ne fait que renforcer ce sentiment de redite. Dès lors, la pièce d'une heure dix semble un peu trop longue, même si le jeu de voiles et l'apparition de la sirène apportent un nouveau souffle bienvenu. Le chorégraphe aurait sans doute gagné à condenser un peu son propos pour plus d'efficacité et de mise en valeur de la grande technicité déployée par les danseurs qui alternent les passages athlétiques dérivés du hip-hop et des mouvements d'une grande fluidité, souvent au ras du sol. À noter que Mourad Merzouki et sa compagnie seront à l'honneur tout l'été au 13èmeArt puisque, après Zéphyr, c'est Boxe Boxe Brasil qui sera repris une grande partie de l'été.

Crédit photographique : @ Laurent Philippe