Le surgissement d’Ayelen Parolin dans ZONDER clôture June Events

La chorégraphe argentine Ayelen Parolin poursuit son travail sur l'absurde avec ZONDER, un trio tonique et ahuri, présenté en clôture du festival June Events.

Chorégraphe et danseuse, Ayelen Parolin vit et travaille à Bruxelles. Née en Argentine, elle arrive en Europe en 2000 et suit la formation exerce à Montpellier. Elle débute ensuite une carrière d'interprète qui l'amène à collaborer avec de nombreux chorégraphes, puis de chorégraphe, notamment en Belgique où elle s'installe en 2016, enchainant les résidences et les compagnonnages. On l'a vue ces dernières années en France avec WEG, pièce pour neuf interprètes, et dernièrement à Chaillot avec le trio SIMPLE. Elle est enfin régulièrement invitée à chorégraphier pour des compagnies internationales, comme la Compagnie nationale coréenne de danse contemporaine, le Ballet national de Marseille, Carte Blanche – la compagnie nationale norvégienne de danse contemporaine ou, très récemment, le CCN – Ballet de Lorraine.

Dans ZONDER, également un trio, les corps sont comme mus malgré eux par des mouvements réflexes, formant une sorte de palimpseste des chorégraphies enfouies dans le corps des danseurs. Pris dans une frénésie nerveuse, les trois danseurs hallucinés enchaînent ce qui semble être une chorégraphie fragmentaire où l'on devine des petits sauts cavaliers, des coups de pieds sportifs et de nombreuses citations de chorégraphies classiques ou contemporaines. Parmi le corpus chorégraphique utilisé par les trois excellents interprètes figurent en effet la danse académique, folklorique (Schuhplattler), le pop/disco et le contemporain. Au fil de cette première partie du spectacle, les interprètes de plus en plus lunaires fredonnent le Beau Danube bleu de Strauss, et semblent marquer les mouvements au rythme de la valse, qu'ils comptent en allemand !

Dans une deuxième partie complètement baroque, les danseurs reviennent en costumes d'opérette décalés, tandis que le décor est littéralement explosé à la masse, à la scie ou à la tronçonneuse. Valse de Vienne oblige, on pense à une critique de l'empire austro-hongrois décadent, qui passe par l'usage du kitsch et du trash et culmine dans une apocalypse joyeuse absolument décalée. Alors que le spectacle qui devait initialement être nommé « Sans titre » cultive l'art de la suspension en s'appelant ZONDER (sans, en néerlandais), c'est un vrai spectacle punk, qui n'a pas froid aux yeux !

Crédit photographiques : © Vince VDH, Stanislav Dobak