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Sparklight selon Célia Oneto Bensaid et Debora Waldman

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Marie Jaell (1846-1925) : Concerto pour piano n°1 en ré mineur. Franz Liszt (1811-1886) : Concerto pour piano n°1 en mi bémol majeur ; Mephisto Waltz n°3, S. 216. Célia Oneto Bensaid, piano ; Orchestre National Avignon-Provence, direction : Debora Waldman. 1 CD NomadMusic . Enregistré à Avignon en 2023. Notice de présentation en français et en anglais. Durée : 63:13

 

La pianiste poursuit son immersion dans l'univers de après le remarqué disque Ce qu'on entend dans l'enfer ; Ce qu'on entend dans le purgatoire ; Ce qu'on entend dans le paradis. Dans « Sparklight », elle est aux côtés de à la tête de l'Orchestre national d'Avignon-Provence et se penche sur les correspondances existantes dans la musique de Jaëll et , liés par une rare complicité au cours de leur vie.

L'Histoire a souvent oublié un bon nombre de compositrices majeures, mais depuis quelques années, elles font leur retour grâce à l'initiative personnelle d'interprètes qui n'hésitent pas à défendre ce répertoire avec ferveur. Concertiste et compositrice reconnue dès la fin du XIXᵉ, était adoubée par ses pairs (dont Saint- Saëns et Fauré). Louée pour ses compositions très virtuoses et ses intégrales en récital, Jaëll avait pour habitude de programmer son second concerto suivi du premier concerto de Liszt. Elle en donna d'ailleurs l'intégrale en six concerts entre 1891 et 1892.

L'écriture du Concerto n° 1 de , aussi élaborée que personnelle, n'a rien à envier à celle de ses contemporains. Ces pages brillent d'une puissance mélodique dont la beauté se révèle immédiatement. La pianiste aborde la partition avec un jeu plein, tantôt autoritaire tantôt délicat, qui se renouvelle à chaque nouvelle proposition harmonique. L'entente avec l'orchestre est ici idéale : la direction équilibrée de veille à créer un dialogue permanent. La virtuosité est une composante majeure sans être présentée de manière ostentatoire. Le premier mouvement séduit par son caractère solennel mais aussi sa teinte dramatique. Des phrasées amples et aérés soutiennent la ligne architecturale, mettant en lumière une variété de thèmes qui relance le propos. L'Adagio et ses nuances épidermiques nous touche par sa poésie nostalgique dont les accents germaniques nous entraînent dans les grands espaces du Nord. Une influence qui rappelle les origines alsaciennes de Jaëll d'abord formée au conservatoire de Stuttgart avant d'intégrer celui de Paris. Orchestre et soliste sont au diapason dans un Final de haute voltige qui ne manque ni de panache ni de tenue.

Le choix d'une des Mephisto Valse les plus obscures s'avère fort à propos d'autant que cette pièce est dédicacée à Marie Jaëll. Elle est restée dans l'ombre de la première, la préférée des pianistes. Pourtant, son essence reste typiquement Lisztienne avec son sujet Méphistolien, ses plages mystérieuses de couleur sombre, en contraste avec la déferlante de traits virtuoses.

Le couplage de ce répertoire avec le Concerto en mi bémol majeur de Liszt est une réussite car les échanges entre la pianiste et les musiciens se poursuivent avec bonheur. Ils impriment fougue et ‎vitalité au texte, conversent avec fluidité, sans tomber dans les écueils d'une interprétation qui resterait en surface. Les différents pupitres répondent aux intentions de la soliste avec des dynamiques franches et nuancées. Une retenue dans le tempo – des ralentis marqués – creusent avec introspection les parties lyriques. Le dernier mouvement ne manque pas de mettre en lumière une couleur héroïque aussi exaltée que libératrice.

Même si les références sont légion pour le concerto de Liszt, ce disque mérite une écoute attentive. Le répertoire oublié qu'il présente par ailleurs constitue une découverte à part entière et possède tous les arguments pour devenir un incontournable dans la discographie.

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