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Paris. Opéra de Paris, Palais Garnier. 10-VI-2024. Così fan tutte. Musique : Wolfgang Amadeus Mozart. Livret : Lorenzo Da Ponte. Direction musicale : Pablo Heras-Casado. Mise en scène et chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker. Décors et lumières : Jan Versweyveld. Costumes : An D’Huys. Dramaturgie : Jan Vandenhouwe. Chef des chœurs : Alessandro Di Stefano. Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris. Avec : Vannina Santoni, Fiordiligi ; Angela Brower, Dorabella ; Hera Hyesang Park, Despina ; Josh Lovell, Ferrando ; Gordon Bintner, Guglielmo ; Paulo Szot, Don Alfonso et les danseurs de la compagnie Rosas : Cynthia Loemij, Samantha van Wissen, Marie Goudot, Julien Monty, Michaël Pomero, Bostjan Antoncic
Reprise à l’Opéra Garnier de la joyeuse et impertinente production de Così fan tutte imaginée en 2017 par la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker et les danseurs de Rosas, sous la baguette de Pablo Heras-Casado.
Il était logique qu’Anne Teresa De Keersmaeker, grande connaisseuse de Mozart (elle lui doit sa plus belle pièce, Mozart concert Arias) mette en scène et chorégraphie l’un des opéras bouffe les plus célèbres du compositeur, après Les Noces de Figaro et Don Giovanni. Le choix de cet opéra qui traite de la versatilité de l’amour est particulièrement adapté pour cette experte de la virevolte et du libertinage.
On retrouve l’esprit facétieux et léger de Mozart dans cet opéra du marivaudage, où chaque chanteur ou chanteuse est doublé par un danseur ou une danseuse, qui ne les suit pas comme leur ombre, mais reflète plutôt en mouvement leurs pensées, allègres, inquiètes, hésitantes ou amoureuses. Anne Teresa De Keersmaeker utilise la figure du demi-cercle ou du cercle pour des parcours lors des moments dramaturgiques plus intenses, ou lors de l’introduction et la conclusion de l’opéra, comme une façon de faire cohésion.
Dans un plateau presque vide, et entièrement peint en blanc, délimitée par quelques panneaux de plexiglas encadrés de blanc, la chorégraphie alterne entre spirale et volutes tournées vers le ciel et travail au sol, fait de roulades et d’équilibres. Anne Teresa De Keersmaeker utilise la vastitude du plateau de Garnier, faisant courir et disparaître ses personnages vers l’arrière-scène. Aucun accessoire ne trouble le regard ni n’entrave l’action. Dans une palette de costumes de mousseline et satin blanc, jaune fluo ou couleur blush, chanteuses, chanteurs, danseuses et danseurs sont à l’unisson et dans une complicité parfaite.
Les chanteuses et chanteurs sont exceptionnels : la gravité inquiète de la soprano française Vannina Santoni dans Fiordiligi, la joie primesautière et gourmande de Dorabella, par la formidable mezzo-soprano Angela Brower, la puissance révolutionnaire de Despina, incarnée par la jeune soprano sud-coréenne Hera Hyesang Park, l’assurance tranquille de Guglielmo, par le sensuel mozartien Gordon Bintner, le doute permanent de Ferrando, alias Josh Lovell qui fait ses débuts à l’Opéra de Paris, et le machiavélisme de Paulo Szot, dans le rôle de Don Alfonso, seul revenant de la distribution de 2017.
Le choix d’interprètes expérimentés pour ces rôles donne de la crédibilité au dispositif. Samantha van Wissen a autant de présence quand elle danse qu’Angela Brower quand elle chante, idem pour Cynthia Loemij et Vannina Santoni. Plus difficile pour Marie Goudot, la danseuse qui double Despina, la chanteuse sud-coréenne Hera Hyesang Park étant si tonique et gracieuse.
La grande force de cette mise en scène de Così fan tutte est de ne jamais masquer les voix et de laisser la plus grande place possible au chant et à la musique. Par exemple, pour l’un des airs de Fiordiligi, alias Vannina Santoni, qui chante à l’avant-scène, Cynthia Loemij danse seule en fond de scène. C’est le chant pur qui peut se déployer avec naturel, grâce à des chanteurs qui ne sont jamais empêchés. Une grande élégance qui valorise la musique.
Crédits photographiques : © Benoîte Fanton
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Paris. Opéra de Paris, Palais Garnier. 10-VI-2024. Così fan tutte. Musique : Wolfgang Amadeus Mozart. Livret : Lorenzo Da Ponte. Direction musicale : Pablo Heras-Casado. Mise en scène et chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker. Décors et lumières : Jan Versweyveld. Costumes : An D’Huys. Dramaturgie : Jan Vandenhouwe. Chef des chœurs : Alessandro Di Stefano. Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris. Avec : Vannina Santoni, Fiordiligi ; Angela Brower, Dorabella ; Hera Hyesang Park, Despina ; Josh Lovell, Ferrando ; Gordon Bintner, Guglielmo ; Paulo Szot, Don Alfonso et les danseurs de la compagnie Rosas : Cynthia Loemij, Samantha van Wissen, Marie Goudot, Julien Monty, Michaël Pomero, Bostjan Antoncic