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A Toulouse, un Passe ton Bach d’abord foisonnant

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Toulouse. 2-VI-2024. Festival Passe ton Bach d’abord
Auditorium Saint-Pierre des Cuisines. 11h. Ensemble Berezko : Luc Fagoagga, voix et bombo ; Mélanie Fossier, voix et harmonium.

Hôtel Dieu, 12h : Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Motet Singet dem Herrn ein neues Lied BWV 225 ; Motet Komm, Jesu, Komm BWV 229. Marie Madeleine Mille, violoncelle. Ershad Vaeztehrani, contrebasse. Laurent Lechenadec, basson. Lucille Chartrain, Orgue. Chœur de l’ensemble baroque de Toulouse, direction : Michel Brun.

Hôtel Dieu, 14h : Bach’Africa. Caroline Champy-Tursun, mezzo-soprano. Fanta Sayon Sissoko, chant traditionnel africain. Ensemble baroque de Toulouse, direction : Claire Suhubiette.

Cave Poésie, 15h : Donne-moi quelque chose qui ne meurt pas. Sur des textes de Christian Bobin. Guillaume Viala, vibraphone et clavier. Aladin Chaboche, guitare. Sabrina Ahmed, voix et lecture.

Auditorium Saint-Pierre des Cuisine, 16h : Somesax et Grégory Daltin. Compositions et arrangements de David Pautric. Grégory Daltin, accordéon. Alexandre Galinié, saxophone alto. David Haudrechy ; saxophone soprano. Gaël Pautric, saxophone baryton. David Pautric, saxophone ténor.

Metronum, 18h30 : Bach l’Espagnol. Serge Lopez, guitare flamenca. David Haudrechy, saxophone. Grégory Daltin, accordéon. Ensemble Baroque de Toulouse, direction : Michel Brun

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Avec l', un parcours festivalier bien rempli autour de , axé cette année sur la voix et les instruments à vent.

Il y a quelques années encore, le Festival Passe ton Bach d'abord permettait à chaque festivalier de se promener aux quatre coins de Toulouse en profitant, selon ses envies et son humeur, des « pastilles » musicales d'une trentaine de minutes implantées au sein du patrimoine toulousain. Le format reste le même, mais pour cette année 2024, il était fortement conseillé au promeneur du jour de préparer son parcours en avance au regard du nombre de concerts affichés complets. 

C'est avec comme fil conducteur l'intégrale des six motets, que l' souhaitait donner « un nouveau souffle » à cette nouvelle édition, soit une programmation autour de la voix et des instruments à vent. Même si l'éclectisme des propositions entre artistes classiques, traditionnels et de musiques actuelles, permet de découvrir une offre variée et assurément sortie des sentiers battus, on peut se demander parfois si la place du Cantor est suffisante, à l'image du concert de clôture où Bach devient espagnol.

Bach Basque

Même si l'Auditorium Saint-Pierre des Cuisines est surdimensionné pour les deux artistes de l'ensemble Berezko (« dans la nature des choses » en basque), Luc Fagoagga et Mélanie Fossier sont d'une sensibilité touchante en fusionnant la musique traditionnelle orale et la musique savante écrite du compositeur allemand. Sans perdre l'essence de ce duo vocal, les compositions proposées ont été élaborées spécialement pour le festival. La première pièce se base donc sur une cellule de la Suite en do mineur BWV 977 et mêle avec harmonie le chant basque et un poème de Baudelaire. De même, à partir d'une fugue Ricercare, les chanteurs interprètent en français des extraits du journal intime du Cantor de Leipzig. La Musette du livre d'Anna Magdalena Bach propose enfin des altérations insérées de la musique traditionnelle orale. L'inventivité du duo est heureuse, pleinement inscrite dans la démarche du festival.

Bach Bach

Pour entendre l'intégrale des six motets, quatre petits concerts sont proposés aux fidèles durant deux jours. Celui du dimanche à midi condense la rigueur et l'exigence d'écriture de Bach, avec de nombreux contrepoints pour double chœur, fréquemment à huit voix. L'intime intensité du Motet Singet dem Herrn ein neues Lied BWV 225, qui transcrit la force du texte par la musique, s'oppose à l'atmosphère festive du Motet Komm, Jesu, Komm BWV 229 qui complète cette programmation. La sonorité chorale chaleureuse du Chœur de l' affirme une belle rondeur et une lisibilité de la polyphonie constamment au service du texte. Cette approche contrastée de ces quarante minutes de musique n'affaiblit aucunement l'unité de la pensée spirituelle et musicale de ces deux pièces.

Bach Africa

C'est aux larmes que les deux chanteuses et un bon nombre de musiciens de l'Ensemble baroque de Toulouse déploient avec fierté ce métissage entre musique savante européenne et musique traditionnelle africaine. Ce concert permet aussi aux aficionados du festival de retrouver la nostalgie de l'édition 2022 qui s'appuyait sur la rencontre de ces deux mondes. Avec la présence de la chanteuse Fanta Sayon Sissoko, spécialisée dans la musique traditionnelle africaine, c'est avant tout la superposition de ces chants traditionnels avec la Cantate « Feue dich, erlöste Schar » BWV 30 et l'air de la Cantate « Gott soll allein mein Herze haben » BWV 169 qui est interprétée, la fusion s'opérant grâce à la sensibilité des deux interprètes vocales, et particulièrement avec la mezzo-soprano Caroline Champy-Tursun très impliquée. Le chemin inverse se fait également avec une composition de Fanta Sayon Sissoko rendant hommage aux femmes, et cette fois-ci orchestrée par , à la direction de ce concert.

Bach Poésie

Sur des textes de Christian Bobin portant de douces réflexions poétiques sur la mélancolie (figurée par une éclipse), la solitude, l'abyme entre le sentiment et l'amour, etc. La musique de Bach se diffuse au son du vibraphone de Guillaume Viala tel un accompagnement. Parce que même si « le gros » composait une musique dépourvue de regret, de chagrin, de mélancolie mais où seules les mathématiques de notes se déployaient, « Bach faisait de la musique un palais pour l'âme » : tout se ressent et se répète merveilleusement, affirme avec justesse Sabrina Ahmed qui déclame ce texte. Cette ambiance onirique également portée par la guitare électrique d'Aladin Chaboche traduit avec pertinence cette vision de la musique du Cantor.

Bach Jazz

La qualité du quartet de saxophones Somesax, appuyé pour ce festival par l'accordéoniste Grégory Daltin, est évidente dès les premières notes de la composition de David Pautric au saxophone ténor, basée sur une fugue tout droit sortie du jazz de Brooklyn. Les musiciens interprètent avec une fougue communicative des arrangements de jazz du Choral du veilleur BWV 645 ou de la Cantate « Jauchzet Gott in allen Landen » BWV 51 mixée avec un Choral de Carla Bley, ou encore la transcription d'une Suite pour le saxophone alto d'Alexandre Galinié et le saxophone baryton de Gaël Pautric, la musique de Bach n'ayant jamais autant swingué qu'avec ce quatuor de saxophones.

Bach ?

La Cantate « Mer hahn en neue Oberkeet » BWV 212 interprétée pieds nus ou en chaussettes par les musiciens de l'Ensemble baroque de Toulouse debout, arrive de façon inattendue après les improvisations explosives des invités du soir sur le thème des Folias (Les Folies d'Espagne) auquel Bach lui-même a cédé, sans toutefois bouger de son Allemagne natale. Entre la guitare flamenca de Serge Lopez qui ouvre la soirée, les percussions riches de Florent Tisseyre (merveilleux solo !), le saxophone de David Haudrechy et l'accordéon de Grégory Daltin (quelle fougue pour ces deux compères !), on ne sait plus vraiment si Bach est toujours de la partie même si la qualité de la musique est manifeste. Le lien avec le Festival de musiques actuelles Rio Loco (à venir) est mené tambour battant, tout comme celui avec la programmation musicale du Metronum qui accueille ce concert, au point de mettre au second plan un Festival Passe ton Bach d'abord toujours aussi foisonnant et singulier. Dommage que l'équilibre n'est pas été mieux mené pour cette clôture.

Crédits photographiques : © Monique Boutolleau

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Auditorium Saint-Pierre des Cuisines. 11h. Ensemble Berezko : Luc Fagoagga, voix et bombo ; Mélanie Fossier, voix et harmonium.

Hôtel Dieu, 12h : Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Motet Singet dem Herrn ein neues Lied BWV 225 ; Motet Komm, Jesu, Komm BWV 229. Marie Madeleine Mille, violoncelle. Ershad Vaeztehrani, contrebasse. Laurent Lechenadec, basson. Lucille Chartrain, Orgue. Chœur de l’ensemble baroque de Toulouse, direction : Michel Brun.

Hôtel Dieu, 14h : Bach’Africa. Caroline Champy-Tursun, mezzo-soprano. Fanta Sayon Sissoko, chant traditionnel africain. Ensemble baroque de Toulouse, direction : Claire Suhubiette.

Cave Poésie, 15h : Donne-moi quelque chose qui ne meurt pas. Sur des textes de Christian Bobin. Guillaume Viala, vibraphone et clavier. Aladin Chaboche, guitare. Sabrina Ahmed, voix et lecture.

Auditorium Saint-Pierre des Cuisine, 16h : Somesax et Grégory Daltin. Compositions et arrangements de David Pautric. Grégory Daltin, accordéon. Alexandre Galinié, saxophone alto. David Haudrechy ; saxophone soprano. Gaël Pautric, saxophone baryton. David Pautric, saxophone ténor.

Metronum, 18h30 : Bach l’Espagnol. Serge Lopez, guitare flamenca. David Haudrechy, saxophone. Grégory Daltin, accordéon. Ensemble Baroque de Toulouse, direction : Michel Brun

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