Les anches de Sarbacanes à Maguelone : un feu d’artifice musical

La 41^e édition du festival « Musique ancienne à Maguelone » accueille l'ensemble de vents Sarbacanes dans un programme mettant à l'honneur la virtuosité des hautbois et du basson au début du XVIII^e siècle.

L'ancienne cathédrale romane de Maguelone sert d'écrin à une programmation éclectique qui mêle jeunes talents et artistes confirmés. C'est le flûtiste Sylvain Sartre qui a repris le flambeau de la direction artistique de ce festival lancé par l'association Les Muses en Dialogue. Fondé en 2016, l'ensemble Sarbacanes, mené par Gabriel Pidoux, réunit ici deux hautbois et un basson baroques accompagnés par le clavecin et le violone. Il nous propose un programme de sonates à trois ou à quatre, telles qu'elles ont pu être entendues à la foisonnante cour de Dresde dans la première moitié du XVIII^e siècle. De Vivaldi à Telemann, en passant par Fasch et Zelenka, c'est le soleil de l'Italie qui fait rayonner sa lumière sur l'Allemagne du Nord. Dans les cours princières, les hautbois rivalisent peu à peu avec les violons et donnent une couleur éclatante aux sonates à l'italienne.

Dans un sympathique dialogue avec le public, les deux hautboïstes, Gabriel Pidoux et Neven Lesage, donnent des clefs d'écoute du programme avec humour et fantaisie. Après une sonate de Vivaldi aux allegros très virtuoses, c'est la découverte d'une pièce attribuée à Arcangelo Califano où le basson, joué par l'excellent Alejandro Pérez Marin, tient un rôle de soliste qui donne à cette sonate en quatuor des allures de concerto pour basson. La virtuosité est encore à l'honneur dans la sonate de Fasch qui suit, où le basson se montre une fois de plus très véloce. Un interlude pour clavecin seul permet d'apprécier la richesse d'ornementation de Loris Barrucand dans la transcription par William Babell du célèbre air Lascia ch'io pianga de Haendel. La pièce maîtresse du programme est ensuite une sonate très développée du Tchèque Zelenka, tout en contrastes, avec un étonnant refrain à l'unisson d'influence populaire dans le premier allegro, et un superbe adagio aux accents lugubres. Là encore, le basson rivalise de virtuosité avec les hautbois, et les interprètes donnent aux lignes musicales une très belle souplesse, dans un dialogue d'une grande complicité. Le continuo, parfaitement réalisé par le clavecin et l'accompagnement au violone de Louise Bouedo, aurait mérité une plus grande présence dans l'équilibre sonore. Un programme pyrotechnique qui donne hâte d'entendre le CD à paraître prochainement.

Crédit photographique : © Bruno Garcia